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Que de rouge !
Exposition de l'UAPT - Inspirations de la Révolution
Publié dans Le Temps le 16 - 06 - 2011

La grande famille des artistes plasticiens tunisiens célèbre la Révolution à l'occasion de l'exposition annuelle de leur Union au musée de la ville de Tunis-palais Kheireddine depuis le 8 juin et ce jusqu'au 22 du même mois. Intitulée «Inspirations de la Révolution», l'exposition réunit 260 oeuvres : peintures, sculptures, céramiques, tissages, photographies, installations.
Plusieurs nouvelles signatures exposent leurs points de vue sur le plus grand événement historique de l'année 2011 : la révolution tunisienne. Chaque artiste y va de son pinceau ou de son outil pour exprimer au mieux son état d'âme.
Une exposition d'une telle envergure nécessite plus d'une lecture voire plus d'un article tant elle est foisonnante. Mais le choix s'impose. Notre choix ne concerne pas obligatoirement les œuvres les plus abouties. Nous nous sommes penchés pour celles qui ont abordé de manière frontale le thème de la révolution.
Certaines œuvres sont dans la suggestion, alors que d'autres dans le réalisme au premier degré. Chaque artiste sa vision et sa sensibilité. Ce qui frappe au premier abord, la couleur rouge sang, celle du drapeau tunisien qu'on retrouve dans de nombreuses compositions. La précipitation a présidé à la réalisation de ces œuvres qui se caractérisent par l'engagement de leurs auteurs à une Révolution qui est venue comme un cadeau du ciel. Les jeunes artistes se sont investis pleinement en proposant une peinture à l'état brut qui participe à la fois à la création du mythe et de l'ancrage dans la réalité.
Rym Ben Jemaâ, qui a intitulé son œuvre «Tunisie liberté», a incrusté une plume de colombe du drapeau tunisien signifiant de la sorte la liberté retrouvée. Sur fond de drapeau tunisien, Moncef Souabni peint des visages d'hommes et de femmes terrifiés à travers des barbelés criant leur souffrance et leur douleur. « La Révolution » version Ben Nizar Jemaâ représente des individus manipulés comme des marionnettes par la main d'un personnage occulte qui domine le tableau. En son centre apparaît le drapeau tunisien.
« La Tour de la Liberté », qui n'en rêve pas. Hichem Hefiène a réalisé une belle maquette de cette tour blanche au centre de plusieurs bâtiments. Un projet intéressant qui mérite étude. Le figuratif est en force dans cette exposition. « Inspiration de la liberté » de Khalil Jemaâ représente le portrait d'un jeune dont l'épaule est recouverte du drapeau tunisien. Aucune émotion n'émane du visage étrange du protagoniste. Est-il heureux, fier ou désespéré ? On ne le sait que dalle.
Mohsen Aouadhi a carrément lié la Révolution à Mohamed Bouazizi. Les bras ouverts, il surplombe le tableau et les autres personnages qui s'y trouvent. Le drapeau tunisien est au centre comme le nombril du monde. Sarra Ben Hassine a choisi la dérision « La Révolution en mode de rage » est constitué de plusieurs quilles désordonnées avec l'effigie du président déchu et le drapeau tunisien revient comme un leitmotiv en bas à gauche du tableau. Un texte en français accompagne l'illustration.
La toile est écrabouillée de peinture rouge. Le rouge du sang des martyrs de la Révolution. C'est sur le mode abstrait qu'Amel Zaim s'est exprimée sur le sujet. Son « Martyr » est une giclée d'hémoglobine pour un hommage à ceux qui ont perdu la vie pour la liberté. Avec des débris de pots cassés crachés par la mer, Raouf Gara, fidèle à sa démarche, façonne « Le dictateur », debout le bras levé mais la tête brisée. Sculpture d'un dictateur sans âme et sans passion.
Mohamed Zouari nous livre un triptyque « Le rêve de l'impasse ». Des masques argileux ou des visages humains écrasés par les empreintes d'un pied. Effroyable comme un cauchemar. Ils sont rangés dans un ordre précis comme des momies anciennes réveillées de leur torpeur. Imène Chetrane n'y va pas par quatre chemins. Son « Poisson » carnassier la bouche ouverte attend de dévorer sa rapace une pomme rouge suspendue au bout du film. Une sculpture qui traduit intelligemment la rapacité du pouvoir mais aussi certaines relations humaines. Une autre belle sculpture suspendue au mur de la galerie signée Ali Nacef Trabelsi. Une calligraphie en lettre d'or d'un vers de l'illustre poème de Belgacem Chebbi « Si un jour le peuple… » Juste un vers pour résumer la victoire d'un peuple qui a surmonté les obstacles pour gagner sa dignité.
Le tableau de Mohamed Yacoubi aurait pu s'intituler la vie en noir au lieu de « Fils noirs ». Voici une œuvre sans originale qui se distingue de toutes les autres. Ce n'est ni une peinture, ni une sculpture encore moins une photographie. Du tissu noir avec des ouvertures qui laissent transparaître le blanc du mur puis des rajouts de fils. Un point de rencontre entre la métaphysique et l'esthétique, l'être et le paraître. Tout un programme pour cette œuvre où l'absence de couleur lui donne tout son sens.
« Je t'aime Tunisie » de Zeinab Ben Abdallah est une belle femme de rouge vêtue assise de profil tendant la main à une colombe. Elle illustre l'espoir et la délivrance et redonne de la gaieté dans un espace dominé par des idées noires. Mi-abstrait et mi-figuratif, la toile de Ali Fakhet «Hermana, le rêve du désespoir » est à l'opposé de celle de Zeinab Ben Abdallah. Il s'agit du portrait d'un homme qui crie sa rage face au monde. Les touches de couleurs pastel s'effacent derrière l'expression du personnage. Face à cette œuvre « toi aussi à dieu » de Slah Ezzedine est une gravure en relief qui dresse le portrait sans concession d'un homme aux allures de guerrier.
L'installation est présente par une baignoire peinte en rouge et intitulée « Bain de sang ».Béchir Bacha a choisi la simplicité et l'ironie pour traiter de la Révolution. C'est assez amusant et réussi. Pour sa part, Abdelfatah Jalouli voit rouge. Son tableau « Rouge ma liberté », de format rectangulaire est bourré de formules sur la liberté à l'image des tags dans la rue. Imène Skhiri a créé un dyptique : « Liberté et paix en Tunisie » où se mêle de manière très symbolique l'arbre de la liberté soutenu par une main et le visage coloré d'une femme.
La cerise sur le gâteau est le grand tableau de Leila Allagui « Le henné au pied et la chance devant ». Un charivari de couleurs et une ripaille de fruits et friandises et tunisiennes ornent la toile et la galerie baignée jusque là du sang des martyrs.
Cette exposition annuelle de l'UPAT est une excellente démonstration de ce qui se fait de mieux sur la scène artistique en Tunisie. Tout se côtoie comme dans une foire.


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