• Un parc de 19 mille voitures dans 490 sociétés ; 194 millions de dinars mal alloués* • Nécessité d'une centrale d'achat des voitures et du respect de la déontologie La location de voitures est un secteur dont l'activité a connu un développement important. Seulement, la réglementation le régissant n'a pas suivi. Dans ce contexte, les professionnels de la location de voitures réclament depuis plusieurs années l'actualisation du cadre réglementaire du secteur pour l'adapter aux nouvelles caractéristiques du marché. C'est ce qui ressort du séminaire organisé par la chambre nationale des loueurs de voitures à Hammamet. Ce secteur comme l'a souligné M Lassad Mestiri Président de la chambre qui estime que cette activité pèse lourd dans l'économie du pays « Nous comptons dit –il environ 490 sociétés et un parc de plus de 19 mille véhicules soit des investissements de plus de 194 millions de dinars. Le chiffre des transactions avec les sociétés de leasing dépasse 61 millions de dinars tandis que la valeur globale des contrats d'assurance a atteint plus de 21 millions de dinars. Le secteur génère près de 116 millions de dinars en devises, 4 millions de dinars au profit de l'impôt annuel sur les véhicules en circulation (vignette) et des transactions de l'ordre de 38 millions de dinars en matière des pièces de rechange. Toutefois avoue t-il ces chiffres n'incitent pas à l'optimisme. Les loueurs de voitures passent par des moments difficiles. Ils ne sont pas sortis de l'ornière en cette période difficile malgré leurs efforts de booster cette activité qui patauge encore. Plusieurs problèmes entravent ce secteur et là je peux citer l'augmentation sans cesse croissante des prix de voitures, le problème du leasing qui étouffe l'activité. En effet les sociétés de leasing qui accordent des crédits pour la création des sociétés. Ces sociétés doivent soutenir ce métier fragilisé par la crise du tourisme et essayer de rééchelonner les dettes des promoteurs sans augmenter le taux d'intérêt. Imed Ghannouchi, président de la chambre syndicale des loueurs de voitures du Cap Bon ne mâche pas ses mots« Notre activité est très touchée. Depuis le 14 janvier, elle accuse une chute sensible avec une baisse de 80% des chiffres d'affaires et une diminution des postes d'emplois. Tout d'abord ce secteur compte actuellement 480 agréments contre 198 en 2003. Saturé, ce secteur a connu de plus en plus d'intrus à cause des concessionnaires qui se sont mis à inonder le pays en voitures sans se rendre compte des besoins réels du secteur » Non aux intrus ! Hichem Skandaji secrétaire général de la chambre estime que le secteur est saturé « Plusieurs intrus souligne-t-il à cause des concessionnaires qui se sont mis à inonder le pays en voitures sans se rendre compte des besoins réels du secteur. Ces agences ouvertes clandestinement ne payent ni impôt, ni fiscalité. Elles concurrencent d'une façon déloyale le secteur en bradant les prix. La voiture louée à deux cents dinars la semaine alors que le prix réel, varie entre 350 et 400 dinars. Cette casse des prix nuit à notre activité surtout que nous sommes tenus de payer presque 750 dinars par voiture au leasing. La situation est alarmante et nous sommes incapables d'honorer nos échéances face à cette vague d'intrus. La sous-traitance nuit aussi à notre activité. Plusieurs sociétés de location affectent une partie de leur parc en sous-traitance en les louant à des particuliers qui pratiquent des prix bas : la location de la voiture à 20 dinars par jour alors que le prix réel est fixé à 40 dinars. Le cahier des charges n'est jamais respecté. Aucun contrôle sur l'état des voitures et les prestations offertes» La relance du secteur doit être basée sur une vision claire et réfléchie comme l'ont appelé les professionnels. Ridha Khalef appelle à arrêter l'octroi des agréments durant cinq ans étant la saturation du marché et estime qu'il faut passer de 25 à 30 voitures pour chaque exploitant. C'est une question de rentabilité étant le coût élevé de l'exploitation » M Mestiri a recommandé au nom des agences de location de voitures de maîtriser les prix des pièces de rechange, appelant le Gouvernement à intervenir auprès des sociétés d'assurance afin que celles-ci adoptent des solutions exceptionnelles au profit des entreprises endommagées (vols et incendies) au cours des évènements survenus lors de la Révolution du 14 janvier. « Le secteur nécessite une réorganisation à la lumière de l'apparition de pratiques nuisibles à la profession, telles que la location via sous-traitance ou sans contrats, l'exercice de la profession sans disposer d'un local, et ce, dont l'objectif de regagner la confiance des clients » Hichem Skandaji a suggéré la création d'une centrale d'achat des voitures, pièces de rechanges et des contrats d'assurance, soulignant que la réduction du nombre des intervenants garantira la maîtrise des prix, la révision à la baisse du taux de TVA de 18 à 12% pourra aider le secteur à retrouver sa vitesse de croisière et l'octroi des crédits bancaires à titre exceptionnel pour assurer les emplois et l'entretien des véhicules e t surtout l'élaboration d'un nouveau cahier de charges pour réorganiser l'activité . Ceci sans oublier la révision d'octroi de la carte grise, la visite technique, le problème du radar, les prix des pièces de rechange, la vignette, le remorquage, le vol, la standardisation des contrats de location. Les professionnels ont appelé à respecter la déontologie de la profession et des règles de concurrence loyale dans le secteur. D'où la nécessité d'élaborer une charte de déontologie entre les loueurs fixant un code de conduite. La présente charte de déontologie vise donc à rappeler ces obligations, afin d'assurer l'information des intéressés et de leur permettre de disposer d'un guide pratique de bonne conduite. L'adhérent s'engage à tout faire pour respecter les règles de déontologie de la profession auxquelles doivent se conformer tous les acteurs du réseau. Cette charte doit être acceptée, respectée, signée et appliquée par toute la profession. C'est une sorte de contrat moral entre les professionnels qui doivent respecter leurs engagements. Ce code de conduite doit être fondé sur des rapports confiants et harmonieux. Nul doute que cette approche contribue à revaloriser les relations entre professionnels et éviter ce manque de déontologie. En clôturant les débats, M Mestiri a insisté sur la nécessité de l'accompagnement du secteur et de sa réorganisation afin d'améliorer ses capacités de relance du développement de l'économie et de création d'emplois. La présence de Aissa Hidoussi du secteur du leasing et Majdi Khilifi de l'assurance a permis d'enrichir le forum et d'éclaircir certains problèmes qui entravent l'activité. Ceci dit cette profession a besoin du soutien de tous les professionnels qui sont appelés à adhérer à leur chambre et l'appuyer dans la recherche des solutions urgentes durant cette période difficile.