• Un nouvel uniforme pour la police tunisienne Lors d'un point de presse tenu, hier, au palais du gouvernement à la Kasbah, Mr Lazhar Akrémi, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur chargé des réformes, a indiqué qu'un nouvel uniforme de la police tunisienne sera adopté, à compter de 2012, ajoutant que ce nouvel uniforme qui se distingue par son élégance et sa convenance à la nouvelle situation post révolutionnaire en Tunisie, a été décidé, justement, pour rompre avec le passé et avec l'image négative que l'actuel uniforme suscite chez les citoyens. L'adoption de cet uniforme entre dans le cadre d'un projet de réforme globale de l'institution sécuritaire dont l'un des principaux axes est le renouvellement de l'image de l'agent de l'ordre, à travers la consécration d'une nouvelle culture de l'action sécuritaire fondée sur l'engagement à respecter et appliquer intégralement la loi , et ce conformément aux valeurs de l'Etat démocratique nouveau que la Tunisie œuvre à édifier, sur la base des principes et slogans brandis par le peuple lors de sa glorieuse Révolution, a dit le ministre. Qualifié par le ministre de feuille de route, le projet de réforme sécuritaire préconise la création d'une Faculté indépendante pour la formation des cadres et agents de l'ordre (police et garde nationale) qui dure deux ans suivie d'une formation physique et professionnelle approfondie de manière à élever les qualifications des forces de sécurité intérieure. Le projet propose en outre la reconversion des services de renseignements de la police en une Agence tunisienne des renseignements dont la mission sera d'aider la Tunisie à mieux se positionner à l'étranger, aux plans économiques et autres en fournissant les renseignements nécessaires et fiables sur les développements de la conjoncture internationale et l'évolution des situations dans les différents pays, rompant, ainsi, avec la mission dévolue sous l'ancien régime aux services des renseignements et qui se bornait à surveiller les opposants à l'étranger et assurer la survie du régime par tous les moyens. En échange , le ministre a insisté pour que les citoyens s'engagent à leur tour à respecter et à appliquer la loi, car la nouvelle doctrine sécuritaire cherche à mettre en place une sécurité conçue comme étant un service public au lieu de l'ancienne conception de la sécurité dont la vocation était le maintien de l'ordre public. La sécurité se transforme ainsi en un service public et une prestation fournis par les agents de l'ordre au profit des citoyens et du pays, à l'instar des prestations sanitaires et éducatives. Le but est de hisser la police tunisienne au rang d'une police de proximité. Le projet de réforme sécuritaire met l'accent par ailleurs sur l'importance des aspects matériels dans l'amélioration des prestations sécuritaires, à travers la création de postes de police et de la garde nationale répondant aux normes modernes et dotés de tous les équipements nécessaires, comme les moyens de transport, et disposant du nombre d'agents approprié , soit 60 agents au moins par poste. Ceci permettra notamment d'organiser régulièrement des patrouilles qui ont le mérite de remplir un rôle préventif et dissuasif , en dissuadant les délinquants de penser à enfreindre la loi. Cependant, Mr Lazhar Akrémi a dit être favorable au maintien de l'actuel siège du ministère de l'intérieur, en tant qur siège officiel du département, faisant remarquer que les cellules qu'il abritait et qui était utilisé pour la détention et la torture des opposants à l'ancien régime, ont été complètement fermées. Mais, il a dit que ces cellules peuvent être rouvertes pour permettre aux citoyens de les visiter et les constater, notamment les élèves qui pourraient décorer leurs murs par de jolis dessins, et ainsi, elles demeureront un témoin vivant des exactions de l'ancien régime, pour que nous ne les oublions pas. Ce projet de réforme sécuritaire est le fruit d'une vaste consultation qui s'est poursuivie durant deux mois et à laquelle ont participé toutes les parties concernées par la question sécuritaire et en premier lieu les personnels des services sécuritaires et les cadres et agents de l'ordre. A cet égard, Mr Lazhar Akrémi a exhorté les partis politiques à accorder dans leurs programmes à la question sécuritaire tout l'intérêt qu'elle mérite. Ce projet de réforme sécuritaire a été, dernièrement, au centre d'un Colloque auquel ont pris part des experts internationaux de plusieurs pays développés. Il a ajouté que la réforme de l'institution sécurité fait partie intégrante de la réforme de toutes les autres institutions publiques dont notamment la justice et l'administration. Il a, en outre, préconisé de changer l'inspection générale de la police (c'est-à-dire ce qui est connu pour la police des polices ) par un Conseil comprenant des responsables sécuritaires, des représentants de la société civile et autres parties officielles. S'agissant de la mise en exécution de ce projet de réforme, Mr Lazhar Akrémi a rappelé que la mission de l'actuel gouvernement prendra fin officiellement après l'élection de l'Assemblée constituante, de sorte que la mise en exécution de ce projet de réforme sécuritaire reste du ressort et de la compétence des autorités publiques qui seront désignées par cette Assemblée constituante. En attendant, il a été décider de créer une commission composée de magistrats, de responsables sécuritaires, et d'autres personnalités en vue de débattre d'un ensemble de sujets en rapport avec la question sécuritaire, comme la coordination entre la police et la garde nationale, ou encore le sujet du dialogue devant être instauré avec l'environnement de l'institution sécuritaire, et les moyens de l'amélioration des méthodes de communication et d'information avec cet environnement, dans la perspective de la transformation des services de sécurité en police de proximité. Dans ce contexte, une première expérience de dialogue sera menée avec les élèves du primaire et du secondaire. Sur un autre plan, Mr Lazhar Akrémi est d'avis que le changement des personnes ne suffit pas à réaliser les objectifs ambitionnés tant que l'institution dans son ensemble n'a pas été renouvelée sur des bases solides. Il a dit avoir confiance en la capacité de la Tunisie de bâtir un Etat démocratique sur des fondements fiables, grâce aux conditions de succès assurées à cet effet par la Révolution.