• «Croissance à deux chiffres (10%)» : le PDP ne fait-il pas dans la démesure ? Poursuivant sa politique de contact permanent avec la presse nationale pour expliquer ses préoccupations à l'opinion publique, le Parti Démocrate Progressiste (PDP), a organisé, hier son troisième point de presse se rapportant à la campagne électorale. Des questions d'ordre politique et le programme économique étaient à l'ordre du jour. Mongi Ellouze, membre du bureau politique et Directeur de la campagne, a rappelé, non sans fierté, la réussite du lancement de la campagne à Sfax, dimanche dernier, en présence, entre autres, des têtes du liste du parti dans les différentes circonscriptions du pays, du fondateur et leader Ahmed Néjib Chebbi, de la secrétaire générale Maya Jéribi et de plusieurs milliers de sympathisants et militants. « C'était un meeting festif et populaire », dira-t-il. Par ailleurs, les candidats du parti ont opté pour le travail sur le terrain, le contact direct avec la population et le porte à porte. Ces contacts directs avec les citoyens ont révélé que le chômage et la cherté de la vie sont les plus grands soucis qui taraudent le quotidien des Tunisiens. La baisse du pouvoir d'achat, les difficultés voire l'impossibilité, de faire face aux besoins urgents comme la santé et l'éducation sont des sujets inquiétants. Moncef Cheikhrouhou, économiste et tête de liste du PDP à Tunis1, rappelait que depuis plus de 10 ans quand il avait quitté le pays, il conseillait les gouvernements africains et ceux de l'Europe de l'Est, mais ne pouvait le faire pour son pays. Durant la campagne électorale, l'option a été prise pour rendre visite aux familles. Les militants sont bien reçus par les Tunisiens. Leur premier problème est le chômage. « Lorsqu'on voit un adulte en bonne santé au seuil de sa maison, parce qu'il est sans emploi, c'est un grand malheur ! », dira avec beaucoup d'émotion Moncef Cheikhrouhou. Il ajoute que la division du monde, aujourd'hui, n'est pas entre pays développés et pays sous développés, mais entre pays émergents comme la Chine, l'Inde, la Russie, l'Afrique du Sud et le Brésil qui créent de l'emploi et des pays candidats à la chute. Ce sont les pays très endettés comme les USA. Heureusement que la Tunisie a fait son Plan d'Ajustement Structurel (PAS) ! Le taux d'endettement ne dépasse pas les 40% du PIB et son déficit budgétaire n'est pas alarmant. Le Parti Démocrate Progressiste (PDM) propose la réhabilitation du travail. La Révolution a bien été déclanchée pour la dignité. Le travail et le revenu décents en sont les ingrédients. Lorsqu'on travaille, on crée de la richesse pour soi, pour le pays et pour ses enfants. « Il faut que le père plante l'olivier pour les prochaines générations », dira-t-il. Avec l'éradication de la corruption et des malversations répandues sous la dictature, la Tunisie gagnera entre 2 et 3% de croissance. L'Etat par l'intermédiaire de la fonction publique recrute. Mais ce n'est pas suffisant. La création d'emplois est surtout l'affaire des entreprises tunisiennes et étrangères qui ont besoin de compétences. Sur les 3400 entreprises étrangères qui opèrent en Tunisie, 32 sont parties et 55 veulent s'installer dans le pays. C'est que le monde continue à faire confiance à la Tunisie qui est devenue, ainsi une référence mondiale. La Révolution a eu lieu trois semaines avant le Forum de Davos de l'année dernière. Une journée a été réservée à la Tunisie. Au cours de cette journée, la salle était archi-comble. Christine Lagarde, se souvient Moncef Cheikhrouhou, « était restée 20 minutes debout pour écouter et apprécier les facteurs vecteurs de notre réussite». Cette réussite devra rejaillir sur la Libye, l'Algérie, le Maroc et l'Egypte. Les échanges entre les pays de l'Afrique du Nord doivent se décupler. Les pays du Golfe s'échangent plus, entre eux, que ne le font les pays nord-africains. Une meilleure intégration régionale de la Tunisie avec ses voisins, lui permettra de gagner deux points de croissance. Sous le régime corrompu, on faisait 5% de croissance. Maintenant on peut réaliser, au total 10%. Réaliser, donc 7% en 2012 est plus que possible. Pour créer des emplois, il faut, entre autres, lever les obstacles à la création d'entreprises. Le conférencier, rappellera son expérience à la tête de la Best Bank, lorsqu'il pratiquait le capital risque, un mécanisme où on ne demandait au promoteur que trois choses à satisfaire : la compétence, le marché et la bonne réputation. Après son départ, on a demandé à son successeur de mettre fin à cette pratique, parce qu'on refusait une quatrième condition : vous êtes l'homme de qui ? La Démocratie est créatrice d'emplois. La plus grande démocratie dans le monde en l'occurence l'Inde, a mis fin aux famines quand ce continent devenait une démocratie. Mongi Ellouze dira que la Tunisie peut connaître une véritable relance économique. Lors d'une rencontre effectuée, dernièrement, en France entre le PDP, Ennahdha et Ettakatol, une comparaison a été faite entre les programmes économiques de ces différents partis. Celui du PDP a été considéré le meilleur. Le PDP ne décidera pas seul après le 23 octobre. Des contacts ont été entrepris ave les partis centristes. Le centre est un choix stratégique pour le PDP. « C'est le seul qui peut sauvegarder les acquis du pays, construire la démocratie et éviter un pouvoir doctrinal et dogmatique de gauche ou de droite », dira Mongi Ellouze. Moncef Cheikhrouhou, ne manquera pas d'affirmer, qu'après les élections de la Constituante, la Tunisie doit engager des élections municipales et régionales. « Ainsi, nous aurons contribué au maillage démocratique du pays », dit-il. La Tunisie ne pouvant supporter davantage d'instabilité, Mongi Ellouze plaidera pour un régime présidentiel aménagé, contrairement à ceux qui appellent à un régime parlementaire. Attendons les résultats du 23 octobre, pour voir les alliances qui seront nouées et les politiques appliquées. Hassine BOUAZRA amad salem [email protected] aba [email protected]