Mr Noureddine Bhiri, ministre de la justice, a annoncé, ce mardi 17 avril 2012, à Tunis, la décision de son ministère de fermer la prison d'Ennadhour et de la reconvertir en un musée de la mémoire collective sur les violations des droits de l'homme. Intervenant, ce mardi 17 avril 2012, au point de presse interministériel périodique, au palais du gouvernement à la Kasbah, le ministre a annoncé, également, la signature par le chef du gouvernement du statut particulier des agents des services pénitentiaires et de rééducation, et du statut des officiers des services pénitentiaires et de rééducation. Le chef du gouvernement a décidé, en outre, de signer le statut particulier des greffiers et des auxiliaires de justice. Le ministre a indiqué que ces décisions et mesures entrent dans le cadre de la réforme globale et approfondie entreprise par le ministère depuis son installation au niveau de l'administration judiciaire et du système judiciaire, ainsi qu'à l'échelle des différentes structures et institutions relevant du ministère de la justice, suivant un ensemble d'orientations et de principes dont la garantie de l'indépendance de la justice, en tant que condition sine qua non pour l'édification de la démocratie et de l'Etat de droit et des institutions. Il a déclaré que l'indépendance de la justice est une revendication collective soutenue par toute la famille de la justice, responsables, magistrats, juges, avocats et tous les fonctionnaires et agents relevant du ministère. Il a signalé les changements opérés au niveau des plus hautes responsabilités dans l'appareil judiciaire. Ces changements ont concerné 70 hauts cadres et ont été fondés sur des considérations de compétence et de rayonnement, sans léser la position des anciens fonctionnaires touchés par ces changements. Au même moment, le ministère de la justice a entamé la promotion et l'actualisation des législations intéressant le département et le système judiciaire, comme les codes, car le secteur de la justice et le système judiciaire ont été particulièrement affectés par leur instrumentalisation et leur utilisation au service d'intérêts étriqués sous l'ancien régime, dont les codes et les législations judiciaires qui ont été faites sur mesure pour servir ces intérêts particuliers. Dans ce programme de réforme, un intérêt particulier est prêté à l'amélioration de la situation professionnelle et matérielle des fonctionnaires et agents relevant du ministère et du corps de la magistrature. Un projet de réforme des services pénitentiaires et de rééducation a été présenté pour consultation élargie, dans le site WEB du ministère. Un comité de pilotage a été créé pour diriger le programme de réforme de la justice et du système judiciaire dans son ensemble. Il a été procédé , également, à la création d'un consortium judiciaire spécialisé dans les affaires de corruption et de malversation, parallèlement à une commission chargée de superviser le dialogue élargi sur l'élaboration du projet de loi relatif à la création d'un Comité provisoire de la magistrature destiné à remplacer le Conseil supérieur de la magistrature dissous. Ses travaux démarreront dans les tout prochains jours. Le ministre a passé en revue quelques réalisations accomplies pour l'amélioration de l'infrastructure, à l'instar du transfert de la Cour de cassation au siège du Conseil constitutionnel, ou encore l'exécution d'améliorations urgentes dans les prisons, en faisant en sorte que dorénavant, l'emprisonnement sera l'exception et la liberté sera la règle. Le ministre a condamné les pressions de toutes sortes que rencontrent les juges dans les tribunaux pour influencer sur les décisions qu'ils prononcent, leur rendant un vibrant hommage pour leur attachement à leur indépendance, et leur refus de toute forme de confiscation de cette indépendance. Il a exprimé l'appui sans réserves du ministère à leurs positions. Le ministre a exhorté les moyens d'information et les composantes de la société civile à estimer, à sa juste valeur, l'indépendance totale que la justice a acquise aujourd'hui, en Tunisie, après la Révolution, afin de servir l'intérêt supérieur de la Tunisie, notamment en ce qui concerne les efforts consentis par l'Etat en vue de récupérer l'argent public détourné à l'étranger et obtenir l'extradition des personnes poursuivies par la justice, évoquant des débordements médiatiques mettant en doute l'indépendance de la justice tunisienne et qui ont coïncidé, malencontreusement, une fois avec l'arrestation en France, de Saida Agrébi, et une seconde fois à l'occasion des poursuites engagées contre Belhassen Trabelsi, gendre de Ben Ali, au Canada.