« La première anthologie de la littérature espagnole contemporaine en arabe » est le titre d'un ouvrage incluant 111 poèmes traduits de la langue espagnole à l'arabe par la traductrice tunisienne Meimouna Laouini, le traducteur iraquien Abdul Hadi Saadoun et avec la coordination du professeur Raja Yassine Bahri. La publication de cette première anthologie en Tunisie a fait l'objet d'un séminaire le 24 novembre 2011 à Beit al-Hikma, en présence du ministre de la culture, le consul de l'Espagne, le directeur de l'Institut Cervantès et un grand public d'universitaires et d'étudiants tunisiens et de poètes espagnols. La séance inaugurale du séminaire a été consacrée à la représentation de l'ouvrage en question et, à la récitation de quelques poèmes en espagnol et en arabe accompagnée d'un morceau musical à la guitare , suivie de chansons arabes dont le rythme est teinté de flamenco. Le second volet a porté sur l'importance de la traduction et ses enjeux dans les pays de la Méditerranée, compte tenu des rapports tuniso-hispaniques remontant à l'ère carthaginoise en se prospérant tout en prospérant particulièrement, en Andalousie à l'époque de Ibn Rouchd, Ibn Hazm, Ibn Toufail et Ibn Zaidoun. L'intérêt potentiel de la traduction a été soulevé par des interventions de la part de plusieurs traducteurs: Mokhtar Laabidi, Abdul Hadi Saadoun et Mohamed Laouini. Suite à cela, il y avait les communications des critiques littéraires: le poète espagnol, Manuel Gahete Jurado dont l'intervention s'intitule «le théâtre espagnol à partir des écrits de Cervantès ». Ensuite celle de José Sarria Cuevas sous le titre «La perspective de la poésie espagnole à la fin du XXème siècle et puis la communication de Leila Boukraâ, « le théâtre espagnol postmoderne ». Pourquoi un tel intérêt à une anthologie de traduction de la langue espagnole à l'arabe ? Cet ouvrage qui est le constat d'un effort collectif d'universitaires tunisiens et de traducteurs met en lumière un pan considérable de la littérature espagnole de la fin du 19ème siècle jusqu'au début du 21ème siècle. A travers les textes annotés, le lecteur se trouve en face d'une palette variée de thèmes et où la connaissance de l'Autre s'avère fort importante pour un meilleur échange ontologique. Composé de deux parties, l' ouvrage, donne à voir des textes sélectionnés en fonction de leur visée conceptuelle et stylistique entre la période qui date de 1898 jusqu'à 2008. La première section est complètement poétique alors que la deuxième inclut d'autres genres : roman et théâtre. Il est à remarquer que le choix de ces deux siècles n'est pas arbitraire dans la mesure où la période qui s'étale de la fin du 19ème siècle jusqu'au 20 ème siècle est convenue, manifestement, à être appelée «le second siècle d'or de la littérature espagnole" par référence au "1er siècle d'or", celui de Cervantès, Lope de Vega et Calderon de la Barca. En fait, l'histoire de la littérature espagnole est redevable à trois générations poétiques reconnues en Europe, à savoir celles, de 1898, 1914 et 1927 de Federico Garcia Lorca. L'anthologie en question retrace une partie cruciale de "la carte littéraire espagnole," notamment, les textes parus en et après 1898. Cette date représente un tournant dans l'histoire de l'Espagne car elle venait, en cette période là, de perdre sa dernière colonie en Amérique Latine: Cuba. Chose qui a modifié le regard de ses écrivains quant à leur réalité postcoloniale et les a amenés à substituer des sujets tels que le romantisme et la nostalgie au révolu au profit d'autres plus adaptés à leur vécu et loin des idées- cliché. Le lecteur de cette anthologie pourrait bien se retrouver dans l'un des textes traduits car quoi qu' on dise des traductions «les belles infidèles », la traduction restera une passerelle pour communiquer avec l'Autre et l'interpeller!