Par Khaled GUEZMIR – Rassurez vous je n'ai pas l'intention de jouer avec vous les Machiavel pour donner quelques conseils aux « princes » d'aujourd'hui, quoique le florentin soit encore d'une grande utilité à la classe politique qui aspire au commandement. Je veux tout simplement éveiller les électeurs indécis sur certains aspects de la politique qui sont perçus par les doctrinaires comme subsidiaires alors qu'ils sont essentiels. Commençons par les appellations de certains partis et autres groupuscules politiques. Là, tout ce qui brille n'est pas or. A titre d'exemple un mouvement « unioniste » arabe qui se réclame de l'héritage du Parti au pouvoir en Syrie ne peut, en aucun cas au vu de la répression aveugle qu'il fait subir au peuple et aux élites syriennes, être, un mouvement fédérateur. Méfiez-vous des mouvements dits « démocratiques, car la démocratie et multiple et que de régimes despotiques par le passé ne se sont-ils pas proclamés « démocrates ». Pour l'exemple toutes les démocraties dites « populaires » au cours du 20e siècle se sont avérées des dictatures tout court. C'est un peu comme chez nous, chaque fois que vous avez une cité qui porte le nom de « roses »… du « jasmin » et autres fleurs et arbres forestiers, elle devient tout simplement un dépotoir d'ordures et de gravats des constructions anarchiques illimitées par les temps présents. Les bases de la démocratie véritable c'est le respect des droits naturels de l'homme que sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression, le tout codifié par le droit positif et la suprématie de la raison. Il vous est par conséquent facile de distinguer le vrai du faux en faisant une bonne lecture ou une analyse du contenu des discours et des programmes des candidats. Celui qui vous promet la démocratie britannique pour 2012 vous ment parce que le système anglais actuel date de 1689, et ses bâtisseurs ont été les rédacteurs du « Bill of Rights » qui est la première déclaration moderne des droits de l'Homme et du citoyen. Alors un peu de modestie et contentons nous de ceux qui nous promettent une démocratie libérale tunisienne avec une bonne séparation des pouvoirs, une alternance au pouvoir de fait et une interdiction absolu des manipulations « constitutionnelles » pour détourner la limitation des mandats. Votez pour ceux qui vous disent clairement que plus jamais un Président de la République, un premier ministre, ou un « affairiste », insatiable, de la périphérie du pouvoir ne s'appropriera l'Etat et l'économie tunisienne. Méfiez-vous de ceux qui vous promettent toutes les « lunes » qui habitent d'autres galaxies que la nôtre et qu'ils sont dans l'impossibilité absolue de pouvoir réaliser. L'éradication du chômage, le développement régional rapide et intégral des zones défavorisées et oubliées par 23 ans de dictature corrompue… etc…etc… Sachez qu'il faut plus de trois ans pour construire un barrage et presque autant pour une route, sinon plus, si nous voyons le rythme avec lequel se construisent les ponts de Ras Tabia et de Bizerte ! Il n'y a pas de miracle ni en politique et encore moins en économie. Il faut des capitaux, une planification et un savoir-faire qui nécessite du temps. Quant à ceux qui vous racontent qu'ils vont réformer en un tour de bras l'appareil de l'Etat, les procédures, la police, la sécurité, etc… sachez qu'il n'y a pas de plus réfractaire au changement que…l'administration ! D'ailleurs notre ami Machiavel conseillait au Prince depuis l'an 1515 de ne pas changer les lois dans les provinces conquises et surtout celles qui touchent à l'impôt et à la propriété. De nos jours de pareilles mesures feraient fuir les capitaux et porteraient un coup sérieux à la croissance déjà bien fragile. Sachez aussi que jusqu'à nouvel ordre toutes les sociétés humaines ont besoin d'un Etat « fort »… je ne dis pas « autoritaire » ou despotique. Mais la sécurité est essentielle à condition bien sûr qu'elle n'utilise la « violence légale » que conformément à la loi. Ceux qui vous promettent un pays sans « police » vous trompent. Mais ceux qui vous promettent une police légale et citoyenne sont vos véritables amis, car la nature a fait que l'instinct de conservation chez l'homme, prime la liberté elle-même. En conclusion pour tout le reste y compris les idéologues et les prophètes des temps modernes, prenez le temps de ne voter que pour ceux qui donne la prééminence à la « raison » et qui savent dompter leurs sentiments. L'idéologie est partout en recul parce que les sources de production s'amenuisent. Les droits de l'Homme issus des droits naturels, sans « raison » et sans protection par le droit positif et les lois peuvent devenir les instruments d'une « animalité » destructrice de la paix sociale. La terre entière est gouvernée aujourd'hui, au centre, avec une dose importante de rationalité et de pragmatisme. Les Russes et les Chinois ont troqué et abandonné Lénine et Mao pour la « réal politik ». Le monde entier a des problèmes difficiles à résoudre et à canaliser. La bonne politique c'est celle du juste milieu, celle qui rêve bien sûr, mais qui a les pieds sur terre. Encore une fois la politique c'est l'art du possible… quant au souhaitable, il est tributaire de la volonté des hommes et de leur discipline au travail et dans l'espace public. Allez ! Soyons optimiste, le gros de nos troupes est plutôt sain, et vous avez quand même l'embarras du choix ! A vos urnes. K.G sihem [email protected]