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Le délire de pureté des régimes totalitaires
Chronique Par Gilles Dohès
Publié dans Le Temps le 31 - 03 - 2012

Tous les régimes totalitaires sont en guerre contre le temps. En effet, les totalitarismes définissent toujours un point de repère temporel (achèvement de la dictature du prolétariat, retour salvateur à une période mythique, avènement de la race pure, théocratie réalisant l'impérissable œuvre de Dieu, etc.) qui s'avère dès lors indépassable dans sa perfection. Une fois cet objectif atteint la réalisation humaine est considérée comme étant finie, car les totalitarismes se présentent toujours comme étant les seules et uniques utopies authentiques.
Au temps différentiel de la démocratie, ils vont préférer le temps répétitif de la dictature.
Les totalitarismes instaurent un temps bouclé sur lui-même, hermétiquement clos.
Un telrapport au temps sonne alors la fin de la pensée scientifique faisant le dynamismedes chercheurs et l'essor des universités, mais aussi de l'esprit critique et de la vie intellectuelle qui ne respectent pas le cadre « sacré » ou « authentiquement révolutionnaire » de l'orthodoxie, de la création artistique constamment soupçonnée de subversion et de la vie syndicale offrantuneplace dangereuse à l'éclosion des revendications populaires.
Par ailleurs, les régimes totalitaires requièrent systématiquement l'existence d'un peuple ou d'une nation ou d'un régime politique honni par rapport auquel ils vont se définir comme étant le seul rempart capable d'assurer le bien menacé de la communauté.
Les dictaturesconstruisent leurs propres possibilités,et vontassurerleur pérennité, grâce à un discours dichotomique articulé grâce à, d'une part, le refus catégorie de tout ce qui leur est étranger et, d'autre part, la soumission aveugle de sa population aux préceptes édictés. Et pour mieux marteler la doctrine, on utilisera un discours alarmiste ayant fréquemment recours à des images issues du monde médical ; l'on parlera alors « d'organisme », « d'organe », de « risque de contagion ».
Dans le même ordre d'idées, l'on n'exécutera bien sûr plus des opposants politiques, mais l'on débarrassera le corps de la nation de ses membres gangrénés, l'on ne rasera pas des villages entiers ne parlant pas la même langue ou ne pratiquant pas le culte officiel, mais l'on assainira le corps social, etc. Les régimes totalitaires sont des régimes fascinés par la pureté du contrôle absolu et à la tête desquels l'on trouve bien souvent de tristesfigures de la paranoïa (Hitler, Staline, Khadafi, Pinochet, etc.)
Ainsi fossilisée dans le cycle redondant qu'elle a patiemment instauré, il est ensuitetrès aisé àla dictature d'arriver à faire croireà sa population que l'autarcie est en véritél'autonomie,que le tarissement de la création artistique est en fait entreprise nationale de sauvegarde des véritables valeurs(valeurs incessamment exposées à la contagion extérieure)que l'omniprésence des forces de l'ordre et de la morale est l'illustration de son souci du bien-être collectif et que l'inertie sociale est en réalité un facteur de progrès et de stabilité.
Les dictatures ne manquent pas non plus, à des degrés divers, de se pencher sur le sort fait aux femmes. Qu'il s'agisse de les cacher en les renvoyant à « leurs fourneaux » ou en leur intimant l'ordre de se vêtir d'accoutrements particuliers, de les faire taire ou encore de les disqualifier de la scène publique et/ou privée, les femmes se voient réduites à leur corporéité et délestées de leurs capacités de réflexion. Cette corporéité qui enferme le corps féminin dans la perception masculine que les hommes en ont fera l'objet de toutes les attentions ; possession, contention, mutilation.
Dans la vision paranoïaque et masculine qui alimente les régimes totalitaires, les femmes sont souvent perçues comme un élément « impur » capable par sa seule existence de mettre à mal le délire de pureté du projet politique.Pour prévenir un tel risque, elles seront bien souvent ravalées à leur simple rôle de génitrice, dont la valeur symbolique et sociale sera, elle, exacerbée.
Elles se verront ainsi bombardées« fières mères de la nation »et alimenteront les rangs de l'armée ou du clergé de vaillants représentants du génie de l'Etat, ou du parti. On leur laissera parfois gérer quelques associations ou l'on tolèrera qu'elles se réunissent dans des clubs exclusivement féminins, à vocation le plus souvent caritative, cela pour leur assigner toujours davantage le rôle et la position qu'elles devront tenir sans les avoir choisis. Eten dehors de cette forclusion, elles n'auront que peu, ou pas du tout, droit de cité ou d'apparition.
Temps bouclé, temps zéro, aucune possibilité de mobilité sociale ou culturelle, une antithèse de la vie qui n'est même pas la mort.
Et ce ne sont certainement pas les prédicateurs qui défilent sur le sol tunisiendepuis le début de l'année qui viendront dire le contraire.


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