• Sous-traitance, intrus, bradage des prix, charges élevées.... - Les chiffres récents n'incitent pas à l'optimisme. Les loueurs de voitures passent par des moments difficiles. Ils ne sont pas sortis de l'ornière en cette période difficile malgré leurs efforts de booster cette activité qui patauge encore. L'activité de location de voitures patauge à en croire les premières données recueillies auprès de la chambre syndicale des loueurs de voitures du Cap Bon. Imed Ghannouchi, président de la chambre syndicale des loueurs de voitures du Cap Bon ne mâche pas ses mots« Notre activité est très touchée. Depuis le 14 janvier, elle accuse une chute sensible avec une baisse de 80% des chiffres d'affaires et une diminution des postes d'emplois. Plusieurs agences sont incapables de payer les salaires de leur personnel, les échéances de leasing, des banques, des taxes, de la CNSS. La baisse de l'activité touristique a freiné le secteur qui a du mal à fonctionner. Tout d'abord ce secteur compte actuellement 480 agréments contre 198 en 2003. Saturé, ce secteur a connu de plus en plus d'intrus à cause des concessionnaires qui se sont mis à inonder le pays en voitures sans se rendre compte des besoins réels du secteur. Figurez-vous à Hammamet, on compte une agence de location tous les 100 mètres ! Il en résulte que certains vendeurs de tapis ou artisans sont devenus aussi de loueurs de voitures avec deux ou trois voitures. Ces agences ouvertes clandestinement ne payent ni impôt, ni fiscalité. Elles concurrencent d'une façon déloyale le secteur en bradant les prix. La voiture louée à deux cents dinars la semaine alors que le prix réel, varie entre 350 et 400 dinars. Cette casse des prix nuit à notre activité surtout que nous sommes tenus de payer presque 750 dinars par voiture au leasing. La situation est alarmante et nous sommes incapables d'honorer nos échéances face à cette vague d'intrus. La sous-traitance nuit aussi à notre activité. Plusieurs sociétés de location affectent une partie de leur parc en sous-traitance en les louant à des particuliers qui pratiquent des prix bas : la location de la voiture à 20 dinars par jour alors que le prix réel est fixé à 40 dinars. Le cahier des charges n'est jamais respecté. Aucun contrôle sur l'état des voitures et les prestations offertes» Il est vrai ajoute Néjib Essid chef d'agence de location ce secteur occupe une place importante dans l'économie tunisienne par les postes d'emploi qu'il contribue à créer, par les recettes en devises qu'il génère et par la dynamique de développement qu'il favorise. Mais les recettes sont en baisse depuis une dizaine d'années à cause de la qualité de la clientèle que la Tunisie accueille chaque année. Le tourisme de masse et l'all inclusive ont tué notre activité. Le paratouristique est quasi –nul. En cette période difficile, l'activité s'est encore détériorée même les Tunisiens qui ne louent plus sous prétexte que les voitures de location étaient utilisées par les milices de l'ancien régime si bien que certaines agences proposent le changement d'immatriculation bleue par des plaques noires » Des mesures urgentes pour la relance Le secteur de location de voitures est en panne. Il est donc appelé aujourd'hui plus que jamais à se remettre en cause et à combler ses failles à l'ère de la révolution. « Tout d'abord insiste Imed Ghannouchi il faudrait suspendre immédiatement toute création de nouvelles sociétés. Le marché est saturé. La révision du cahier des charges est indispensable. Les voitures de location doivent obéir à des normes internationales car il est inadmissible que certaines agences continuent à rouler avec des voitures ne disposant pas de pneus conformes et nécessaires à la sécurité de l'utilisateur. On enregistre chaque année 500 à 600 accidents corporels dus à un mauvais entretien du parc. La relance du secteur doit être basée sur une vision claire et réfléchie. Nous avons saisi le ministère du transport qui doit en cette période difficile aider le secteur. Au niveau des échéances, le ministère des finances a répondu à notre appel en acceptant de nous accorder un mois de report de paiement de nos impôts. Nous demandons aussi le report de paiement du leasing en 2012 et de nos vignettes au mois de juin ». Néjib Essid ajoute « Nous demandons au ministère du transport une exonération des taxes sur les voitures achetées auprès des concessionnaires à l'image des agences de voyages, des louages et des taxis. D'ailleurs, notre chambre syndicale pense à la création d'une centrale d'achat de voitures pour compresser les charges. La révision à la baisse du taux de TVA de 18 à 12% pourra aider le secteur à retrouver sa vitesse de croisière. L'octroi des crédits bancaires à titre exceptionnel est souhaité pour assurer les emplois et l'entretien des véhicules. La mise à niveau de cette activité passe aussi par une sensibilisation des professionnels et leur formation. Bref, une mobilisation de tous les intervenants est jugée indispensable. Des mesures urgentes, voilà ce qu'il faut pour relancer cette activité et l'assainir des intrus. L'objectif étant d'augmenter la compétitivité de ce secteur dans un contexte hautement concurrentiel.