• Des états généraux, sur les questions cruciales après le 23 octobre Sans déclarer des objectifs difficiles voire impossibles à réaliser, ni verser dans le populisme pour faire des promesses qui n'engagent que ceux qui les écoutent, le Pôle Démocratique Moderniste, a présenté hier les grandes lignes de son programme économique, social et culturel ainsi que l'état de ses finances. Au niveau des ressources financières du Pôle, on a comptabilisé, au 23 septembre courant, 247 mille dinars dont 165 mille dinars provenant des 9 composantes du pôle. Les dépenses sont de l'ordre de 233 mille dinars. Des recettes relativement modestes, les militants du Pôle comptent plutôt sur eux-mêmes. Ils déplorent l'utilisation abusive de l'argent politique et s'appuient sur la divulgation de leur programme et le travail sur le terrain, quelques meetings et le porte à porte, espérant assurer la victoire le 23 octobre prochain, une date qui peut nous réserver des surprises. Après plus de cinq mois de travail d'économistes, de syndicalistes et d'universitaires dans une vingtaine de commissions, un programme de 110 mesures a été arrêté. Mahmoud Ben Romdhane, économiste dira que le programme du Pôle « n'est pas une addition de mesures, ni de promesses faites en dehors de la réalité concrète de la société tunisienne. C'est un programme réaliste porté sur des conditions à satisfaire, des contraintes à dépasser et des capacités du pays à développer ». Dans plusieurs cas, les auteurs du programme ont évité les solutions toutes faites et ont suggéré des méthodes pour aborder les problèmes en proposant le dialogue et la concertation. De nombreuses mesures sociales sont avancées pour répondre aux besoins urgents du peuple en évaluant leurs coûts et en précisant les sources de leur financement. Attentes de l'opinion publique L'opinion publique attend beaucoup après le 23 octobre. Que faire ? Le Pôle essaie de répondre à ces attentes en concentrant sa réflexion autour de trois axes : la situation actuelle et les conditions pour dépasser la crise, le programme à mettre en application et les grandes lignes de la feuille de route après le 23 octobre. Les révolutions démocratiques génèrent une amélioration des conditions économiques. Sous l'ancien régime, le taux de croissance économique était de l'ordre de 5%, en dépit des capacités perdues. La productivité du travail peut augmenter d'un point à un point et demi. Avec les vautours qui entouraient le régime, le pays perdait un point à un point et demi, de croissance. Sans compter les synergies, le taux de croissance, peut atteindre 8%, ce qui permettra à la Tunisie d'atteindre en 2030, le niveau de l'Espagne d'aujourd'hui. Après la Révolution le chômage est passé de 500 mille à 700 mille, celui des diplômés du Supérieur de 150 mille à 200 mille. Le taux de croissance est entre 0 et 2%. « Le peuple a toutes les raisons de dire que sa situation ne s'est pas améliorée depuis la Révolution. Il faut ouvrir de nouveaux horizons, avec des conditions claires », dira Mahmoud Ben Romdhane. La première condition est que les opérateurs économiques, investisseurs tunisiens, étrangers et communauté internationale, fassent confiance à la Tunisie. Cette confiance reste tributaire de la situation sécuritaire du pays. Par ailleurs, il faut rassurer les Tunisiens en leur disant la vérité. Des opportunités existent. Des risques aussi ! Les opportunités sont nombreuses, car le pays n'est pas en récession économique profonde. Il n'a pas accumulé deux trimestres successifs de croissance négative. Soutien de la Communauté internationale La confiance des investisseurs étrangers n'est pas perdue. Ils sont en position d'attente. La capacité d'endettement du pays est tolérable. La communauté internationale soutient la Révolution tunisienne et veut l'aider à des conditions favorables. La transition démocratique se passe bien. Certains la considèrent, même comme idéale. La guerre en Libye touche à sa fin. Beaucoup d'opportunités vont s'ouvrir avec le voisin libyen. La crise du tourisme ne s'éternisera pas, surtout si les conditions sécuritaires s'améliorent. Quels sont les risques qui perdurent ? Tout d'abord, la transition ne s'est pas achevée. Il est possible que ses résultats ne dégagent pas une majorité démocratique et moderniste, le 23 octobre. En plus la relance doit être rapide, car c'est au cours des prochains mois que les donneurs d'ordre étrangers dans l'industrie programment l'année prochaine. Il en est de même pour la saison touristique. Le risque d'instabilité politique et sécuritaire peut ébranler la confiance qu'ont nos partenaires en la Tunisie. A propos de ces risques, la conviction est forte au sein du Pôle, qu'ils pourraient être évités. Les opportunités peuvent être valorisées. « Si nous évitons ces risques, nous pouvons réaliser en 2012, un taux de croissance entre 4 et 5%. Il passera à 5 à 6% en 2013 et 2014, pour atteindre 7 à 8% en 2015. Ainsi 70 mille à 75 mille emplois peuvent être créés en 2012 », dira Ben Romdhane. On est loin des 100 mille promises par d'autres formations politiques. Si toutes les conditions sont satisfaites, la situation du chômage commencera à s'améliorer en 2013. Linda Smaoui, étalera les principaux axes du programme, en commençant par « une véritable politique d'urgence sociale en faveur des populations vulnérables comportant, notamment : un revenu d'insertion-formation-emploi égal au SMIG 48h par semaine, avec prise en charge de l'assurance maladie et la gratuité des transports publics pour les diplômés en recherche réelle d'emploi ; la mise en place d'une caisse assurance chômage pour les salariés à l'horizon 2013 ; l'extension de la prise en charge de la CNAM quant aux actes de prévention et aux maladies de longue durée ; le doublement de la subvention mensuelle aux familles nécessiteuses pour la porter à 140 dinars ; l'augmentation de la bourse d'études à 100 dinars par mois avec une extension du nombre des bénéficiaires ; la création d'une allocation de recherche de 300 dinars pour les doctorants ; l'augmentation du pouvoir d'achat des faibles revenus en exonérant fiscalement les revenus annuels inférieurs à 4000 dinars…. » Par ailleurs, le Pôle propose l'instauration d'une commission nationale indépendante permanente de lutte contre la corruption, dotée d'antennes régionales… Que faire durant les 100 premiers jours suivant le 23 octobre ? Le Pôle appuie la nécessité de trouver un consensus national autour de l'emploi, les régions défavorisées, l'enseignement, la santé et l'habitat social… Un pacte national peut être créé autour de ces questions. Des états généraux examineront ces questions sensibles comme l'assurance chômage et son financement, le financement de l'assurance maladie, le financement de la retraite, l'aménagement du territoire, les prévisions économiques de 2012, la situation de la Caisse Générale de Compensation, …. Une loi de finances complémentaire peut être envisagée au printemps de 2012. Sans dogmatisme, le débat est ouvert. Les attentes populaires sont grandes. A l'élite de parler le langage de la vérité.