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« Rien ne sera plus comme avant »
Université
Publié dans Le Temps le 06 - 08 - 2011

* Démocratisation des structures universitaires, reconsidération « scientifique » du LMD, prévalence du système électoral libre : les principales orientations
Interview exhaustive de Hussein Boujarra, secrétaire général de la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS)
L'Université tunisienne a été marquée depuis la deuxième quinzaine du mois de juillet par un ensemble d'événements : tenue du 2ème congrès de la FGESRS et composition de son nouveau bureau exécutif, élections des directeurs de départements, des membres des Conseils scientifiques et surtout des présidents des Universités...
C'est dans une ambiance démocratique que ces actions se sont déroulées. Elles ont été saluées par la quasi-totalité des universitaires, surtout ceux qui ont longtemps milité pour la démocratisation de l'Université afin qu'elle puisse sortir du gouffre de manipulations menées par l'ancien régime. Il s'agit d'ailleurs, de l'un des points soulevés par Hussein Boujarra, nouveau secrétaire général de la FGESRS. Le secrétaire général évoque dans cette interview exclusive des pratiques de l'ex-régime pour marginaliser l'Université tunisienne et lui confisquer sa principale vocation : la promotion du savoir. Il énumère aussi le programme de travail de la fédération avec le ministère de tutelle, dont la formation de commissions mixtes pour réviser les statuts des enseignants, les augmentations équitables, et le respect de règlementations régissant la vie universitaire. M. Boujarra parle aussi de la situation générale du pays et du pluralisme syndical ainsi que du rôle et la représentativité des universitaires dans l'UGTT qui fait l'objet d'un débat. Interview.
*Le Temps
La Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRC) a tenu le 16 juillet son 2ème congrès unificateur. Plusieurs questions d'actualité ont été à l'ordre du jour.
-Hussein Boujarra
La situation générale dans le pays, exceptionnelle à tous les niveaux, a occupé le devant de la scène lors du congrès de la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique tenu le 16 juillet à Hammamet. Le sujet a suscité l'intérêt des congressistes beaucoup plus même que les dossiers qui touchent le secteur de près. Cela s'explique comme je l'ai déjà mentionné par la situation et la phase exceptionnelles par lesquelles passe la Tunisie. Le congrès a eu lieu par ailleurs, à la veille de la réunion de la Commission Administrative Nationale tenue les 18 et 19 juillet et qui a traité de son côté, des questions d'ordre général plus que spécifique. La commission a appelé tous les secteurs à prêter plus d'attention à la situation générale et au paysage politique qui intéresse aussi bien les salariés que toutes les composantes de la société tunisienne.
De façon générale, les congressistes ont insisté lors du débat sur un point focal, voire central: L'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) est la seule organisation qui représente la masse des syndicalistes, surtout que la FGESRS est sortie d'une crise ficelée à l'époque de l'ex-ministre Lazhar Bououni contestant sa création. Partant de ce fait, les congressistes ont insisté sur l'importance à considérer l'UGTT en tant que seul représentant des universitaires syndicalistes, dans un contexte où d'autres structures syndicales sont formées et occupent des positions en Tunisie. Le même sujet a été aussi exposé lors de la réunion de la Commission Administrative Nationale, où les syndicalistes ont examiné la question et ont rappelé leur attachement indéfectible au principe démocratique de pluralisme politique et syndical, mais aussi au principe de l'unité des travailleurs dans un seul cadre syndical, forgé dans le cadre de la lutte nationale contre le colonialisme, et de celle qui a été menée des décennies durant pour une UGTT totalement autonome vis-à-vis de l'Etat post-indépendance et du parti au pouvoir. Unité qui a fait ses preuves et qui a été au service des intérêts du monde du travail, alors que la désunion ne fait qu'affaiblir les positions du syndicat face au patronat, surtout quand il s'agit d'un pluralisme douteux et usant de la surenchère pour grossir ses rangs ( rappelons-nous ce qui s'est passé dans l'enseignement secondaire à la suite des réformes démocratiques menées conjointement par le ministère et le syndicat, relatives à l'assainissement du recrutement des proviseurs et des censeurs: tous les mécontents parmi ces proviseurs qui s'accrochent désespérément à leurs privilèges ont été accueillis à bras ouverts par l'un de ces nouveaux syndicats.. Est-ce ça le pluralisme syndical!?) .
