Par Ahmed NEMLAGHI - M.Fouad Mebazâa, président de la République par intérim a signé la semaine dernière un décret-loi portant création d'une Commission Indépendante pour la Lutte contre la Corruption. Il est stipulé également, la mise en place d'une stratégie pour la lutte contre la corruption. Corrélativement, la Commission Nationale d'investigations, sur la corruption et les malversations, a rendu public, le fruit de son travail, dans un rapport volumineux, comportant des révélations importantes concernant les différentes malversations pratiquées par les proches du président déchu, et certains hauts responsables notamment dans les secteurs bancaire et financier. Tout y passait, et tous les moyens étaient bons pour profiter sur le compte des imposables. Entre temps, les plus démunis payaient pour les plus nantis, et leur permettaient de s'enrichir davantage. Cela allait du détournement de la vocation de terrains, pour lequel les proches de ZABA étaient les premiers intéressés, jusqu'à l'importation d'orang-outan, qu'on finance avec une monnaie de singe. Plusieurs affaires ont été déjà transmises aux différents parquets, selon la compétence d'attribution (territoriale) dont relève chaque affaire. Il s'est donc bel et bien avéré, qu'il y avait sous l'ancien régime, une structure de corruption, à laquelle, prenaient part, non seulement les proches de Ben Ali, mais également, plusieurs responsables politiques qui étaient censés combattre la malversation et qui avaient été engloutis par un système mafieux où la morale n'avait pas voix au chapitre. Le peuple était non seulement trahi mais trompé, croyant qu'il avait affaire à des réformateurs agissant pour le bien du pays. Pour preuve, et parmi les documents, joints au rapport de ladite commission, cette lettre officielle, adressée à l'ancien ministre de la Justice, par la présidence de la République et dont la teneur est la suivante : « Suite à votre courrier, concernant la participation de la Tunisie à la 13° session du congrès international de la lutte contre la corruption, qui s'est déroulée en Grèce du 30 octobre au 2 novembre 2008, nous avons l'honneur de vous informer que nous nous opposons à la création en Tunisie d'une filiale de l'organisation : « Transparency International » Ce courrier en dit long sur les intentions cachées du président déchu qui ne cessait de se targuer, dans ses discours répétitifs et sans saveur, qu'il était radicalement contre la corruption. Y a-t-il été entraîné ou c'était lui qui y a entraîné les autres ? Cela importe peu, au jour d'aujourd'hui car l'essentiel est de combattre ce mal, et de l'éradiquer totalement. A vrai dire la corruption est un héritage colonial qui a presque fait partie de nos mœurs, en se manifestant au fil du temps sous différents aspects et avec plusieurs appellation : Cahoua(café) Hlaoua(douceur) Bchara (prix de l'annonce d'une bonne nouvelle) Ôumoula (commission) fifty fifty pour les gens bien. Il y a même un proverbe bien de chez nous disant que celui qui mélange le miel, se lèche les doigts. Or d'après les abus constatés par la commission, les concernés ne se sont pas contentés de se lécher les doigts ; ils ont avalé tout miel ! Le malheur est que la victime de tels agissements, n'osait faire de contestations ou de dénonciations que lorsqu'il se rendait compte de l'arnaque dont il a été l'objet. Encore que sous l'ancien régime, c'était le pot de terre contre le pot de fer. Qui pouvait même oser dénoncer un protégé de l'ancien régime, ou l'accuser de quelque abus que ce soit ? La lutte contre la corruption est devenue la préoccupation majeure partout dans le monde que ce soit en Europe, aux Etats-Unis, ou en Afrique. Chaque année le congrès international de la ,lutte contre la corruption se tient dans un des pays membres, afin de faire la mise au point des moyens déployés à l'effet d'éradiquer ce mal. La nouvelle commission indépendante pour la lutte contre la corruption, créée en vertu du décret-loi précité, emploiera des moyens efficaces à cet effet, en faisant appel à des juristes, des psychologues et autres personnes compétentes dont les efforts contribueront à exterminer ce microbe de la corruption qui a longtemps germé surtout dans les esprits des corrompus et des véreux. Désormais, le décret-loi susvisé fera de la lutte contre la corruption une constante nationale. D'ailleurs la nouvelle commission permanente, a pris la relève pour étudier les dossiers qui n'ont pas été encore traités et qui lui ont remis par la commission nationale d'investigations sur la corruption.