La Maison de France fait, jusqu'au 30 décembre courant, les honneurs de la cimaise aux toiles signées Saïda dont l'exposition porte un nom de baptême assez original « Peintures inoxydables», à l'image de ses thèmes de prédilection. Fraîche émoule de l'Institut Supérieur des Arts et Métiers de Sfax, Saïda Arous, n'en a pas moins posé parallèlement quelques premiers jalons de son parcours professionnel avec deux expositions collectives à la Kasbah en 2009 et 2010. S'estimant aujourd'hui en mesure de prendre son élan, la maturation de son art aidant, elle se décide à tenter l'aventure à travers une première exposition individuelle accueillie par la Maison de France. L'exposition offre à voir des tableaux d'une magnifique beauté. Dès le premier coup d'œil, le contact visuel est favorable et le regard conquis, gagné par un sentiment enveloppé de quiétude. Le moment est à l'admiration à laquelle il est difficile de se soustraire, tellement l'harmonie des couleurs flirte avec la perfection. C‘est du moins l'impression communiquée à tout profane, par les toiles de Saïda Arous. L'appréciation impressionniste, par définition fugitive, faisant vite de céder la place à la curiosité et au questionnement, l'artiste s'est prêtée volontiers à son rôle de guide initiatique. Ses toiles s'articulent en fait autour d'un thème unique : des scènes de la vie quotidienne fixées invariablement dans la cuisine. Des scènes réelles puisées dans le vécu quotidien dont elle saisit le reflet dans des couvercles d'ustensiles en inox. Adepte de l'art abstrait, elle est interpellée non pas par le réel mais par l'image virtuelle que renvoient, distordues, floues et nébuleuses, les objets-miroirs, véritables prismes déformants. Munie d'un appareil photographique numérique, elle fixe ou plutôt fige furtivement l'image vaporeuse d'une scène de tous les jours - tel un repas en famille - renvoyée par la surface du métal, avant de la transposer sur sa toile. La traduction en peinture déborde cependant la vulgaire reproduction d'une copie. Grâce à l'alchimie magique de la création, la transposition de la photo se mue en une oeuvre d'art marquée de la touche particulière à la plasticienne comme cela transparait dans le choix des couleurs chaudes et froides, dans la gamme chromatique. Des couleurs qui traduisent parfaitement l'ambiance qui règne dans la cuisine, espace par excellence de l'alternance de la chaleur, voire même de l'ardeur, et du froid, ou de l'animation et du silence pesant, selon la présence ou l'absence des gens de la maison. En somme, l'exposition mérite le déplacement.