*Vous n'êtes donc pas pour le pluralisme syndical sachant que plusieurs universitaires sont pour la révision de la représentativité du corps enseignant au sein de l'UGTT ?
-Je veux tout d'abord rappeler la spécificité de l'UGTT. Historiquement, elle a été la seule organisation à défendre les employés toutes spécialités confondues, à l'exception de quelques phases où l'expérience du pluralisme a échoué. Ensuite, il y a un principe démocratique que, nous syndicalistes, ne pouvons pas contester. Nous considérons que la pluralité politique existe et qu'il peut y avoir une pluralité syndicale. Mais la réalité en Tunisie prouve que le pluralisme vécu est d'une nature plutôt négative et nocive. Partant de ce fait, nous avons plusieurs reproches ou critiques à émettre par rapport à ce qui se passe actuellement. Cela n'empêche que nous considérons que le pluralisme syndical pourrait avoir lieu si jamais il parvient à éviter ces aspects négatifs et à ne pas mener les travailleurs dans des scenarii négatifs.
Les universitaires ont alors un défi à relever dans l'avenir, c'est d'essayer de résoudre leurs différends toujours au sein de la structure syndicale, tout en ayant recours aux mécanismes démocratiques qui pourraient d'ailleurs être consolidés.
Toujours dans le cadre du rôle qu'a joué l'UGTT soit avant ou après le 14 janvier, nombreux sont ceux qui ont valorisé l'implication de la centrale syndicale dans la démarche révolutionnaire et ses positions par rapport à plusieurs questions, surtout celles concernant la protection des objectifs de la Révolution. Le consensus entre les différentes parties fait également, l'objet d'unanimité. Cela permet de protéger le pays contre le risque de tomber dans des aventures aux conséquences imprévisibles. D'ailleurs, parmi les recommandations formulées à l'issue de la réunion de la commission administrative nationale c'est de maîtriser les prix et de prendre des mesures audacieuses afin de redonner confiance au peuple tunisien dans cet effort national visant à mener le pays vers la démocratie...
Dans ce cadre, les syndicalistes universitaires ont joué pleinement leur rôle avec les autres syndicalistes dans la révolution avant le 14 janvier, qui tous ont rallié les locaux des unions régionales où le mouvement de soutien à la dynamique révolutionnaire s'est cristallisé…De même après le 14, où les universitaires syndicalistes ont été dans toutes les batailles, et là permettez moi de saluer notre camarade Souad MOUSSA et de lui souhaiter prompt rétablissement qui à Sousse a brillé par son enthousiasme et son activité débordante notamment en tant que juriste et démocrate voulant mettre son savoir au service des citoyens de Sousse et des différentes localités et bourgades du pays par le biais d'innombrables conférences et débats relatifs aux enjeux électoraux et politiques..
*Vous avez déclaré que les universitaires seront toujours sous la houlette de l'UGTT. Cela ne risquerait-il pas de créer une divergence au niveau du corps des enseignants ?
-Il faut dire que plusieurs exemples ont démontré l'échec de cette expérience, notamment celle des ingénieurs. Regroupés dans un conseil d'ordre, ils ont manifesté après le 14 janvier leur volonté de réintégrer l'UGTT. Les universitaires ont toujours réussi à résoudre leurs divergences dans le cadre du respect tout en appliquant la démocratie, que ce soit au sein de l'UGTT ou dans la FGESRS. Pour preuve, les tentatives faites à l'époque de l'ancien régime, pour dissocier les universitaires ont échoué. Je considère qu'il faut résoudre tous les problèmes au sein de la structure syndicale de l'UGTT d'autant plus que son congrès se tiendra en décembre. Ca sera une occasion pour démocratiser davantage notre organisation et pour débattre de tous les points qui interpellent aussi bien les enseignants que les autres adhérents. Pour nous, le salut est bien là. Cependant nous respectons toute décision des universitaires qui voient le contraire, tout en faisant de notre mieux pour convaincre nos collègues du bien fondé du principe d'unité, surtout quand il est conjugué à celui de démocratie interne.
*Le congrès de l'UGTT se tiendra en décembre. Comment envisagez-vous la participation des universitaires ?
