Pas Khaled Guezmir - Le général de Gaulle connu pour l'appel du 18 juin 1940, pour combattre le fascisme hitlérien, mais surtout pour ses boutades célèbres et sa rhétorique toute en finesse disait au soir de sa vie : « La vieillesse est un naufrage » ! Pour le cas de la Tunisie post-révolutionnaire MM. Fouad Mebazâa, Président intérimaire et Caïd-Essebsi, Premier ministre tout aussi intérimaire, sont-ils entrain de contredire l'adage gaullien ? Je m'explique. Si la Tunisie a une chance inouïe en ce moment après avoir « dégagé » le dictateur et son système mafieux et prétorien, c'est de pouvoir au moindre frais expérimenter un régime proche du régime parlementaire. En effet, le Président de la République actuel exerce ses fonctions de fait comme si le Système intérimaire avait vocation parlementaire. Ses interventions et apparitions sont bien ciblées avec des messages bien forts symboliquement telles la réhabilitation de « Sadiki » la glorieuse institution éducative depuis la fin du 19è siècle, ce fameux jour du Savoir, ou les audiences protocolaires avec les visiteurs de marque de la Tunisie, ou la présidence du conseil des ministres mais avec un certain retrait en faveur du Premier ministre ce qui est, je le dis encore une fois, à son honneur. M.Mbazâa me fait rappeler la position du Président Napolitano en Italie qui est même plus âgé que lui, mais qui traduit parfaitement le bon fonctionnement du régime parlementaire en Italie, tout en sachant que M. Napolitano est communiste de gauche alors que M. Berlusconi est de droite libérale. Autre acteur qui semble bien porter son âge : le Premier ministre intérimaire. On peut dire tout ce qu'on veut de M. Caïd Essebsi mais tel que je l'ai connu selon ma modeste expérience administrative et politique, ce n'est pas le genre d'homme d'Etat à jouer l'opportunisme excité de certains de ses anciens camarades du temps de Bourguiba. Beaucoup d'ailleurs regrettent même aujourd'hui que ce dernier n'ait pas fait appel à lui après feu Hédi Nouira. Certaines pressions du sérail et autres considérations des lobbies de l'époque ont pesé lourd dans l'évolution qui a suivi, jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Ben Ali, qui a choisi d'écarter les meilleurs parmi les anciens ministres, gouverneurs et hauts cadres administratifs. Encore une fois les voyous dictateurs n'aiment pas le mérite. En tout cas trop juste par rapport aux exigences populaires, ou sages pour ses adeptes, son discours d'hier ne peut laisser indifférent. On y trouve de tout. La sincérité et la conviction d'un homme responsable, mais aussi un zeste de manœuvre légitime d'un homme d'expérience pour calmer les esprits et les attentes toutes aussi légitimes de la rue et du peuple tunisien. Deux idées forces : la démocratie exige un haut degré de responsabilité, de civisme est de discipline sociale et politique. La Justice autre revendication légitime du peuple et de la société civile ne doit pas être la loi du Talion et ouvrir la voie au retour à la répression aveugle, est totalitaire du régime de Ben Ali. La sagesse et notre religion nous recommandent bien de juger les actes et non pas les personnes. Mais chacun doit assumer les dommages causés par ses méfaits et payer réparation. Celle-ci peut aboutir à la privation de la liberté ou à l'indemnisation juste équitable. Les martyrs attendent réparation et l'Etat qui représente l'intérêt public doit récupérer son argent. Volé par les malfaiteurs. Mais cela doit se faire sans esprit de vindicte ni de chasse aux sorcières ni encore moins de punition collective. Même Machiavel l'a conseillé au « Prince », ce qui a été traduit par notre adage Populaire : Adhreb et Katoussa… bach techief Al Aroussa ( frappe la chatte pour prévenir… la mariée) ! Ce sont des choses simples qui appellent à donner la prééminence au ben sens et surtout en finir avec ces dossiers judiciaires interminables. Encore une fois notre avenir exige une vision positive orientée sur la construction du système démocratique. Quant aux corrompus de l'ancien régime et ses « roumouz » ils sont déjà classés aux « poubelles » de l'Histoire… ! Suprême punition !