La Banque centrale de Tunisie ne serait plus disposée à financer les voyages des Tunisiens à l'étranger. Les représentants de la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages (FTAV) se sont vus annoncer mercredi au cours d'une réunion que la BCT n'avait prévu aucun budget pour les voyages out-going pour l'année 2012. Ce budget, initialement établi à 10 MD depuis l'année 2006, avait pour objet de permettre aux Tunisiens de payer diverses prestations à l'étranger (hôtels, location de voiture, transferts, etc.) en dinars tunisiens en toute transparence en passant par une agence de voyages agréée. Ce montant a même atteint 23 MD en 2010 moyennant des rallonges successives approuvées par les différentes parties intervenantes (BCT, FTAV, ONTT et ministère du Tourisme). Ce retour en arrière est jugé très grave par la communauté des agences tunisiennes spécialisées dans l'organisation des voyages à l'étranger qui espérait au contraire obtenir cette année un budget de 30 MD, soit moins de 1% des recettes globales du secteur touristique (3500 MD en moyenne ces dernières années) auxquelles contribuent ces mêmes opérateurs. Cette situation risque de mettre en péril la survie de plusieurs centaines d'agences de voyages dont c'est devenu l'unique gagne-pain notamment depuis la chute des arrivées touristiques en Tunisie. Ensuite, cette décision va de nouveau ouvrir la porte aux pratiques d'antan en matière de devises et aux spéculations qui en découlent. Si pour les responsables de la Banque centrale, les voyages à l'étranger sont devenus superflus, ils semblent oublier que la décision de libéraliser partiellement le secteur il y a 5 ans avait redonné leur dignité aux Tunisiens en leur permettant de payer leurs séjours d'affaires ou de loisirs dans leur monnaie locale en toute légalité. Aux dernières nouvelles, des responsables de la BCT auraient proposé aux agences de voyages une solution alternative bien saugrenue. Il s'agirait pour chaque agence d'ouvrir un compte en dinars tunisiens convertibles et de procéder au change eux-mêmes sur les passeports de leurs clients. Une solution techniquement et légalement tellement compliquée qu'il serait plus facile de préserver l'ancienne procédure qui a au moins l'avantage de garantir à l'Etat un contrôle sur tous les transferts.