Dans l'introduction de son ouvrage « Haddad et la presse d'expression française : Un aspect méconnu de la querelle », publié chez Ichraq Editions, Manoubia Ben Ghedahem disait « En 1935 disparaissait un des écrivains les plus controversés de l'espace littéraire tunisien. Il avait, cinq années avant sa disparition, suscité la polémique la plus violente et la plus incroyable de l'époque. Violente par l'étendue et l'intensité des réactions qui déferlèrent, tel un raz-de-marée de haine et d'intolérance, parce qu'elle entraîna, au XXème siècle, l'excommunication d'un homme. Qui était-il ? Qu'a-t-il bien pu écrire pour entraîner une telle levée de boucliers ? Cet homme n'est autre que Tahar Haddad, l'auteur « maudit », au sens propre du terme, s'il en est dans la littérature tunisienne, du fameux ouvrage « Notre femme dans la religion et la société ». Au CREDIF, se trouve une bibliothèque, fondée par Mohamed El May, consacrée à cet auteur et comportant plus de mille titres et dont une grande partie traitant de la querelle qui a suivi la parution de ce livre. Apparemment tout semble avoir été dit sur ce sujet, alors qu'un examen attentif fait ressortir cette aberration, il y a peu d'études en français, très peu même sur Tahar Haddad, comme si le sujet ne pouvait susciter plus d'intérêt. Et même dans cette querelle qui a fait couler beaucoup d'encre, il est un aspect qui a été peu étudié, c'est la réaction des journaux d'expression française. «Les journaux d'expression française qui constituent le corpus de cet ouvrage sont : «Le Croissant», «Tunis Socialiste», «La Voix du Tunisien», «La Tunisie française », et «Le Petit Matin». En outre cette réaction fut très limitée dans le temps, de la fin octobre 1930 au début du mois de janvier 1931, moment privilégié de la polémique, avec des retombées au mois de mars 1931, date du décès de Tahar Haddad, et au mois de décembre 1936, celle de sa commémoration. En effet, les réactions des journaux d'expression française ont été peu étudiées, pourtant c'est cette presse, plus libre qui allait permettre à la querelle d'évoluer, et de vrais défenseurs de Tahar Haddad eurent la possibilité de s'exprimer. A travers cette étude c'est tout un aspect de la Tunisie de l'époque qui apparaît, une Tunisie multiple, plurielle et en pleine mutation ». Avant d'entamer l'étude proprement dite de cette querelle et de son contexte sociopolitique, Manoubia Ben Ghedahem nous a présenté une bibliographie succincte de Tahar Haddad. Manoubia Ben Ghedahem est chercheur universitaire et enseignante à l'I.S.L.T. Spécialisée dans l'analyse des techniques de l'écriture, ses champs d'investigation sont multiples, dont la littérature tunisienne contemporaine.