Cette fois-ci Souad Chehibi se met de la partie, on aimerait presque dire de la patrie tant ses œuvres, exposées à la Maison de la culture Ibn Rachiq jusqu'à la fin du mois, témoignent de cette intensité ardente de mettre en scène la révolution tunisienne à laquelle l'artiste dédie son exposition intitulée: « La Révolution de l'amour et de la Karama ». C'est le témoignage d'une artiste citoyenne qui est exprimé ici dans certaines toiles démesurées et aux couleurs rouge sang. Toujours cette passion pour les couleurs violentes qui se manifeste avec générosité et volupté chez cette peintre instinctive et boulimique. Déchaînée et débordante d'énergie, la peinture de Souad Chehibi, transportée par l'euphorie de la Révolution, résonne comme ces milliers de cris entendus dans les rues le 14 janvier. Des giclées de peinture recouvrent ses toiles sauvages sans cadre. L'espace délimité accueille les salves abondantes de peinture qui respirent la liberté. Un dynamisme débordant, reflet d'une richesse intérieure de cette artiste infatigable. Son exposition est une sorte de transe mystique aux couleurs flamboyantes dominée surtout par le rouge éclatant qui rappelle à la fois le sang des martyrs et la couleur du drapeau tunisien. Les toiles sont des abstractions lyriques où viennent s'incruster des extraits d'articles de journaux ayant traité de la Révolution. Un rapport avec le réel dans un univers imaginaire incendiaire dans lequel le langage pictural prend les formes d'un brassage entre réalité et rêve. La technique du collage et du montage permet d'exalter en toute liberté des paysages à la fois intérieus et extérieurs. L'utilisation de couleurs chaudes telle que le rouge exprime l'éclatement d'une révolte. On décèle dans certaines œuvres le rapport qu'entretient le peintre avec le mysticisme qu'elles représentent avec des touches de couleurs blanches ascendantes et dynamiques se situant entre transe et exorcisme. Ses toiles sont autant de chorégraphies mouvementées exprimant la passion de Souad Chehibi pour le monde secret et magique de la spiritualité qu'elle glorifie avec la richesse du graphisme et de la gestuelle propices au rêve et à la réflexion métaphysique. Elle laisse libre cours à l'interprétation de son univers pictural assez particulier. L'exposition est dédiée aux martyrs de la Révolution ainsi qu'à notre collègue Mohamed Hadef, disparu récemment.