Le rideau est tombé dimanche sur la septième édition du festival Jazz à Carthage by Tunisiana qui a démarré le 5 avril. Des artistes tunisiens et étrangers, connus pour leur soutien aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales, sont venus des quatre coins du monde pour meubler les différentes soirées de jazz, sachant que l'ouverture et la clôture de cette édition ont été respectivement assurées par deux musiciens tunisiens, à savoir les artistes engagés Badiaa Bouhrizi et Bendir man. Les passionnés du jazz ont certainement apprécié les différents spectacles donnés par les artistes qui se sont relayés sur la scène du festival, comme Luz Casal (Espagne), Inna Modja (Mali), Julian Perretta (Grande-Bretagne), Radio dervish (Italie), Hindi Zahra (Maroc), Frank Salis H30 (Suisse) et d'autres artistes de renom qui ont présenté le jazz dans toute sa diversité. La soirée de clôture a été assurée par Bendir man (Tunisie) et Michael Burks Band (Etats-Unis). Surnommé « Iron Man », Michael Burks est guitariste, chanteur et compositeur, considéré comme une figure majeure du blues contemporain. Nominé trois fois aux Grammy Awards en 2009, il est aujourd'hui largement reconnu par la profession comme l'un des plus formidables guitaristes de blues-rock, mais c'est à son public qu'il doit la plus large reconnaissance. Entré chez Alligator en 2001, le label indépendant du blues américain, il a sorti son quatrième album, Iron Man, en 2008. Quant à Bendir man, dont la cote est montée en flèche depuis la Révolution, il s'est imposé sur la scène musicale grâce à ses chansons engagées, notamment celles de son dernier album « Elli Baâdou » (Au suivant !). Ces deux dernières années, Bendir man est devenu un véritable phénomène musical avec ses œuvres ironiques et critiques. D'abord, c'est Bendir man qui s'est produit sur scène avec ses musiciens, dont un batteur, un violoniste, un guitariste et un instrumentiste jouant du saxo et de la flûte. Comme à l'accoutumée, il est accompagné de sa guitare et de son béret (en été, il porte une casquette !), toujours égal à lui-même, gardant toujours le même style et les mêmes manières de s'adresser au public : Des chansons engagées entremêlées d'anecdotes burlesques et aux critiques acerbes sur la vie politique et sociale qu'il se plait à raconter au public. Il entama la soirée par une chanson intitulée « Free Imed » qui raillait un certain Imed Trabelsi, membre de la mafia de l'ancien régime, en prison depuis la Révolution. Puis, il rendit un hommage à l'art populaire tunisien en interprétant la chanson « «Erdha Alina ya lemmima», sous une nouvelle version. Il a enchaîné avec sa fameuse chanson «99%», une parodie des élections sous l'ancien régime. L'un des moments forts du concert fut celui de l'interprétation de «Système», tube bien apprécié du public. La chanteuse Soufia Sadok fut également évoquée par Bendir man qui interpréta, non sans ironie, «Bel Amn wal Amen», la chanson qui faisait la propagande à l'ancien régime. Du répertoire tunisien, il chanta « Zaama ennar tetfachi » de Cheikh el Afrit, une chanson qu'il dédia à tous les Juifs tunisiens et qui provoqua un tonnerre d'applaudissements dans toute la salle. L'arrivée sur scène de Michael Burks et de sa troupe formée de trois musiciens (un bassiste, un batteur et un organiste) enflamma la salle et l'ambiance devint plus chaleureuse, comme le rythme de la musique s'est accéléré. L'Iron Man, accompagné de sa guitare aux sons magiques a enchanté merveilleusement les assistants qui se sont régalés durant tout le concert. Infatigable et d'une vivacité remarquable, il joua des morceaux avec sa guitare et interpréta des chansons de qualité légendaire : du « blues », du « blues rock » et du « classic blues », puisées dans son dernier album « I smell smoke » qui a fait un grand tabac à travers le monde. Le bluesman empoignait parfois sa guitare pour délivrer au public quelques solos bien exécutés. Il en était de même pour le batteur qui impressionna le public par ses bonnes performances musicales. Un jeu de guitare subtil et une impressionnante voix ont marqué cette soirée de clôture qui semble, selon les dires de plusieurs spectateurs, la plus réussie de toutes les soirées programmées en cette septième édition !