Après l'Algérienne Assia Djebar en 2000, c'est à nouveau un écrivain algérien qui recevra le prestigieux Prix de la paix des libraires allemands, doté de 25 000 euros, a déclaré eudi dernier, l'Organisation des libraires allemands. En récompensant cet intellectuel qui « critique ouvertement la situation politique et sociale » en Algérie, l'Organisation des libraires allemands entend apporter son soutien au mouvement pour la démocratie en Afrique du Nord, a déclaré son président, Gottfried Honnefelder, à Berlin. Dans une première réaction après sa nomination, Boualem Sansal a déclaré : « Je n'y croyais pas. J'ai cru que c'était une blague ». Dans une interview à Boersenblatt.de, la revue de l'Organisation des libraires allemands, Sansal a dédié son prix aux révolutions dans les pays arabes. « Le prix arrive à point nommé. Les gens dans les pays arabes luttent pour la liberté – et la paix est pour eux la liberté. » Boualem Sansal est né en 1949 à Alger. Il a fait des études d'ingénieur en Algérie et en France et obtenu un doctorat d'économie. Son premier roman publié en 1999, Serment des barbares, dépeint la difficile réalité algérienne. Aujourd'hui âgé de 61 ans, l'écrivain est connu pour son engagement politique et citoyen. La Shoah racontée au public arabe Sansal compte parmi les rares écrivains algériens connus et censurés qui ont choisi de rester vivre et travailler en Algérie. Après avoir été haut fonctionnaire au ministère de l'Industrie, il a été licencié en 2003 à cause de ses critiques contre le pouvoir en place. Après la sortie de son livre « Poste restante », il a été menacé et insulté. Dans son roman « Le Village de l'Allemand », il raconte la Shoah au public arabe, basé sur l'histoire réelle d'un Allemand devenu héros de la révolution algérienne et assassiné par les islamistes du GIA. Publié en 2008, ce livre a été également censuré en Algérie. Selon ses propres dires, son leitmotiv restera : « Je fais de la littérature, pas la guerre ». Le Prix de la paix des libraires allemands lui sera remis le 16 octobre 2011 à la Foire du livre de Francfort.