«Le terme de démocratie, qui est si plein de consonances modernes déjà enracinées dans la vie contemporaine, et qui semble connue d'avance, l'est en réalité moins que jamais . Elle est désormais la finalité d'une humanité qui n'a pas à proprement d'histoire démocratique en tant que telle, mais par conséquent, à la majorité gagnante dans l'assemblée constituante leur existence, pour faire qui doit se la forger de toutes pièces, sans faire pour autant table rase de son passé »,a écrit Hélé Béji. Durant la seconde journée du congrès intitulé « les nouveaux imaginaires démocratiques »organisé par l'Académie de la latinité en partenariat avec le Collège international de Tunis et le Forum international de Réalités, le processus démocratique était au centre des différentes conférences. Bien évidemment, le cheminement de la démocratisation des institutions tunisiennes postrévolutionnaires pourrait être approché différemment en fonction des plateformes idéologiques de chaque parti. Terminologiquement parlant, la démocratie est l'exercice d'une collectivité qui bénéficie de ce que l'ex-ministre espagnol, Felipe Gonzalez, appelait ''la représentativité'' qui se manifeste via des modalités structurelles bien déterminées telles que le vote donnant lieu à des instances représentatives des aspirations de leurs peuples. Afin d'éviter la dérive “des utopies régressives'', pour reprendre ainsi un terme employé par Candido Mendes, le secrétaire général de la latinité, la communauté qui se veut démocratique devrait se lancer dans une logique réconciliatrice plutôt que de se laisser scinder en groupes idéologiques entretenant des rapports conflictuels. Car à qui profite le différend voire la tension ? Aux détracteurs de la nouvelle démocratie émergente qui, à un stade préliminaire, tâtonne sa voix pour se concrétiser pleinement compte tenu que rien n'est donné d'emblée .Il est question de forger son itinéraire en ayant à l'esprit que « la démocratie est l'exercice du probable et non pas du possible », souligne-t-il. De même qu'il n'a pas manqué d'encourager les nouvelles optiques politiques en avançant l'exemple de l'Europe dont « la fatigue de la gauche et la vieillesse de la droite » l'ont minée et restreint son imaginaire démocratique. Dans ce même contexte, Samir Nair, met en garde d'un rebondissement de régimes néo-despotiques fondés sur la clôture propice à produire des métastases et, également, mène à « la complexification des sociétés » selon le grand sociologue français Edgar Morin. C'est pourquoi la société, explique-t-il, ne devrait pas être condamnée à jouer le rôle de la spectatrice face à l'intégrisme religieux et qu'elle doit assumer sa responsabilité entière en tant que partie prenante dans l'élaboration de son propre projet social. Pour mieux corroborer l'idée de l'autonomie et l'émancipation, l'intervenant avance l'expression de''l'Etat anthropomorphique'', c'est-à-dire, un Etat sujet, dépourvu de sa souveraineté et liberté. Ses institutions ne sont qu'un apparat servant à camoufler ses rouages corrompus, or il est, en état de pourriture qui ne cesse de causer de profondes fissures dans ses structures fonctionnelles et à entraîner“une brèche bouleversante “entre ses différentes classes sociales. En réaction contre une vision politico-sociale bornée, le professeur Mohamed Haddad, corrobore que la Tunisie a reconnu à un certain moment de son histoire une aspiration à une démocratie sociale en 1864 qui a duré deux ans lors du règne de Khair-Eddine par l'établissement d'une monarchie constitutionnelle. A l'heure actuelle, il est fort important de relire l'histoire de la Tunisie au XIX siècle, notamment, la révolution de Ben Khdehom pour tirer des enseignements utiles pour le présent. Outre cette référence au passé, le conférencier a démontré que «la religion est un vecteur essentiel » étant à la base de la pensée des partis politiques arabes aussi bien an Maghreb qu'en Orient. Le penseur islamiste égyptien Saïd Kotb était contre une constitution parlementaire, dit-il , quand il était au sein du parti “del Ikwan el mouslimine'' créé en 1928. A la lumière des précédentes expériences, l'intervenant ajoute, qu'il ne faut pas céder à “un déni du réel'' et refuser, preuve de démocratie .