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Le gouvernement veut domestiquer les médias
Publié dans Le Temps le 04 - 05 - 2012

Sur le thème «Médias et Gouvernance», le Centre de Développement de la Communication (CDC), a organisé, avec la participation de Tunisialive, mercredi 2 mai, une table ronde autour de la question de la relation média-gouvernement en Tunisie.
A J -1 de la journée mondiale de la liberté de la presse, ce colloque a surtout été marqué par la présence de plusieurs personnalités politiques, certains représentants de la Société civile et un grand nombre de journalistes (presse écrite, électronique, télévisée) et des blogueurs.
Intervenants et participants au débat, ont été d'accord sur l'urgence de mettre en place de nouvelles normes et règles de conduite plus flexibles et éthiques fondées sur un partenariat entre les deux acteurs : médias et gouvernement.
Faouzia Laabidi (élue et présidente de la Commission des droits et des libertés au sein de l'ANC)
«Ce colloque est pour moi une occasion de rappeler aux journalistes qu'il est très important de couvrir les travaux de la Constituante afin que le citoyen se sente concerné par la rédaction de la Constitution. L'opinion publique doit être avisée par notre travail. En tant que présidente de la Commission des Droits et des Libertés, j'estime que l'on ne peut parler de la liberté de la presse uniquement dans la commission. C'est aussi l'affaire de la Constituante. On a animé plusieurs débats autour de la question des médias en tant que 4ème pouvoir, leurs rôles, leurs limites et leurs libertés. Sauf que l'on n'a pas encore entamé de discussion sur la gouvernance. Notre priorité dès le départ, était de partager la rédaction de la Constitution avec la composante de la Société civile et de faire de ces débats et recommandations, une occasion pour insérer le Tunisien dans l'écriture de la Constitution. La présence des médias nous aidera dans le sens où, par le biais de leur couverture de nos travaux, ils mettent en exergue notre volonté de transparence. Je tiens, par ailleurs, à rappeler, qu'au sein de la commission, nous savons que plus les médias sont libres, plus un pays peut se targuer d'être démocrate. C'est pourquoi, montrer le rôle de la presse et son rôle dans le contexte actuel en Tunisie, a été à l'épicentre de nos débats. Nous avons conscience que le succès du processus démocratique au lendemain de la Révolution du 14 janvier, passe par la réforme de plusieurs secteurs, entre autres celui de l'information. Sauf que nous donnons une grande importance au rôle des médias car nous croyons en son impact dans l'orientation de la transition démocratique. Pour l'instant, les membres de la Commission des Droits et des Libertés se sont mis d'accord sur les points suivants. La presse peut jouer le rôle de médiateur dans la conscience citoyenne quant aux travaux des politiciens. Par ailleurs, les médias peuvent aider à la consolidation de la culture du dialogue politique chez le peuple tunisien et portant sur la réforme démocratique. C'est dans ce sens-là que la presse pourrait devenir la voix du peuple. Or, sa mission ne s'arrête pas là. La presse devra aussi cultiver les citoyens en instaurant la culture politique, car dans une période transitoire, la culture politique dépourvue d'expérience démocratique ne ferait que reconstruire une dictature. La neutralité médiatique aidera à mieux éclairer l'opacité du paysage politique pour le citoyen. Il est à noter aussi, le rôle des médias dans la lutte pour les droits de l'Homme, la justice sociale et l'équité.»