-Je voudrais attirer l'attention sur un point : la présence des universitaires au sein de l'UGTT en tant que masse quantitative n'a jamais été un critère pour mesurer l'importance du corps dans cette organisation. Il ne faut pas se limiter au nombre pour mesurer l'importance d'un secteur ou d'un autre. Il est vrai que ce facteur joue un rôle lors des élections, cependant il est essentiel de ne pas négliger d'autres facteurs d'ordre qualitatif, ce qui permet aux universitaires d'occuper une position importante dans l'organisation syndicale. D'ailleurs, la représentativité de tous les secteurs doit être révisée de manière équitable. Des propositions pourraient être présentées dans ce sens.
*Nul ne peut nier que la FGESRS est engagée dans le processus syndical de façon générale. Elle a également d'autres causes à défendre. Quelles seront ainsi vos priorités par rapport aux enseignants et au secteur ?
-La FGESRS est concernée par tout ce qui se passe au niveau de l'UGTT. Toutefois nous avons des priorités et des questions à défendre qui touchent le secteur de près et les universitaires d'une façon générale. Nous accordons une attention particulière aux réformes nécessaires qu'il faut introduire au niveau de l'Université tunisienne et surtout la participation à la prise de décision. D'autant plus que les ex-responsables et ministres du dictateur déchu et plus particulièrement Lazhar Bououni, prétendaient appliquer les principes démocratiques dans la gestion et l'administration universitaires alors que ce n'était qu'un simulacre, comme c'était le cas pour le pays dans son ensemble. A titre d'exemple, les universitaires (directeurs de départements, membres des conseils scientifiques…) ont demandé de patienter avant de réformer l'enseignement supérieur et introduire le système LMD. Ils ont aussi appelé à un débat national, mais vainement. La majorité était contre les mesures prises à la hâte et qui avaient pour objectif d'exclure le principe démocratique dans la gestion des structures appelées à piloter cette expérience, et qui s'inscrit dans le projet européen qui d'ailleurs a été calqué, hormis ce point ! D'ailleurs, parmi les principales revendications que nous demandons toujours, c'est de procéder à une évaluation critique, crédible et professionnelle du système LMD, lancé dans quelques établissements depuis plus de quatre ans.
*Cela veut dire que le système LMD n'a pas été évalué convenablement.
-Auparavant, les évaluations ont été effectuées sous le patronat d'enseignants qui étaient sous la houlette de l'ex-régime et du RCD., et qui ne savaient qu'applaudir.. Je me rappelle encore de l'une de ces pseudo évaluations, ou on nous a discrètement énuméré les points à ne pas toucher, et qui comme par hasard constituaient le point de mire de toute critique formulée par les structures syndicales et pédagogiques (Départements, conseils scientifiques, conseils des universités et commissions sectorielles par spécialité..).. Un simulacre, et médiocre en plus… D'ailleurs, les universitaires ont toujours été contre la méthode appliquée dans le domaine. La dernière, appliquée lors du règne de Bououni, est celle relative à la professionnalisation de l'enseignement supérieur. Nous étions contre ce processus qui vise à transformer la principale vocation de l'Université tunisienne. L'enseignement fondamental selon nos décideurs de l'époque ne devait représenter que moins du tiers de la formation contre plus que 2/3 au profit de la professionnalisation.
*Comment comptez-vous œuvrer pour défendre ces deux points fondamentaux ?
-Je tiens à dire que nous ne refusons pas le LMD en tant que système de formation puisqu'il est adopté au niveau de plusieurs pays. Mieux encore, l'Université tunisienne a intérêt à l'appliquer. Mais le problème se pose au niveau de la forme appliquée en Tunisie. Certains universitaires parlent même de la « tunisification » du LMD. Cette opération a été appliquée sans concertation. Notamment, les membres des commissions sectorielles dans les différentes spécialités, ont été tous nommés et ce pour appliquer les consignes de l'ex-régime et soutenir ces réformes. Conséquence : Gommer tout ce qui a trait à la gestion démocratique du LMD, bannir toute allusion à la rémunération des enseignants face à l'augmentation des heures de travail pour les enseignants et aux nouvelles tâches. Dans ce cadre, la Fédération a déjà conclu un accord avec l'ex-ministre, Béchir Tekkari concernant la rémunération des enseignants. L'actuel ministre a promis de l'appliquer. Notre revendication est que cet accord aboutisse à des augmentations équitables et non pas squelettiques pour ne pas dire caricaturales comme ce fut le cas avec les augmentations spécifiques, et qu'il soit signé juste avant la rentrée universitaire. A rappeler que les tâches supplémentaires qui viennent de s'ajouter aux efforts consentis par les enseignants se résument dans les devoirs surveillés, la préparation et la surveillance des examens, la correction des copies et la vérification des notes. Elles représentent une moyenne de 120 heures supplémentaires par an. Nous nous sommes mis d'accord sur la concrétisation de l'accord sur la prime spécifique relative à la compensation des tâches supplémentaires réalisées dans le cadre du système LMD. Une commission mixte sera formée pour examiner les modalités d'application de cet accord avant la rentrée universitaire. Le tutorat toujours dans le cadre du LMD a aussi été à l'ordre du jour, qui lui aussi a été tout bonnement supprimé par le ministre Bououni dans un esprit purement mercantil..
