Dans son dernier rapport rendu public le 24 avril, Amnesty international s'est penché sur un sujet qu'on ne croyait pas, jusque-là, pouvoir faire partie des sujets favoris de l'organisation internationale : l'islamophobie en Europe. Le thème a été également l'objet de la conférence de presse donnée hier matin par les membres du bureau tunisien d'Amnesty international. « 200 cas de violations du droit de la liberté de religion et de culte parvenus à l'organisation ces derniers temps dans des pays européens ont amené l'organisation à réagir » commente Lotfi Azzouz le directeur d'Amnesty international section de Tunisie qui précise que les cas les plus typiques concernent des pays comme la Belgique, l'Espagne, la France, les Pays-Bas et la Suisse. Les exemples, en fait, ne manquent pas et ils ne datent pas d'aujourd'hui, et si Amnesty international s'y penche actuellement c'est, par ailleurs, pour montrer, par la preuve, à la communauté internationale que les droits humains de la communauté musulmane font partie des préoccupations de l'organisation. Zouhaier Ben Amor, le Secrétaire général du bureau tunisien d'Amnesty international, a en effet, soulevé cette question en considérant qu'il s'agit en fait d'une idée infondée et que toutes les violations des droits humains quelles qu'en soient les victimes sont du ressort d'Amnesty international. Islamophobie en Europe Les exemples cités par les intervenants montrent un tant soit peu la montée de l'islamophobie en Europe. Parmi les exemples présentés par les intervenants on peut citer l'inscription dans la Constitution suisse de l'interdiction de construction de minarets, chose qui a donné libre cours à des stéréotypes anti-musulmans dans la loi de l'Etat helvétique. Sans oublier que des musulmans sont contraints de prier dans des espaces extérieurs vu l'exigüité des salles de prière et que les demandes de construction de mosquées restent lettre morte : un cas de figure enregistré en Catalogne (Espagne). Plus graves encore est la discrimination que subit bon nombre de musulmans qui se voient privés du droit de travailler ou d'étudier à cause des signes de religiosité qu'ils portent. Le rapport explique dans la foulée que la législation interdisant la discrimination dans l'emploi n'est pas correctement appliquée en Belgique, en France et aux Pays-Bas, ce qui donne la possibilité à des employeurs de « s'affranchir de l'obligation de l'égalité de traitement en invoquant le motif que tel ou tel symbole culturel ou religieux allait déplaire aux clients. » Toujours d'après le rapport d'Amnesty international « Cela est absolument contraire à la législation de l'Union européenne en matière de lutte contre la discrimination, qui n'autorise des différences de traitement dans le domaine de l'emploi que lorsque la nature spécifique de l'emploi l'exige. » D'après Marco Perolini, spécialiste à Amnesty international des questions de discrimination, « Nous observons que le taux de chômage est plus élevé parmi la population musulmane, en particulier féminine. » On n'oubliera pas de mentionner, en ce sens l'interdiction par la loi française du port du voile intégral dans des lieux publics « Toute restriction au port de symboles et vêtements culturels ou religieux à l'école doit être fondée sur une évaluation au cas par cas. Les mesures d'interdiction totale risquent de compromettre l'accès à l'éducation des jeunes filles musulmanes et de porter atteinte à leur droit à la liberté d'expression et leur droit d'exprimer leurs convictions. », précise Marco Perlini, qui conclue que dans « de nombreux pays européens prévaut l'idée que l'on veut accepter l'Islam et les musulmans tant qu'ils ne sont pas trop visibles. »Une attitude qu'il considère à l'origine de violations des droits humains et qu'il faut combattre. Mona BEN GAMRA
« Le silence du gouvernement est une violation passive des droits humains » Commente Sondès Garbouj, présidente d'Amnesty international, section Tunisie Lors de la conférence de presse l'intervention de Sondès Garbouj, la présidente d'Amnesty international section de Tunisie a porté notamment sur ce qu'elle appelle des « violations passives » des droits humains commises par le gouvernement qui, de par son silence, cautionne les violences verbales, physiques ou morales perpétrées à l'encontre des journalistes, des artistes ou encore des citoyens ordinaires. Les cas de ces violations sont légion ces derniers temps.