• Comme le soleil, Internet se lève pour tout le monde, et pourtant… Le marché télécoms tunisien est en souffrance. Ces dernières années sont marquées par un grand coup de marche arrière : Tunisiana peine à décrocher la troisième génération. Orange suffoque dans une licence qu'il n'arrive pas à exploiter et Tunisie Télécom fait fasse à une masse de problèmes internes et d'une masse salariale handicapante. Qu'en est-il au juste? Tunisiana, le symbole d'une réussite Revenant tout d'abord quelques années en arrière, au moment où Tunisiana gagnait sa licence. La pénétration marché n'était que de 5%. Le mobile était élitiste. Tunisie Télécom se targuait d'avoir 800 000 demandes de lignes mobiles sur liste d'attente. Quelques chiffres symboliques : 150 dinars le prix de la ligne, 10% de redevance Tunisie Télécom sur chaque carte de recharge et le prix de la ligne frôlait les 400 dinars sur le marché parallèle. En quelques années, le mobile se démocratise, Tunisiana fait chuter le tarif de la ligne à 5 dinars. On ne parle plus de liste d'attente et les réseaux se déploient dans les régions les plus reculées du pays. Le deuxième opérateur supplante Tunisie Télécom en totalisant plus de 50% de parts de marché. Tunisiana arrive même à enregistrer des bénéfices très enviables. Plus 500 millions de dinars en une année avec un chiffre d'affaires qui avoisine le milliard de dinars. Les chiffres donnent le tournis. Mais le deuxième opérateur se plaint pourtant de ne pas avoir la troisième génération dès qu'il a senti que Tunisie Télécom, son concurrent principal, comptait la lancer. L'Etat, craignant une position de dominance et se refuse à lui vendre cette licence qui pourrait engendrer une situation de crise sur le marché préférant lancer un appel d'offres international pour introduire un nouvel opérateur. Orange, dernier arrivé et pourtant «locomotive» Orange Tunisie a décroché une licence globale de télécommunications suite à un appel d'offres international. Certes la pénétration de la téléphonie mobile dépassait les 95% de la population mais, faut-il le rappeler, le monopole de Tunisie Télécom sur le fixe a créé une véritable stagnation. La téléphonie mobile, on peut se le dire désormais, se figeait de plus en plus dans des promotions intra-opérateurs sans véritable baisse tarifaire ou nouveaux services attractifs. En effet, les tarifs des communications mobiles sont restés autour des 200 mil/min. Cela a eu pour impact de développer le "multi sim" chez les Tunisiens permettant d'utiliser la carte sim d'un opérateur donné pour appeler les contacts de ce même opérateur. Cela présente l'inconvénient pour le Tunisien de devoir posséder plusieurs téléphones mobiles, pas nécessairement a la portée de toutes les bourses. Seule exception dans cette cacophonie, l'offre "Allo Lelkoll" qui propose un tarif unique de 99mil/min vers tous les opérateurs. La troisième licence devait être donc un catalyseur d'un marché en régression. L'on se rappelle de la surprise générale déclenchée par l'appel d'offres de la troisième licence. Les mastodontes internationaux des télécoms comme Vodafone, Téléfonica se sont dépêchés d'y participer. France Télécom Orange l'a finalement remporté haut la main. En effet, les horizons de développement des nouvelles technologies en Tunisie sont multiples. Il n'y a qu'à faire un saut au Maroc ou en Europe pour constater que notre pays a encore beaucoup de chemin à faire afin de réduire sa faille numérique. Tunisie Télécom, un opérateur un peu trop "historique" Pourtant, un an et demi après, le troisième opérateur semble bloqué. Aucune avancée sur le fixe en cette période à part une augmentation vertigineuse des tarifs de la part de l'opérateur historique. Sa branche fixe est sortie subitement de sa dormance l'année dernière en réaction à l'entrée d'Orange et sans explication aucune, le tarif est passé de 10 à 50 millimes la minute ! Coup de théâtre ! Tunisie Télécom, une société Etatique, exploitant le réseau téléphonique publique, réseau depuis des lustres amorti, nous annonce que sa branche fixe est au bord de la faillite. Invraisemblable! Conséquence directe : l'opérateur historique bloque immédiatement le dégroupage au nouvel opérateur allant jusqu'à accuser l'Etat et ses instances de tutelle, régissant le marché des télécoms, de n'avoir pas préparé le cadre légal à l'introduction d'un nouvel opérateur sur le fixe. Or le PDG actuel de Tunisie Télécom était lui-même président de l'une de ces instances. Quelque chose de Don Quichottesque Cela fait qu'Orange Tunisie, filiale d'un grand groupe international, tente bon an mal an, d'introduire un produit innovant sur le marché, la Livebox, offrant des appels fixes gratuits via la technologie VoIP, déjà existante sur Internet, mais avec une meilleure qualité de la voix grâce à un équipement spécifique. Tunisie Télécom rapplique immédiatement et interdit ce produit. Pourquoi ? L'opérateur voudrait faire payer à Orange la VoIP, pourtant gratuite ! L'opérateur historique, entreprise Etatique, est en incohérence avec la volonté de l'Etat à réanimer ce marché. Le troisième opérateur a pourtant payé 257 millions de dinars pour acheter cette licence et jusqu'à ce jour, il ne peut l'exploiter. Tunisie Télécom lance ainsi la 3G++, un must de technologie. C'est appréciable, mais c'est un tantinet cher. Du reste, il faudra s'assurer de sa fiabilité, hormis les vertus indéniables de ce produit. Car il est établi que l'Internet via le fixe est plus aisé et plus accessible… Mais à la fin des fins, une concurrence loyale serait la bienvenue. Mais pas à coups d'obstructions et d'arguties juridiques trop malléables pour être amovibles. Au fond comme le soleil, Internet ne se lève-t-il pas pour tout le monde?