La campagne électorale pour les élections de la Constituante le 23 octobre courant est lancée. Les partis, chacun en fonction de ses moyens, fourbissent leurs armes, organisent leurs meetings et mobilisent leurs troupes, pour la première échéance de scrutin démocratique en Tunisie. Parallèlement, les listes indépendantes, parfois avec des moyens matériels assez limités, entrent dans la course beaucoup plus avec des idées, et le volontarisme de leurs militants, qu'autre chose. Elles représentent plus de 40% des candidats. Le réseau Doustourna fait partie de ces indépendants qui cherchent à ce que le citoyen ait son mot à dire dans la rédaction de la prochaine constitution. Ils ont commencé leur travail depuis des mois. Unis, en citoyens indépendants, ils ont préparé un projet de Constitution citoyenne mettant en exergue le rôle du citoyen, ouvert à se apports. 244 propositions sont faites pour l'organisation de la vie politique dans le pays, au moment où d'autres candidats dans d'autres listes, proposent des centaines de milliers d'emplois, le double de la bourse pour étudiant, parfois même la gratuité de certains services publics. Ces jeunes, présents hier, lors d'une conférence de presse tenue au Teatro à Tunis, pour la présentation de leurs listes et de leur programme, s'adressent plutôt à l'intellect des électeurs qu'à leurs instincts. Ils proposent des mécanismes clairs pour plus de participation citoyenne et de démocratie locale, tout en s'engageant à ne pas briguer de postes dans le prochain gouvernement. Il ne faut pas qu'il y ait des postes vacants au sein de la Constituante. Ils demandent la transmission en direct et de façon continue des travaux de la Constituante sur la chaîne publique de télévision. Ainsi, le peuple suivra les interventions de ses élus et saura les juger et apprécier. Les candidats de « Doustourna », proposent que le référendum sur la Constitution soit organisé le 17 décembre 2012 et les élections présidentielles et législatives, le 14 janvier 2013. Les membres de la Constituante doivent se concentrer sur la rédaction de la constitution. C'est le meilleur moyen, pour qu'ils ne s'éternisent pas et que le pays retrouve une situation institutionnelle stable. Le premier projet élaboré Jawhar Ben Mbark, tête de liste à Tunis 2, rappellera l'historique de la création du réseau « Doustourna » et n'omet pas de parler des listes amies, comme celle « Al wafa » à Medenine dirigée par Mehdi Ben Hammouda, « Ila Ammam » présidée par Ines Hammami au sud de la France ou celle de Me Abdellaziz Mzoughi à Tunis 1. Ce dernier adopte le projet de « Doustourna » dans sa totalité. Tous les candidats des listes « Doustourna » ont participé d'une manière ou une autre à l'élaboration du projet de constitution. C'est le premier projet élaboré. Il est à la base de ce que d'autres ont proposé, par la suite. C'est déjà une victoire. « On veut aller à la Constituante pour confirmer cette victoire », dira non sans fierté, Jawhar Ben Mbarek, l'ancien militant de l'UGET, de l'époque du 18ème congrès extraordinaire de l'historique organisation estudiantine. Souad Khallouli, tête de liste à Béjà, ne manquera pas de démontrer que le projet de Constitution, répond aux objectifs et revendications de la Révolution. Jalel Ben Abdallah, tête de liste à Nabeul 1, dira que la rédaction de la constitution ne doit pas être laissée aux bons soins des partis politiques qui vont exercer le pouvoir. Ils seront enclains à ne pas mettre des garde-fous et à oublier les contre-pouvoirs, si on les laissait faire. Le réseau « Doustourna » qui a commencé avec le Pacte (Mithaq) du 20 mars, a rédigé une première version le 24 juillet dernier. « Deux mois après, d'autres projets inspirés du nôtre ont été élaborés », rappellera Jalel Ben Abdallah. La Constitution n'est pas l'apanage des juristes Jamel Mokni, cinéaste et tête de liste à Nabeul 2, plein de fougue, est fier d'annoncer que sa liste a été la première à coller les affiches dans sa circonscription. Les époux des candidates ont appris à s'occuper des enfants. Il ne manquera pas de parler des pressions subies par ses colistiers. Ayant vécu, l'expérience de la démocratie participative en Islande dans la rédaction de la Constitution, il a trouvé que l'expérience de « Doustourna » qui a associé les citoyens en se déplaçant dans les différentes régions du pays, est bien exaltante. Cinéaste qu'il est, il est sensible aux Droits culturels inclus dans le projet. Zeineb Farhat, figure connue du paysage culturel expliquera son engagement avec ce groupe par son attachement aux droits des hommes et femmes de lettres, « surtout que la rédaction d'une constitution, n'est pas l'apanage des juristes ». D'ailleurs, les citoyens peuvent participer au travail de rédaction de la constitution en cliquant sur le site web interactif :www.doustourna.org. Ils peuvent consulter le projet de constitution, voter et proposer des alternatives. Le dialogue se poursuivra après, les élections. Raja Daly, de Bizerte, insistera sur la décentralisation des pouvoirs, sceau distinctif du projet de « Destourna ». Ali Fezzani, tête de liste à l'Ariana, promettra la poursuite du travail, après la Constituante pour que les lois soient conformes à la Constitution. Chedli Sghaïer, tête de liste à Sfax 2 et Souhir Fourati, tête de liste de Sfax 1, ont insisté sur le fait que ce n'est pas une idéologie qui les unit mais, une certaine vision de la Constitution. La présence de la société civile doit être effective. La décentralisation et la démocratie locale sont un choix fondamental, pour rester fidèle à la mémoire des martyrs de la Révolution tunisienne. C'est le seul moyen de réhabiliter les régions. Comment vont faire ces candidats vis à vis des grosses cylindrées des partis politiques lors de la campagne électorale ? A cette question du Temps, la réponse est unanime : miser sur la force du programme et l'engagement des militants. D'ailleurs, on vise entre 9 et 10 sièges à la Constituante. Un certain charme est donné à la campagne, comme la marche dans les rues. Dimanche dernier, une marche de 15 km a été organisée de 10h du matin à 17h de La Goulette à La Marsa. Une autre de l'Aouina jusqu'à La Marsa. 20.000 dépliants ont été distribués par 50 par deux groupes de 25 personnes chacun. A Sfax, une caravane a été organisée dans plusieurs délégations. Confiance et détermination animent tous les intervenants. L'essentiel, pour eux, est que leurs idées passent et que le citoyen retrouve la place qu'il mérite dans la prochaine Constitution pour marquer la rupture avec le despotisme. Attendons le 23 octobre. Hassine BOUAZRA amad salem [email protected]