«Il n'est rien de plus doux pour l'oreille de la liberté que le tumulte et les cris d'une assemblée du peuple» Claude Henry de Rouvroy de Saint Simon (1760) Apres trois siècles, des milliers de Tunisiens ont pu hier entendre des cris de liberté annonçant un nouvel appel à une Tunisie meilleure. Encore mieux, ces cris ont été lancés par plusieurs assemblées dans une tentative de fêter la journée du travail dans un cadre du pluralisme syndical de la Tunisie de l'après Révolution. L'UGTT et Ennahdha investissent l'Avenue Habib Bourguiba Pour sa part, l'union générale tunisienne du travail (UGTT) a organisé un rassemblement devant son siège à la place Med Ali. Le rassemblement a été entamé par une brève allocution durant laquelle Houcine Abbasi a souligné la grande importance de cette journée pour les travailleurs du monde entier et le goût exceptionnel qu'elle offre aux travailleurs et syndicalistes Tunisiens ayant coupé cours avec de longues et dures années de dictature et de tyrannie. Le secrétaire général n'a pas oublié de remercier les représentants des syndicats et associations Français et Italiens venus fêter la j Cent vingt sixième fête du Travail du 1er Mai à la place mémorable Mohammed Ali El Hammi. Avant de clôturer son allocution jugée très « soft » part la majorité des présents, Abbasi a tenu à lancer un appel à tous les Tunisiens afin d'être « au dessus de la vindicte et de la vengeance et de se conformer au principe du dialogue, de la concertation et du consensus sur la base de la transparence, de la bonne foi et de la capacité de se surpasser pour le meilleur tant que cela est possible ». Par la suite, il a invité les milliers de présents à investir l'Avenue Habib Bourguiba, « la plus importante artère de la capitale et le berceau de la Révolution Tunisienne », affirme Abbassi. Il reste que Abbassi a quand même lancé des flechettes. A leur arrivée, les partisans de l'UGTT ont rencontré d'autres manifestants aussi (pour ne pas dire plus) nombreux : ceux d'Ennahdha. Ces derniers sont venus répondre à l'appel lancé par leur parti pour « soutenir l'UGTT et célébrer la journée du travail ». « Apparemment, les Nahdhaouis n'ont pas pu suivre les consignes de leurs supérieurs et ont préféré faire le show en scandant Dégage aux militants de l'UGTT et aux représentants de la société civile », affirme Jawhar Ben Mbarek , chef du réseau Dostourna présent sur les lieux. Des déclarations dénoncées par Ali Laarayedh, ministre de l'intérieur qui a affirmé que la plupart des nahdhaouis présents sont venus manifester devant le siège du ministère de l'intérieur en scandant des slogans en faveur du gouvernement et en affirmant leur soutien inconditionnel à la politique adoptée par Hamadi Jebali et son cabinet. « Les partisans d'Ennahdha étaient très respectueux et ont montré un sens de l'engagement et de la responsabilité en oubliant les conflits d'hier et en appelant à une Tunisie ralliant toutes les couleurs politiques », ajoute le ministre. La CGTT n'a pas manqué au rendez-vous et a choisi de partir de la maison de Culture d'Ibn Khaldoun pour rejoindre l'Avenue Habib Bourguiba. L'UTT fête son premier anniversaire Loin de l'Avenue Habib Bourguiba, l'Union Tunisienne de Travail (UTT) a, quant à elle, choisi un autre parcours. Les participants à la deuxième assemblée sont partis du local de l'UTT, à la rue d'Athènes, à Tunis, avant de passer par l'Avenue Habib Thameur, la place de la République, la rue du Ghana, l'Avenue Mohamed V pour arriver au Palais des congrès où un meeting a eu lieu. Durant tout le parcours, les militants de l'UTT n'ont pas cessé de scander des slogans contre le chômage en appelant le gouvernement à être plus sérieux en traitant ce dossier très délicat. « Essayons d'appeler les choses par leur nom : le gouvernement élu pour sauver les Tunisiens de la misérable vie de chômage n'accorde pas assez d'importance à ce dossier », déclare, Hassen Kanzari, secrétaire général adjoint de l'UTT. Pour sa part, le secrétaire général du même syndicat a affirmé qu'il s'agit d'une journée très particulière pour l'Union qui fête également son premier anniversaire. « On ne peut qu'être fiers en observant le pluralisme syndical qui a marqué cette journée ainsi que le respect mutuel souligné par les militants », ajoute-t-il.