• 6 000 admissions dans les hôpitaux et 4000 dans les cliniques privées • Tous les blessés sont pris en charge sans garantie financière • Bientôt une quatrième caravane de solidarité à Tripoli Toute la Tunisie a volé spontanément au secours de nos frères opprimés par le " rois des rois ", aujourd'hui traqué " zanga-zanga " comme un exécrable rat. Un formidable élan de solidarité agissante ayant défrayé la chronique même en dehors de notre chère République. La belle histoire commune aux deux peuples, victimes de leurs " Pinochet " respectifs, dira un jour, qu'aucun tunisien, chacun en ce qui le concerne, n'a failli à son sacro-saint devoir de s'associer à ce mouvement collectif de tendresse et de générosité, surtout que les deux peuples frères ont marché sur la même braise. Ils l'ont douloureusement ressentie. Et en ont été brûlés au plus haut degré, voire même… cuits… Après ce préambule, mettant du baume au cœur, passons sans plus tarder, au corps du sujet. Tout le monde sait que nos institutions de soins de santé, publiques et privées, ont été à l'avant-garde de cette mobilisation historique magnifique ! Le temps… aux bilans Rien de plus normal, dirait-on. Puisque même en temps normal de paix et de sécurité, notre appareil sanitaire a toujours répondu allègrement présent aux appels toujours constants, l'assistance aux contingents des libyens souffrants. Ceux-ci s'étant toujours trouvés, trahis par une politique de santé effacée, en faveur d'une politique d'armement budgétaire prononcée. Et c'est logique et dans la logique d'un colonel sanguinaire invétéré. Maintenant que le conflit armé en est à ses derniers coups de canons, nous avons, pour notre part, cherché à en savoir plus, à dresser les bilans et aussi à zoomer sur la contribution de nos institutions, à la fois publiques et privées, pendant et après l'épouvantable conflit armé. Renseignement pris auprès de la Chambre syndicale des cliniques privées, nous avons appris que pas moins de 4000 blessés de guerre, de divers degrés, ont été pris en charge par les plateaux privés, depuis mars dernier au sud de notre littoral en particulier. Admis… sans garanties Les admissions en urgence sont effectuées, en accord avec les intervenants, sans aucune garantie financière. L'impératif matériel étant relégué au dernier palier de l'actuelle des priorités. Et les associations caritatives tunisiennes ont cru de leur devoir de prendre en charge, en partie, les lourdes redevances, afférentes à ces admissions en urgence dans les cliniques, pour les soulager un tant soit peu. Tant et si bien que l'impératif de bonne gestion et l'équilibre financier de ces établissements privés, sont plus qu'une nécessité. Et à la chambre syndicale, l'on se dit confiant que les nouveaux maîtres intérimaires de la Libye libérée, sauront rendre la monnaie, en régularisant dès que possible, la situation vis-à-vis de ces blessés. Sfax : troisième grande ville libyenne L'on apprend aussi que les blessés libyens de guerre représentent 60 à 70% du taux d'occupation des cliniques de Sfax, devenues, pour la circonstance, la troisième grande ville libyenne, après Tripoli et Benghazi (selon les dires mêmes de nos frères libyens). Ce taux varie entre 30 et 40% dans les cliniques de Tunis, blessés de guerre et malades ordinaires confondus. Il nous est précisé, en outre, que pas moins de 140 000 patients étrangers s'adressent annuellement à nos cliniques privées. 70% de ces effectifs sont libyens, 16% de nationalités africaines diverses (Mauritanie, Mali, Côte d'Ivoire, Bénin, Niger, Tchad, etc…) La clientèle est européenne dans la limite de 10%. Tandis que les diverses autres nationalités représentent 14%. Partie… remise Pour ce qui concerne le chiffre d'affaires à l'exportation des prestations de soins, il est à 400 millions de dinars en 2009 et à 500 millions de dinars en 2010. L'on doit s'attendre, nous rassure-t-on, à une tendance à la hausse en 2011. Cela malgré le creux de la vague enregistré par les flux libyens, en raison de la fermeture de nos frontières avec la Libye, des mois durant, lors des deux révoltes