Rien dans les travaux de la Consultation nationale sur le développement , ouverte, jeudi 19 janvier, à Tunis, ne reflète une orientation sérieuse vers une révision réelle du schéma de développement économique suivi, jusqu'à présent, en Tunisie, selon des spécialistes qui s'attendaient , à cette occasion, à des déclarations fracassantes de la part du gouvernement. Lors de leurs précédentes apparitions publiques, le premier ministre, Hamadi Jébali, et autres ministres avaient mis l'accent sur la nécessité de substituer au modèle de développement adapté, jusqu'à présent, et source de tant de maux, un nouveau modèle de développement économique plus adapté au nouveau contexte. En donnant le coup d'envoi, jeudi 19 janvier, à Tunis, à la Consultation nationale sur le développement organisé par le ministère du développement et de la planification, jusqu'à la fin de ce mois, le premier ministre et les autres responsables du gouvernement n'ont fait que réitérer cette même exigence, dans l'abstrait, se contentant, pour le reste, de proposer des réajustements ressassés, sans cesse, depuis l'époque bourguibienne, à l'instar du recentrage des priorités, l'équilibre régional, la judicieuse exploitation des ressources nationales, naturelles et humaines. Même l'idée en apparence nouvelle concernant l'autonomisation de l'économie nationale et sa soustraction de son état d'économie de sous – traitance, dépendante de l'étranger dans laquelle elle s'était confinée, est, en réalité, très vielle. L'appel à faire passer la Tunisie de la position de consommateur sur le plan industriel, à celle de producteur avait, toujours, été en vigueur, depuis l'indépendance. Pour les spécialistes, un projet de révision réelle du modèle de développement économique doit porter, principalement, sur le règlement définitif du statut du secteur public en matière économique, de sorte que le premier point à soumettre à la consultation nationale est la détermination du sort à réserver au secteur public, et par voie de conséquence le rôle de l'Etat, en général. L'avis le plus logique à attendre des citoyens tunisiens, à ce propos, est, sans doute, de réclamer une réduction maximale, voire, la suppression totale de toute intervention de l'Etat dans le domaine économique et la vie publique et privée, car, tous les problèmes et toutes les crises que la Tunisie a connus, sous l'ancien régime de Ben Ali, et bien avant, provenaient du pouvoir excessif conféré à l'Etat, à l'administration, et au Chef de l'Etat. Cette anomalie avait permis à l'appareil gouvernemental et administratif, d'exploiter facilement les rouages étatiques et les moyens énormes de l'administration, au service d'intérêts particuliers étriqués. Dans le langage commun, la réduction substantielle de l'interventionnisme étatique signifie la libération totale de toutes les activités économiques, y compris celles qualifiées, faussement, d'activités stratégiques, comme la production d'électricité, d'eau, l'extraction des matières premières, la construction et l'exploitation des routes et des chemins de fer, outre l'instauration de l'égalité économique complète, à travers l'élimination du système discriminatoire des autorisations administratives. Ainsi libéré, l'Etat et ses rouages auront pour tâche de veiller, d'en haut, au bon fonctionnement du système, laissant à chacun le soin de s'occuper de ses affaires propres. D'ailleurs, les experts dans le monde entier aspirent à parvenir à un système politique où le gouvernement, quelle que soit sa couleur politique, serait ramené à une sorte de structure administrative ayant pour seul rôle l'expédition des affaires courantes. La libération économique totale va, parfaitement, dans le sens des principes de la Révolution tunisienne proclamée, comme étant la Révolution de la liberté et de la dignité et dont la première étincelle avait été l'indignation et la rébellion contre des réglementations administratives injustes, c'est-à-dire appliquées de manière discriminatoire. Salah Ben HAMADI