Sami Ben Gharbia (blogueur, activiste tunisien et fervent militant pour le droit à la liberté d'expression)
«Du temps de Ben Ali, les médias étaient muselés et ne devaient que servir la cause du régime en place et de l'agenda politique de l'ex-président. Par contre, le gouvernement actuel, n'exerce pas de pouvoir sur la presse, mais tente par tous les moyens de la mettre sous sa coupe. Je citerai une des déclarations de M. Rached Ghannouchi à une journaliste qatari, quand elle lui a demandé si le parti Ennahdha est boudée à l'échelle médiatique, il a répondu que oui et que c'est pour cette raison qu'ils réfléchissent de plus en plus à la privatisation des institutions de presse. Quant à l'exemple turc que ledit parti ne cesse de citer, il n'est réellement pas exemplaire. Vouloir appliquer coûte que coûte cet amalgame turc entre la religion et la démocratie n'est pas la bonne solution. Certes, l'islam modéré donnera ses fruits dans un pays comme le nôtre. Néanmoins, il ne faudrait pas oublier qu'en Turquie, les médias ne sont pas libres et indépendants. On a tendance à omettre de dire que plus d'une centaine de journalistes d'opinion turcs sont emprisonnés pour avoir critiqué le gouvernement quant à son comportement avec les Kurdes, les Arméniens ou encore les frontières avec la Syrie. Toujours en Turquie, on déplore une patente mainmise par les grands hommes d'affaires partisans du parti au pouvoir (Justice et Développement) sur les médias turcs. On ne peut donc pas considérer l'exemple turc sur le plan médiatique comme un exemple à suivre. Cette propagande populiste est réitérée par la Droite, la Gauche, le président de la République, le Chef du gouvernement, pour faire croire que les médias ne représentent pas la voix du peuple ne peut qu'inquiéter. En réalité, le gouvernement veut d'un média qui représente non pas la voix du peuple mais seulement celle du pouvoir qui a été élu par le peuple. Ainsi, les médias seront de nouveau sous la coupe du pouvoir en place. Ça ne rappelle que trop les pratiques de Ben Ali. Le seul fait de n'avoir pas consulté l'INRIC et le SNJT lors de la consultation nationale sur les médias n'est qu'un signe ostentatoire d'exclure la Société civile et les gens du domaine de la réforme des médias. Rajoutons à cela, les déclarations itératives des responsables politiques et du gouvernement ne sont que trop révélatrices.»
Ridha Kefi : (membre de l'INRIC et journaliste indépendant)
«J'assiste à cette table ronde afin d'exprimer mes inquiétudes en tant que représentant de l'instance par rapport au positionnement du gouvernement. Notre inquiétude est due à la prise de position du gouvernement à l'égard de notre instance et au travail colossal qu'elle a fourni comme documents de référence, comme propositions pour la réforme de l'information, notamment, le cadre réglementaire et le cadre organisationnel. Le souci actuel du gouvernement est d'avoir plus de présence dans les médias, surtout publics, des médias qui leur sont beaucoup plus favorables dans l'appréciation de leurs actions. J'estime que cette attitude me laisse penser à dire que le gouvernement est plutôt en train d'entamer sa démarche préélectorale. De ce fait, il n'est plus dans une logique de réformes et de mise en place du cadre juridique, réglementaire et tout ce qu'il faut comme décisions. Cette tentative de mainmise sur la presse est pour faire valoir son agenda politique. J'ai profité de la présence de M. Ridha Kazdagui, en sa qualité de Secrétaire d'Etat et chargé de la cellule de la communication au sein de la présidence du gouvernement ; pour lui faire part de mes inquiétudes. D'ailleurs, rien que le titre de Secrétaire d'Etat chargé de la communication, me rappelle les anciennes pratiques de l'ex- président. Cela rappelle de très mauvais souvenirs aux gens du métier. On n'a tout de même pas dissous le ministère de l'Information pour en arriver là ! Le rôle d'un secrétaire d'Etat chargé de la communication était de museler l'information et de contrôler ses travaux…»
Ridha Kazdaghli (Secrétaire d'Etat et chargé de la Communication auprès de la présidence du gouvernement)
«Tout mon vœu est que ce débat sur deux mots-clés : les médias et la gouvernance, soit constructif. Il faudrait d'abord s'arrêter sur le sens du terme «la gouvernance». Il s'agit de gouverner avec sagacité dans l'administration politique, économique, médiatique ou sociale. Ce travail sage se base essentiellement sur la transparence, le sens de l'organisation et de la responsabilité, la création d'un partenariat travaillant dans la plus simple clairvoyance et neutralité. C'est ainsi, que chacun saura son rôle, ses limites, ses responsabilités dans un cadre bien déterminé. Cette gouvernance s'intègre dans l'un des objectifs de la nouvelle Tunisie : instaurer la démocratie. Or, ce processus démocratique progressif reste tributaire d'une bonne communication entre les médias et le gouvernement. Un dialogue continu établi dans la transparence sans animosité ni soubresauts aidera à l'instauration de la démocratie.»
Melek LAKDAR


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