Par Fatma Bouamaied Ksila - Dans la nuit du 27 au 28 septembre dernier, dans la ville de Pantin, située dans la banlieue nord de Paris, un incendie a éclaté dans un squat insalubre appartenant à la municipalité faisant au moins six morts et trois blessés....Toutes les victimes sont des migrants arabes : quatre tunisiens et deux égyptiens.....Le feu s'est déclaré dans le bâtiment de deux étages vers 6 heures du matin et les pompiers n'ont pu venir à bout du sinistre que vers 7h15 . A midi, ces derniers sont toujours à la recherche d'autres victimes potentielles.... Ces difficultés de secours s'expliquent par le fait que l'immeuble abandonné était muré et devait être détruit prochainement. D'après la préfecture de Seine Saint-Denis, c'est une bougie qui est à l'origine de ce drame qui, semble t–il, a surpris les victimes dans leur sommeil. L'enquête qui suit encore son cours démontre que quatre victimes sont mortes brûlées et deux sont décédées par asphyxie....Le nombre total des occupants des lieux la nuit du sinistre varie entre Vingt et trente jeunes arabes, selon plusieurs sources. Selon le jeune égyptien Omar SAID, un des miraculés sauvé in extremis, ce trou de rat est occupé par ces réfugiés d'infortune depuis plus de trois mois, après avoir passé des semaines voire des mois à errer dans les parcs parisiens et à dormir sous les ponts ou dans les bouches du métro, avant d'en être chassés. Et face à la politique du dos tourné de l'Etat, et afin d'éviter le pire, la Mairie de Paris a débloqué durant le mois de mai un million et demi d'euros pour venir à l'aide de ces jeunes réfugiés . Seulement cette aide a pris fin le 31 août et le foyer Aurore a cessé tout hébergement depuis....Ce qui a aggravé d'avantage les condition de vie de ces jeunes migrants, des conditions jugées encore plus précaires et plus désastreuses que jamais. Il faut dire que le traitement infligé aux jeunes tunisiens est indigne, surtout quand on sait pour la plupart est titulaire d'un permis de séjour temporaire délivré par l'Italie, lui assurant des droits.... l'Etat français n'est présent qu'avec ses CRS menant à leur encontre une chasse aux sorcières en bonne et due forme faite de rafles policières quasi quotidiennes et d'arrestations arbitraires afin de les pousser à bout pour qu'ils reprennent le chemin du retour.... C'est la seule politique mise en vigueur et la seule réponse apportée à leurs attentes, aussi répressive qu'humiliante, une réponse qui ne tient aucun compte de la dimension humaine ni des situations de guerre et/ou de violence extrême que connaît notre région. C'est la raison pour laquelle, la responsabilité du gouvernement français dans ce drame de la misère est totale.....Et quand on nous chante leur solidarité à nos révolutions, cela sonne comme un mensonge éhonté qui ne peut tromper personne ! Rappelons-nous qu'en 2008, un accord signé entre Paris et Tunis prévoit un objectif de 9.000 entrées par an dont 3.500 salariés. Au cours de l'année 2010 , seuls 2.700 tunisiens sont arrivés en France.....Alors la question qui se pose : Pourquoi l'Etat français n'a t–il pas respecté ses engagements et mis en application les accords bilatéraux signés avec la Tunisie, surtout dans ces moments bien particuliers que traverse notre pays ? Mais le plus dramatique, c'est que ce discours xénophobe n'est pas une exception française, c'est la politique officielle de toute l'Union européenne. Le 18 juin 2008, le Parlement européen a adopté ce qu'on appelle la « directive retour qui vise à fixer des procédures communes au retour dans leur pays d'origine ou tout Etat tiers des citoyens non ressortissants d'un Etat de l'Union en situation irrégulière sur le territoire de l'Union....Son article 7 prévoit une décision de reconduite d'un étranger après un délai allant de 7 à 30 jours. A l'expiration de ce délai la mesure d'éloignement est exécutable.....C'était un vote sans appel puisque 367 voix sont favorables, pour 206 voix hostiles et 109 abstentions. C'est dire que ce traitement indigne fait partie de cette grave crise qui frappe ce continent ; oui, avant d'être économique et financière, cette crise est avant tout de valeurs !