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«Nous défendrons avec acharnement les spécificités de notre tunisianité» Emna Menif, instigatrice du Mouvement Centriste Démocratique ‘'Koulouna Tounès'' au Temps
«Dans son discours, le chef du gouvernement a manqué de précision» Emna Menif acteur politique indépendant vient de créer un nouveau mouvement centriste et démocratique « Koulouna Tounes » réunissant tous les représentants de la société civile à savoir les associations, les syndicats, les partis centristes et modérés et les indépendants. Emna nous livre dans cet entretien les objectifs de ce mouvement et son jugement sur l'actualité politique en Tunisie Le Temps : Tout d'abord comment est venue l'idée pour créer ce mouvement ? Emna Menif : Notre analyse de la situation actuelle, aussi bien dans une lecture des résultats des élections que celle du paysage politique, nous a conduit à nous arrêter sur l'importance de dépasser un faux débat à l'origine d'une bipolarisation stérile du peuple tunisien et qui ne correspond pas à notre réalité, de rassembler les forces démocratiques progressistes centristes et faire évoluer leur discours, et la nécessité de garantir une offre politique plurielle et des alternatives du projet sociétal, économique et social pour instaurer une démocratie pérenne. D'autre part, la situation politique actuelle impose le suivi vigilant et la mobilisation des acteurs politiques et de la société civile. Ces constats nous ont amené à créer ce mouvement qui a pour objectifs une veille politique et de proposition constructive, la participation à l'élaboration du projet sociétal en interaction avec toutes les catégories sociales et la contribution à l'effort de création d'une force politique centriste dans un parti unifié, autour d'un projet cohérent. Est-ce un mouvement indépendant ou un parti ? Qui sont ses membres? Il ne s'agit nullement d'un parti politique. Le constat de dispersion du paysage politique ne peut pas trouver de réponse dans la création d'un parti supplémentaire. "Kolna Tounes" est un mouvement citoyen formé par un groupe de citoyens, pour certains sans appartenance partisane ou ayant appartenu à des partis politiques qu'ils ont quittés, pour d'autres actuellement acteurs dans des formations politiques, de différentes régions du pays et de l'étranger, convaincus du rôle complémentaire que peuvent jouer les différentes composantes de la société civile entre elles et leur apport au champ politique. Quel projet de société défendez-vous? Notre volonté est de défendre les spécificités de notre " Tunisianité "avec la richesse de son patrimoine historique, son attachement à ses racines arabo- musulmanes et son identité progressiste et de consolider notre ancrage dans la modernité, modernité qui profite à toutes les catégories de la société tunisienne, qui consacre les valeurs de Démocratie, de Liberté, d'Egalité entre les citoyens et particulièrement entre les hommes et les femmes, d'égalité des chances et d'équité sociale. Est-ce un mouvement centriste? Ce n'est pas un parti politique, par conséquent il n'est pas opportun de le positionner de la sorte. Néanmoins, nous pouvons affirmer notre proximité avec le courant centriste. Est-ce une coalition de partis? Encore une fois, il ne s'agit pas d'une formation politique partisane. Mais nous avons l'ambition de participer au rapprochement entre les formations politiques qui pourraient permettre l'émergence d'un parti centriste qui pourrait incarner une alternative politique crédible et créer l'équilibre sur la scène politique. Comment jugez-vous l'actualité politique notamment la constitution du nouveau gouvernement? Pensez-vous que la femme est assez représentée? Il y'a beaucoup à dire tant sur la forme que sur le fond. Le gouvernement reste pléthorique et les femmes y sont cruellement peu représentées, il est dominé par un parti qui s'est octroyé, en particulier, les ministères régaliens, et avec des critères de choix qui ne semblent pas uniquement reposer sur la compétence. Il y aurait même un sérieux problème avec la nomination du ministre des affaires étrangères étant donné ses relations plus que privilégiées avec un Etat étranger et les risques de sérieux conflits d'intérêt. Sur le fond, le chef du gouvernement dans son discours à manqué de précision. Il n'a pas présenté un programme avec une feuille de route, des objectifs et les moyens de les atteindre. Il s'est plus agit de déclarations d'intention. Selon vous quelle est la priorité de ce nouveau gouvernement? La relance économique et la création d'emplois sont des chantiers urgents et nécessitent un apaisement du climat social. Cela ne nécessite d'ailleurs pas la création d'un conseil national, annoncé par le chef du gouvernement. Les partenaires sociaux ont tous appelé à ce contrat social et s'attelleront à son élaboration. Par ailleurs, le dossier du développement régional doit être pris en main très vite pour apporter une réponse aux jeunes des régions défavorisées et qui ne voient rien changer dans leur quotidien.