consécutives. Car, estime-t-on, ce déficit serait largement rattrapé d'ici le mois 12 de l'année 2011. L'on prétend, en outre, que les chiffres d'affaires avancés seraient en deçà de la réalité si l'on considère qu'une part de cet apport en devises échappe au contrôle et aux statistiques de la Banque Centrale. En raison de la prospérité du phénomène de change au marché noir, de part et d'autre de la frontière tuniso-libyenne. Dr Khaled Nabli, président de la Chambre syndicale des cliniques privées nous révèle son optimisme quant aux perspectives d'avenir, de l'exportation des prestations de soins envers la Libye tout particulièrement. Santé publique : La part du lion logique Par ailleurs, la contribution du secteur public a été, elle aussi considérable. Trois caravanes de solidarité ont été dépêchés aux mois de février, pour Benghazi, mars pour l'Alexandrie et début septembre, pour Tripoli. Des plateaux sanitaires bien fournis en appareillage et médicaments nécessaires ainsi qu'en effectif des cadres médicaux et paramédicaux appropriés ont pu porter secours à de milliers de blessés. Dr Naoufel Somrani, directeur de la Médecine d'urgence au département de la Santé publique nous annonce l'expédition d'une quatrième caravane d'ici la fin du mois en cours. Au camp de réfugiés de Choucha, une assistance sanitaire continue par nos structures de soins au profit des réfugiés de tous bords. Six mille blessés libyens de diverses gravités ont été accueillis par nos différents hôpitaux, soit pour une hospitalisation, soit pour des soins externes. Les cas les plus complexes, nécessitant une thérapie particulière, sont transférés aux hôpitaux de Tunis (surtout à l'hôpital militaire) Il nous a été aussi révélé que tous les blessés ont été pris en charge sans contrepartie, en attendant la régularisation de la situation, ultérieurement. Cela dit, et fort de cette solidarité et compassion à la fois émouvantes et spontanées, l'on aura désormais toutes les raisons de croire, dur comme fer, en des liens de fraternité ayant la solidité du bronze, entre deux peuples en or… Larbi DEROUICHE
Mission médicale tunisienne au secours des blessés libyens Une mission médicale tunisienne a été dépêchée, hier matin, à bord d'un avion militaire, vers l'hôpital central à El Khoms (à 120 km de la capitale libyenne), via Tripoli. L'équipe médicale devra, notamment, effectuer des interventions chirurgicales au profit des blessés de guerre et des consultations externes au profit des malades. Le staff est composé de quinze médecins hospitalo-universitaires (chirurgie générale, ORL, ophtalmologie, orthopédie, gynécologie obstétrique), ainsi que d'une équipe paramédicale (techniciens supérieurs, infirmiers). L'avion cargo chargé d'un contingent de médicaments et de dispositifs médicaux a décollé, hier, à 5h00 du matin, de l'aéroport militaire de Laouina en direction de Tripoli. C'est la deuxième mission du genre après celle envoyée, par voie terrestre, il y a une quinzaine de jours, à l'hôpital central de Ghariane (ouest de la Libye). Les deux missions ont été organisées à la demande des autorités libyennes pour éviter aux blessés et malades libyens dans ces régions de se déplacer en Tunisie. La mission médicale effectuée à l'hôpital de Ghariane pendant une dizaine de jours a permis de réaliser 96 interventions chirurgicales (chirurgie générale, orthopédique, urologique) et 86 consultations externes, outre la formation de jeunes médecins, a indiqué à l'agence TAP, le Directeur général de la Santé, Mohamed Salah Ben Ammar. Cette action s'inscrit dans un programme tuniso-libyen de coopération complémentaire qui englobe tous les secteurs dont la santé, a-t-il précisé, ajoutant que ce partenariat est appelé à se développer après le départ, de Libye, d'un grand nombre de coopérants. L'échange devra s'étendre, également, au domaine des médicaments. D'ores et déjà, Un contingent de 12 tonnes de médicaments a été envoyé, samedi dernier, en Libye, a-t-il fait savoir. Le ministre de la Santé publique, Slaheddine Sellami, a assisté au départ de l'équipe médicale vers Tripoli.