Les décisions annoncées, ces derniers mois, en vue d'impliquer davantage les entreprises économiques en Tunisie dans la promotion des activités de recherche et d'innovation technologique ont été accueillies avec intérêt, car la très faible participation des entreprises économiques tunisiennes publiques et privées, dans ce domaine, continue d'être l'un des points faibles du modèle de développement économique appliqué en Tunisie, malgré la grande importance politique accordée à la question. Ces nouvelles décisions font partie des grandes orientations de politique économique inscrites au programme gouvernemental pour les cinq prochaines années. Dans cet esprit, les grandes entreprises nationales seront amenées à consacrer 1% de leurs chiffres d'affaires aux activités de recherche et d'innovation technologiques, tandis que les différentes entreprises économiques publiques et privées devraient être dotées d'unités de recherche. Au même moment, le tiers des dépenses publiques allouées aux activités de recherche et d'innovation technologique sera dirigé vers la promotion de l'innovation technologique, en particulier. L'enveloppe publique consacrée à ce domaine dans le cadre du budget général de l'Etat tunisien est, pourtant, assez substantielle et atteint actuellement 1,3% du PIB et elle doit passer à 1,5% du PIB en 2014, soit près d'un milliard de dinars. Les activités de recherche et d'innovation technologique restent menées et financées, jusqu'à présent, par l'Etat, au sein de centres et de laboratoires publics, dans le cadre de programmes et de projets nationaux de recherche et d'innovation technologique fédérant pratiquement tous les rouages et tous les établissements étatiques. Restructuration générale L'autre mesure qui a été prise, à cet effet, est le rattachement du secteur de la technologie, au ministère de l'industrie, de l'énergie et des PME, devenu à la faveur du récent remaniement ministériel ‘'ministère de l'industrie et de la technologie'', alors que la technologie était rattachée, auparavant, au ministère en charge de la recherche scientifique. Cette attention prêtée à la promotion de l'innovation technologique intervient au moment où le gouvernement a mis en œuvre, depuis plus d'un an, une nouvelle stratégie nationale industrielle à l'horizon 2016 et il projette de procéder à une refonte totale du Code d'incitation aux investissements, de manière à adapter ses dispositions aux exigences du nouveau contexte national et international. L'une des orientations devant guider cette révision radicale du Code d'incitation aux investissements tend justement à favoriser les investissements dans les secteurs prometteurs, à fort contenu en savoir et en technologie, et amis de l'environnement, ainsi qu'à encourager les entreprises à orienter leurs investissements dans le savoir et les nouvelles technologies, en vue d'améliorer leurs systèmes de production et de prestation de services. Un des objectifs stratégiques fixé dans ce domaine est de faire en sorte que la productivité contribue, dans la proportion d'au moins 50%, à la croissance du PIB. Devenir producteur de technologie Cependant, certains analystes préfèrent insister, à ce propos, sur la nécessité de mettre à profit ces nouvelles orientations pour se hisser au rang de producteur de technologie. En dépit du développement considérable enregistré par son secteur industriel, La Tunisie reste un consommateur de la technologie et des procédés technologiques de production, à plus de 80%, voire davantage. Le tissu industriel en Tunisie est partagé entre des entreprises étrangères, notamment occidentales, implantées dans le pays parce qu'elles y trouvent leur compte et des entreprises locales totalement importatrices de technologies et de procédés technologiques. Or, le mérite de l'innovation technologique est qu'elle porte sur l'amélioration et le développement des performances de procédés technologiques existants, elle n'est pas de l'invention. Cependant, rien de vraiment spectaculaire n'a été réalisé, sur ce plan, en Tunisie, en comparaison avec certains pays émergents connus, du même niveau de développement que la Tunisie, en Asie du Sud Est et ailleurs. Dans sa version actuelle, le Code d'incitation aux investissements comporte divers encouragements à l'innovation technologique et à la recherche pour le développement au profit des entreprises publiques et privées ,comme la prime de recherche pour le développement qui couvre le développement de nouveaux procédés technologiques, mais, de l'avis de l'administration et des structures d'appui aux entreprises, très peu d'entreprises et de promoteurs en ont profité, depuis l'adoption de ce Code,il y a 15 ans.