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Que risquons-nous ?
Crise des dettes européennes
Publié dans Le Temps le 29 - 09 - 2011

• « La Tunisie est un partenaire de l'Europe; les mesures d'austérité adoptées en Europe vont sans aucun doute affecter les exportations tunisiennes. Il y a aussi le risque de ne pas réussir à reprendre l'ancien rythme de croissance d'avant le 14 janvier. Le rythme de croissance, avec tout ce qu'il peut se traduire en termes de création d'emplois, risque d'être freiné à cause de cette crise », nous explique Moëz Abidi, économiste et universitaire
La Tunisie réalise plus de 80% de ses échanges commerciaux avec l'Union Européenne. Le même pourcentage ou presque c'est ce que représentent les Investissements Directs Etrangers européens en Tunisie, et puis, la diaspora tunisienne réside en grand pourcentage dans les pays de la Zone Euro.
Une zone frappée de plein fouet par la crise des dettes, cette crise qui a commencé en Grèce, quelques mois après la crise financière aux Etats Unis au mois de septembre 2008. Une crise qui a tout d'abord commencé par mettre à genoux l'économie islandaise laquelle a vite été sauvée par les riches pays scandinaves. Mais dans c'est le sud de l'Europe que la crise à vraiment sévi : l'Irlande, mais surtout l'Espagne, le Portugal et à un degré moindre l'Italie.
Dans la sphère financière internationale, une conviction est partagée : c'est à l'Allemagne et aux Allemands de sauver la monnaie, donc toute l'économie de la zone. Un processus qui risque de durer quelques années. Pour en savoir plus sur les risques que cette crise peut avoir comme effet sur l'économie tunisienne, nous avons contacté Moez Laabidi, un économiste et universitaire. Selon lui, cette crise devra avoir deux genres d'effet : les effets réels et les effets financiers. Cette crise, qui vient juste quelques années après celle des « subprimes» a poussé les pays européens à adopter de nouvelles normes de discipline budgétaire, notamment des mesures d'austérité qui ont un effet assez négatif sur la croissance. « La Tunisie est un partenaire de l'Europe, les mesures d'austérités adoptées en Europe vont sans aucun doute affecter les exportations tunisiennes. Il y a aussi le risque de ne pas réussir à reprendre l'ancien rythme de croissance d'avant le 14 janvier. Le rythme de croissance, avec tout ce qu'il peut se traduire en termes de création d'emplois, risque d'être freiné à cause de cette crise », explique M. Abidi. Etant donné que l'austérité veut aussi dire une montée du chômage dans les pays de l'Union, le comportement de consommation des ménages va à son tour être réduit « le citoyen européen réfléchira désormais à deux reprises avant d'effectuer son acte d'achat. Ceci va affecter les entrées de touristes venant d'Europe dans les périodes à venir. Mais pas seulement ceci, parce que la Tunisie pourrait aussi souffrir du changement de comportement de ses ressortissants en Europe. Ces derniers devront réviser leur rythme de transfert de fonds », indique encore M. Laabidi.
Risque devenu souverain
Sur le plan financier, et ce qui différencie la crise actuelle de celle de 2008, c'est que les choses sont encore plus graves. « Lors de la crise des subprimes, ce sont surtout les actifs toxiques qui ont fait propager la crise. Mais le cas actuel des choses est beaucoup plus inquiétant puisque le risque est devenu souverain » précise M. Abidi. En effet, et afin de remédier aux effets de la crise de 2008, les Etats ont intervenu pour couvrir les dettes des banques. Le risque souverain pourrait menacer encore davantage les équilibres financiers de ces Etats, puisque leurs obligations occupent désormais une place prépondérante dans les portefeuilles des banques. « Autrefois, on ne savait pas très bien quels étaient les actifs toxiques puisqu'ils étaient propagés un peu partout dans la sphère financière, actuellement on voit très bien que les actifs, à titre d'exemple, de la banque française BNP Paribas sont assez affectés puisqu'ils englobent une importante partie des actifs de l'Etat italien », nous explique encore M. Abidi qui enchaîne « les Credit Default Swap (CDS, indicateurs de risque) montent au même rythme, que ce soit au niveau des actifs de l'Etat que ceux de la banque ». C'est dire que la crise actuelle est encore plus menaçante que celle des Subprimes, car lors de la crise de 2008, le risque était seulement bancaire, et les Etats pouvaient, et c'est ce qu'ils ont fait, augmenter leurs dépenses. C'est en s'alignant aux normes de Bale II que les banques européennes se sont mises à acquérir les titres souverains, dans l'objectif d'améliorer leur ratio de liquidité afin de sauver le système financier. « Le dispositif réglementaire de Bale III poussait les banques à accroître le volume de la liquidité, alors on s'est mis à l'achat. Les banques se sont ainsi empêtrées ». L'état des choses est tel, ajoutons à cela une croissance molle dans les pays de la Zone Euro, le niveau de liquidité abondante s'est heurté à une faible demande de la part des entreprises, et c'est donc ce qui a perverti les placements des Etats en des actifs dangereux.