*Vous vous êtes récemment réunis avec le ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Quels furent les sujets examinés à cette occasion ?
-Effectivement, la première réunion entre les nouveaux membres du bureau exécutif de la FGESRS et le ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique a eu lieu le 30 juillet 2011. Nous avons insisté sur un point important qui a été soulevé lors du congrès et auquel les universitaires accordent une attention particulière. Il s'agit de la situation particulière par laquelle passe la Tunisie, d'où l'importance à instaurer entre les deux partenaires (fédération et ministère) une ambiance basée sur la confiance. Cela permettra d'assurer une rentrée universitaire sereine aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants sachant qu'elle coïncide avec la campagne électorale.
Nous avons besoin d'instaurer un climat de confiance et de désamorcer la crise avec le ministère, d'autant plus que la Fédération a été victime - durant les années de plomb- d'une politique de répression ( les lois scélérates qui ont mis fin aux libertés académiques) et de dédain face aux revendications légitimes des universitaires, sans parler des mesquineries de bas étage, telles que le non respect par exemple la loi au niveau de l'affichage des délais de candidature et de l'élection des commissions de recrutement… L'actuel ministre a promis de respecter la réglementation régissant la vie universitaire à tous les niveaux (prise de décision, réforme du système LMD ou élection des représentants dans les structures de gestion universitaire).
D'autres points primordiaux ont aussi été examinés lors de la réunion. Nous avons demandé au ministre de nous présenter les résultats de l'enquête menée contre des fonctionnaires du ministère ayant agressé le 15 juillet, des universitaires qui ont participé au sit-in devant le ministère de tutelle. Nous avons demandé aussi d'annuler les sanctions prononcées abusivement contre des collègues à l'époque du ministre Lazhar Bououni et ce avant la rentrée universitaire. Il s'agit entre autres des professeurs Rachid Chemli, Noureddine Ouertatani, Mohsen Hajlaoui.
* Comment qualifiez-vous la phase où l'ex-ministre Lazhar Bououni était à la tête du ministère ?
-Je considère que la période de Lazhar Bououni est pire que celle de l'époque coloniale. D'ailleurs, des congressistes ont demandé de porter plainte contre Lazhar Bououni ainsi que contre son bras droit l'ex-chef de cabinet, Noureddine Doggui. Les abus et les crimes contre la démocratie et les libertés académiques commis à cette époque nous rappellent à plus d'un titre ceux qui ont été perpétrés par les pires dictatures et systèmes fascistes.
*Qu'en est-il de la révision des statuts des enseignants, revendication qui représente l'une de vos principales demandes ?
-Nous avons demandé lors de la réunion de former des commissions mixtes pour réviser les statuts des enseignants. Longtemps négligé par l'ex-régime, ce dossier sera examiné lors des prochaines réunions avec le ministre. Une approche préétablie sera examinée par tous les universitaires. Pour ce faire, nous allons organiser une consultation élargie tout en lançant un débat sur la question lors de la rentrée universitaire.
*Les commissions de recrutement font toujours l'objet de contestations.
-Il s'agit en fait, d'un vrai problème qui se pose au niveau de l'Université. Il est question de manque de transparence pour ce qui concerne les résultats et de non respect des décisions des membres de ces commissions. Souvent, le ministère ne prend pas en considération les résultats prononcés par ces commissions. Nous demandons ainsi, qu'ils soient affichés juste après les délibérations. Je rappelle à titre d'exemple que des problèmes ont été posés concernant les résultats du concours d'agrégation. Ils ont été modifiés sur des considérations politiques. Idem pour le recrutement et le mouvement des professeurs.
