Le 20ème Forum économique arabe dont les travaux ont pris fin hier à Beyrouth représente un évènement de grande envergure et étonnamment passé à la sauvette en catimini chez nous autres, auquel prit part le Chef du Gouvernement, Hamadi Jebali qui conduisait à l'occasion une délégation tunisienne. En l'absence de couverture de la presse nationale de l'événement, nous rapportons quand même quelques passages de l'allocution de Nemat Shafik, Directeur Général adjoint du FMI : « La reprise mondiale se dessine, bien qu'elle soit fragile. Nous nous attendons maintenant à ce que la croissance de l'économie mondiale atteigne 3,5 % en 2012. Mais les risques demeurent élevés dans certains pays : il s'agit notamment de problèmes budgétaires non résolus, de banques en difficulté, d'un manque de compétitivité et d'une éventuelle hausse des cours du pétrole, du fait des incertitudes géopolitiques qui entourent l'offre. Partout dans le monde, les pays cherchent à réduire ces risques et le FMI fait ce qu'il peut pour soutenir la reprise de l'économie mondiale. Un renforcement de l'arsenal anticrise du FMI est un élément important de cette action. J'ai le plaisir de vous faire savoir que, la semaine dernière, 430 milliards de dollars avaient déjà été engagés pour rehausser notre puissance de feu, afin que nous puissions plus facilement lutter contre les crises, où qu'elles se produisent. En 2011, de nombreux pays de la région, comme la Tunisie, l'Egypte, le Yémen et la Libye, ont connu une transition politique majeure. Et des réformes politiques sont en cours dans bon nombre d'autres pays de la région. Si l'aspect politique a suscité beaucoup d'attention, la situation économique dans la région s'est détériorée vivement en 2011, sauf dans les pays exportateurs de pétrole du Golfe, qui, grâce à la hausse des cours du pétrole, ont connu une croissance robuste de 8 % en 2011. Dans les pays importateurs de pétrole, la plupart des indicateurs économiques se sont dégradés : la croissance a été réduite de moitié ; l'investissement et le tourisme ont diminué ; les déficits budgétaires ont gonflé à mesure que les pouvoirs publics augmentaient les dépenses consacrées aux salaires et aux subventions alimentaires et énergétiques face à la pression sociale ; et les réserves de change et les notes de crédit se sont détériorées. Cette tendance peut être observée dans tous les pays arabes en transition. Les éléments de ce printemps arabe Faute d'une transition économique qui accompagnerait la transition politique, nous risquons d'échouer sur les deux fronts. 2012 et 2013 devront être les années du « printemps économique » où les pays de la région définiront de nouvelles stratégies économiques qui répondent à la demande d'emploi et d'équité, tout en préservant la stabilité macroéconomique qui est essentielle pour la croissance. Quels sont les principaux éléments de ce « printemps économique » ? Bien entendu, chaque pays sera différent et devra définir sa propre stratégie. Mais permettez-moi d'en énoncer quelques éléments fondamentaux. Les pays importateurs de pétrole doivent répondre aux pressions économiques et sociales légitimes en dégageant des ressources pour investir dans l'emploi. Mais il sera difficile d'y parvenir tout en préservant la stabilité macroéconomique. Certains pays pourront accroître leurs recettes sans pénaliser les populations désavantagées. Beaucoup de pays peuvent dans une large mesure dégager des ressources en orientant mieux les subventions. Les subventions énergétiques coûtent près de 200 milliards de dollars dans la région. Seulement 20 % de ces subventions profitent aux pauvres. Cibler uniquement les populations qui en ont besoin permettrait de dégager des ressources qui pourraient être réorientées vers l'éducation et les infrastructures pour créer les 50 à 75 millions d'emplois nécessaires dans les dix prochaines années pour la génération qui nous a apporté le printemps arabe. En plus de réorganiser les priorités budgétaires, il est important de mobiliser une aide extérieure pour financer les déficits budgétaires, stabiliser les réserves et rétablir la confiance des investisseurs. Il est nécessaire d'améliorer le climat des affaires pour retrouver la confiance des investisseurs et stimuler la croissance économique. Et il sera essentiel d'adopter une stratégie de croissance plus solidaire qui prévoit des dispositifs de protection sociale plus solides et mieux ciblés en faveur des populations pauvres. Le FMI se tient prêt à apporter des concours financiers aux pays importateurs de pétrole de la région. Le FMI mène aussi des discussions avec plusieurs autres pays sur leurs besoins de financement pour les années décisives à venir". Hamadi Jebali : «La révolution du Jasmin s'était inspirée de la liberté, du pluralisme, de l'entente, de l'ouverture et de la tolérance du Liban ". Par ailleurs, et selon le quotidien Libanais d'expression française L'Orient le Jour, le Premier ministre tunisien Hmadi Jebali a exposé au président de la Chambre, Nabih Berry les changements intervenus dans son pays, notamment aux plans politique et socio-économique. Selon la même source : « Il s'est dit heureux de se trouver au Liban, « symbole d'ouverture, de modération et de liberté ». Lorsque nos peuples et la région arabe étaient soumis à l'obscurantisme et à l'oppression, le Liban représentait pour eux une lueur illuminant la flamme de l'espoir, en dépit de tous les problèmes auxquels ce pays était confronté ». M. Jebali s'est ensuite rendu au Sérail où un accueil officiel lui a été réservé. Avec M. Nagib Mikati, il a discuté des moyens de redynamiser les relations bilatérales, notamment au niveau de l'économie. Au terme d'une réunion élargie qui s'est tenue en présence des deux délégations tunisienne et libanaise, les deux chefs de gouvernement ont tenu une conférence de presse conjointe. M. Jebali a souligné le « lien profond entre les Libanais et les Tunisiens », réaffirmant que « la révolution du Jasmin s'était inspirée de la liberté, du pluralisme, de l'entente, de l'ouverture et de la tolérance du Liban".