Et la Tunisie dans tout cela ?
Cette fragilité financière ne peut engendrer que de l'incertitude. « Un stress financier caractérise les marchés, vient s'ajouter à un accès de plus en plus difficile aux financements, des pays comme la Tunisie peuvent avoir une grande difficulté à sortir à la recherche des financements externes, ce qui pourrait avoir des effets néfastes sur la croissance. On devient de plus en plus incertain ; si on devrait accéder au marché ou attendre », précise le spécialiste tunisien. Selon lui, il faudrait essentiellement miser sur les ressources internes dans l'objectif de ramener la date extérieure à un niveau incompressible, et ce sans oublier « la baisse attendue des Investissements Directs Etrangers (IDE) provenant de la zone euro, avec ce que cela peut apporter en terme d'emplois créés et de recettes en devises ». Nous avons interrogé notre interlocuteur si cette crise qui sévit sur les marchés financiers internationaux pourrait être considérée comme une aubaine pour le marché financier tunisien, M. Labidi, nous répond non sans amertume, que « le marché financier tunisien est très développé au niveau de la structure, mais se trouve très en retard en matière de performance. Il s'agit d'un marché qui n'est même pas classé comme étant un marché émergent, ne contribuant qu'à hauteur de 6% dans le financement de l'économie nationale. Notre marché ne peut même pas se comparer au marché financier marocain, un marché qui a connu un réel coup de pouce avec la privatisation de Maroc Télécom, alors que chez nous, la privatisation de Tunisie Télécom a eu lieu hors de ce marché, de gré à gré ».
Et les perspectives ?
Elles ne sont pas bonnes. Lors de la crise des Subprimes, le taux d'intérêt aux Etats Unis était de 5.25 %, alors qu'aujourd'hui il oscille entre 0 et 0.25% et ceci s'est répercuté sur l'endettement de la plus grande économie mondiale, un endettement qui était de 70% en 2008, alors qu'il est actuellement de 100%. « La marge de manœuvre est de plus en plus limitée. On ne peut plus baisser le taux d'intérêt, et cela a ses répercussions directes sur les politiques monétaires et budgétaires puisqu'on ne peut plus augmenter les dépenses publiques. Avec la croissance molle actuelle, il s'avère que les instruments classiques se sont essoufflés » indique encore M. Abidi. Dans la zone Euro, les choses ne sont pas meilleures, indique encore l'expert, après les politiques monétaires on conventionnelles suivies, on tend de plus en plus aux « Quantitive Easings », c'est-à-dire les assouplissements quantitatifs. Des mesures qui ne cessent de montrer leur limite et c'est ce qui pousse les capitaux américains à s'orienter vers les marchés émergents. Ce qui est sûr, indique encore M. Labidi, c'est que les Banques Centrales ne sont plus dans la capacité de baisser les taux d'intérêts au-delà de 25 points de base, et les trésors publics ne peuvent plus augmenter leurs dépenses compte tenu de la contrainte de l'endettement. « La croissance restera molle pour encore quelques années, indique encore l'expert. En Tunisie, la croissance peut être bonne, mais ce qui est sûr c'est que la crise actuelle va compliquer considérablement l'équation de redressement de l'économie nationale ».


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