Nous demandons actuellement de rectifier certaines commissions de recrutement car, quelques membres désignés appartenaient à l'ex-régime et signataires de l'appel de Ben Ali à la présidence, font l'objet de suspicion de la part de leurs collègues. Le ministère a manifesté sa volonté d'aller dans cette démarche dans les plus proches délais. Une liste sera arrêtée pour rectifier ainsi les commissions. En outre, le ministère s'est engagé à appliquer dans l'avenir les normes en la matière.
*L'université tunisienne a vécu lors du dernier mois au rythme des élections des membres des conseils scientifiques, et de l'université ainsi que des présidents des Universités. Comment évaluez-vous cette première expérience démocratique ?
-Ce principe "Tout passe par la voie élective" basé sur la démocratie a été valorisé lors du congrès. Il permettra, contrairement à ce que certains prétendent, de stabiliser les structures de gestion de l'Université. Tous les professeurs et les chercheurs seront représentés démocratiquement. Cependant, nous avons quelques reproches à exprimer. Il s'agit notamment, du non respect du principe de concertation entre le ministère et la fédération concernant le report de la date des élections des recteurs du grand Tunis et l'annulation des résultats des élections du président de l'Université de Sousse et de l'ISET à Siliana. Ces pratiques sont en fait des séquelles des anciennes pratiques de l'ancien régime. Nous sommes un partenaire dans cette opération, d'où l'importance de la concertation. Le ministère est appelé à accepter ce principe de travail pour démocratiser l'Université. C'est notre maître mot.
*La revalorisation de la recherche scientifique et l'amélioration des conditions de travail des universitaires seront-elles inscrites dans le programme de travail de la FGESRS ?
-L'ancien régime a enraciné la bureaucratie au niveau des laboratoires et des unités de recherche. Par ailleurs, il faut réviser les relations entre l'établissement et l'Université d'une part et l'Université et le ministère d'autre part et ce pour améliorer ces structures de formation. Je considère qu'elles doivent être indépendantes financièrement et administrativement. Je suis optimiste à ce niveau, étant donné que les présidents des Universités ont été élus pour la première fois en Tunisie. Ils défendront ce principe et pourraient introduire les changements que nous avons longtemps revendiqués. Pour ce qui est de la carte géographique des universités et la décentralisation présumée de cette structure, nous avons une approche là-dessus. Il importe de regrouper les établissements qui assurent une formation dans les mêmes spécialités dans le cadre de pôles. Ces propositions ont été toujours refusées par l'ancien régime.
*La réforme de l'âge de la retraite a aussi fait l'objet d'un différend avec le ministère.
-Nous demandons de laisser le libre choix aux professeurs de partir à la retraite quand ils atteignent l'âge légal ou de prolonger leur travail. Nous ne nous sommes pas encore mis d'accord sur ce point. Le statut de l'enseignant et le respect que l'institution lui doit, surtout quand il a atteint l'âge légal de la retraite après un long cursus de travail et d'abnégation, représente pour nous une priorité.
*Comment voyez-vous le travail syndical après le 14 janvier ?
-C'est un sujet qui préoccupe les universitaires. Il fera d'ailleurs l'objet du premier séminaire programmé par le FGESRS. Une question nodale sera posée à cette occasion, sous plusieurs formes: « Quelle approche doit-on avoir de l'action syndicale après la 14 janvier ? Quel type de rapport doit-être instauré par nos syndicalistes qui sont en même temps des militants politiques appartenant à diverses formations partisanes ? Quel rapport entre le syndical et le politique, où s'arrête le syndical, et ce dernier doit-il être confiné à la stricte revendication matérielle et corporatiste ?». Je suppose qu'il y aura des divergences qualitatives concernant le travail syndical après le 14 janvier. Reste, qu'il faut respecter la démarche démocratique tout en séparant le travail syndical du militantisme politique partisan et de l'action associative. Les universitaires doivent être conscients aujourd'hui de ce défi car la multiplication des rôles pourraient affaiblir les structures syndicales et même les ONG qui défendent notamment les droits de l'Homme. Il est nécessaire de trouver une adéquation.
Réalisée par Sana FARHAT
Sami Boussoffara [email protected]
taher [email protected]
hh74 [email protected]


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