Hier, dans l'après-midi, le SNJT, Syndicat National des Journalistes Tunisiens, a tenu une séance extraordinaire avec les représentants des médias pour débattre autour de la campagne gouvernementale et populaire patente contre la presse tunisienne. Plus de trois cent journalistes, de la presse écrite, télévisée, électronique, radiophonique et journalistes citoyens étaient présents. La salle, quoique spacieuse, était pleine à craquer, au point qu'une trentaine de nos confrères et consœurs étaient restées debout ou dans les couloirs écoutant attentivement ce qui se déroulait à l'intérieur. Certains médias étrangers ou ONG internationales ont eux aussi participé à la séance, certains par curiosité et d'autres pour comprendre la situation médiatique actuelle d'un pays où tout fourmille. Cette nouvelle Tunisie devenue un laboratoire à soubresauts instantanés. Depuis le déclenchement de la Révolution, le paysage médiatique a connu de grands chamboulements et a été jalonné par une multitude de dérapages, et d'accusations de toutes parts. Ayant travaillé durant deux décennies sous l'oppression benalinienne, la presse tunisienne, frustrée et muselée, ne pouvait exercer dans les règles de l'art. Avec l'avènement du 14 janvier, elle s'est émancipée, du moins, c'est ce qu'elle croyait…Affranchis du régime défunt, les médias tunisiens, a, en cours de route, perdu la confiance du peuple. Un mea-culpa était urgent. Un mea-culpa que, selon une partie de la société tunisienne, est venu en retard ou tardait à venir. Cette crise de confiance entre média et citoyen a préparé indirectement le terrain à ce que les nouvelles forces politiques actuelles, celles qui détiennent aujourd'hui le pouvoir, tissent leur toile et lance une campagne agressive ouverte contre les journalistes. Les intervenants, à l'instar de Zied El Heni (membre du bureau exécutif du SNJT), Néjiba Hamrouni (Présidente du NSJT) et Mongi Khadraoui (Secrétaire Général) ont énuméré les différentes interventions médiatisées des hommes politiques tunisiens. Des interventions portant des messages clairs qui incitent la populace à attaquer les médias, le traitant de fourbes et perfides. De fil en aiguille, des groupes de jeunes et moins jeunes Tunisiens annoncent la guerre aux médias, à commencer par la télévision tunisienne. Effectivement, les agressions ne se font pas attendre des deux parts. Hommes politiques (Le Chef du gouvernement Hammadi Jebali et son Premier Conseiller Mustapha Zitoun), élus de l'ANC et certains citoyens lancent simultanément une campagne visant la presse. Des incidents d'insultes, d'agressions morales et physiques, d'arrestations de journalistes voire de menaces de mort, et la liste est encore longue, se font de plus en plus nombreux et pullulent.
Limoger et attaquer la presse pour mieux l'instrumentaliser
Accusés d'être blasphématoires et mécréants, d'être contre le pouvoir, les médias tunisiens sont de plus en plus intimidés et menacés. Les intervenants parlent d'une manigance échafaudée pour instrumentaliser l'information et faire de la presse une alliée subalterne travaillant pour le parti dominant. D'autres affirment que toute cette orchestration a été établie afin de faire taire les médias qui dénoncent l'incompétence du gouvernement actuel. Face à un Chef de Gouvernement qui accuse les médias de refuser le résultat des élections et qui met en doute, dans sa déclaration à l'ANC, avant-hier, la véracité des attaques qui ont eu lieu contre les journalistes samedi dernier, les conférenciers et les journalistes présents dénoncent à l'unanimité de telles déclarations, qui prouvent la prise de position contre la liberté d'expression et contre tout travail journalistique transparent.
Droit à l'information, doit-on en sonner le glas ?
Maintenant que l'heure est grave, que les journalistes sont de plus en plus attaqués, agressés, menacés d'incarcération et de mort, un climat de terreur commence à s'installer dans le milieu médiatique. On tente par tous les moyens d'intimider la presse et d'étouffer l'information. Montrer, afficher et publier des images authentiques et véridiques de la situation désastreuse dans laquelle gisent depuis des mois certaines régions du pays, ne plairaient pas à tout le monde, surtout pas au gouvernement actuel qui voit dans la médiatisation des maux populaires, un miroir qui reflèterait la face hideuse de l'incompétence. La Gauche d'hier qui exhorte la populace à attaquer la presse, à manipuler l'opinion publique, en étouffant le droit de tout un chacun à l'information, rappelle le stratagème subtil de Ben Ali. Faire taire l'information, laisser passer des messages réjouissants d'un pays en détresse, auréoler le tout à travers une kyrielle de louanges factices du pouvoir en place ! Voilà en quelques mots comment peut-on gagner la sympathie d'un souverain… Durant la séance extraordinaire, Aymen Rezgui, membre du SNJT et président de la Commission des libertés au sein du syndicat a rappelé aux présents, avec un ordre chronologiques les différentes attaques, agressions, incarcérations et menaces dont ont fait l'objet médias et représentants de média. Il a rajouté que cette liste est exhaustive et que le 3 mai prochain, un rapport final des différentes agressions, avec date, identité du journaliste attaqué, de la nature de l'agression et de l'agresseur sera publié. L'ensemble des journalistes ont appelé à observer une grève générale très bientôt. Malek LAKDAR
Comme d'abitude, les salafistes sont sortis «Gouvernement on te soutiendra dans l'assainissement des médias»
Au moment-même où la séance extraordinaire du SNJT avait lieu, une foule énorme est sortie des mosquées, après la prière du vendredi, revendiquait l'épuration de la presse et criant : Gouvernement, on te soutiendra dans l'assainissement des médias ! » oignon samy lamjed klimawahda salami et oignon