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Hollande: quelle politique arabe ?
France
Publié dans Le Temps le 18 - 05 - 2012

De notre correspondant permanent à Paris : Zine Elabidine HAMDA
L'accession de François Hollande à la magistrature suprême pose, pour nous, la question de la « politique arabe » de la France, concept conçu par le Général de Gaulle et qui, tout au long de la Vème République, a légèrement évolué vers un « équilibre » entre Israël et les Palestiniens sous les présidences de Mitterrand et de Sarkozy. Accusée d'être pro-arabe, la France a infléchi sa position avec l'avènement de François Mitterrand qui, malgré son soutien affiché à Israël,
a été le premier à proclamer en 1982, devant la Knesset, son soutien à un Etat palestinien comme option ultime des négociations entre les deux parties. Ce qui n'a pas manqué d'installer des rapports compliqués avec le Likoud de Begin et de Shamir. Nicolas Sarkozy a prononcé devant la même Knesset, en juin 2008, un discours sans ambiguité : « Il ne peut y avoir de paix sans l'arrêt de la colonisation. Une proposition existe, elle est soutenue par de nombreux membres de votre Knesset, pour l'adoption d'une loi qui inciterait au départ des colons de Cisjordanie, moyennent compensation et relogement en Israël ».
Hollande part donc d'une ligne diplomatique héritée. Qu'en fera-t-il ? Il est vrai que la campagne électorale n'a pas donné de place importante aux affaires étrangères. Cependant, des actes et des déclarations du candidat préfigurent ce que pourrait être la politique arabe de la France durant le quinquennat qui s'ouvre.
Il semble bien que l'option Fabius au Quai d'Orsay avait été privilégiée à celle de Moscovici bien avant la nomination de Jean-Marc Ayrault à Matignon. Déjà en février 2012, en pleine campagne électorale, Hollande a dépêché une délégation en Israël présidée par Laurent Fabius et comprenant Pierre Moscovici et Manuel Valls en vue de…rassurer Netanyahu sur la future politique française à l'égard de l'Etat hébreu. Durant la campagne des primaires, Manuel Valls avait affirmé : «Je suis lié de manière éternelle à Israël» alors que Moscovici était connu pour être un fervent défenseur des intérêts israéliens. Lors d'une rencontre-débat organisée en 2003 par le cercle Léon Blum, il avait déclaré : «Si j'ai adhéré au Parti socialiste, en tant que juif, français et socialiste, c'est aussi en pensant à Léon Blum. Il faut réfléchir et essayer de savoir pourquoi il se serait battu aujourd'hui. Or, cet homme s'est battu pour la République, pour la gauche et le socialisme, ainsi que, sur la fin de sa vie, pour le sionisme, porteur à son sens d'une paix pour le Proche-Orient ».
Malgré ce voyage, Richard Pasquier , le président du Conseil représentatif des institutions juives de France , proche du Likoud, s'inquiéta dans une tribune publiée le 25 avril 2012 par Haaretz de l'influence de certains dirigeants socialistes ainsi que des partis gauchistes et des Verts , hostiles à Israël. L'option Moscovici au Quai d'Orsay devait être une garantie pour Israël. C'est finalement le mitterrandien Fabius qui remporte la mise.
Est-ce à dire que la politique française changera vis-à-vis du conflit israélo-palestinien? Il semble bien que non. Hollande a exprimé dans ses engagements de campagnes sa volonté de prendre « des initiatives pour favoriser, par de nouvelles négociations, la paix et la sécurité entre Israël et la Palestine. Je soutiendrai la reconnaissance internationale de l'Etat palestinien ». Une reconnaissance unilatérale est donc exclue, la France n'ayant pas les moyens d'une autre politique. Comme le disait Mitterrand en Conseil des ministres : « Dans la diplomatie le langage codé est fondamental et tout changement, même le déplacement d'une virgule, peut être pris comme un changement sur le fond. Il faut donc parler le moins possible pour ne pas donner prise aux accusations de renversement de politique ». Fabius le mitterrandien, à coup sûr, trouvera les mots. D'autant plus qu'il découvrira une administration du Quai d'Orsay acquise aux thèses « néoconservatrices » et réticente au changement.
Reste le volet « business » de la politique arabe. Sarkozy s'est démené pour améliorer les relations commerciales avec les pays du Golfe avec un certain succès. La France a pu ouvrir une base militaire à Abu Dhabi, lancer une copie du musée du Louvre et attirer les investissements du Qatar dans l'hexagone. Les ténors du PS ont été critiques vis-à-vis de la « présence » qatarie dans les banlieues françaises. Certains lobbies, notamment dans les milieux artistiques, s'activent déjà pour limiter l'influence du Qatar dans le paysage médiatique français. Ce chantier ouvert sera un des dossiers chauds sur le bureau de Laurent Fabius. Au final, ce sont les intérêts, en dehors de toute idéologie, qui sculpteront les positions des uns et des autres, dans un monde globalisé.
La France après le printemps arabe
L'avènement de la Révolution en Tunisie a été, pour la France, un axe de fracture entre la droite et la gauche, entre Sarkozy ami des dictateurs arabes (Ben Ali, Moubarak, Kadhafi) et Hollande qui s'est exprimé en faveur des révolutions. La doctrine de la diplomatie « hollandaise », exprimée sur France 24 déjà en 2010, est à lire dans cette phrase : « Les politiques extérieures seront des thèmes de la politique intérieure.» L'égalité, la justice, la solidarité, la liberté ont été des thèmes majeurs de la campagne que le Président reprend à son compte dans son discours d'investiture, orientés vers la relation de la France au monde.
Outre la contribution « à la paix du monde comme à la préservation de la planète », Hollande marque un virage par rapport au virage lepéniste de son prédécesseur : « Je réaffirmerai en toutes circonstances nos principes intangibles de laïcité, comme je lutterai contre le racisme, l'antisémitisme et toutes les discriminations ». L'engagement de la France dans le monde repose sur des principes intangibles. « Par son histoire, par sa culture, par ses valeurs d'humanisme, d'universalité et de liberté, elle y occupe une place singulière. La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen a fait le tour du monde (…) Nous devons en être, et moi le premier, les dépositaires et nous situer aux côtés de toutes les forces démocratiques du monde qui se recommandent de ses principes. La France respectera tous les peuples, elle sera partout fidèle à la vocation qui est la sienne, défendre la liberté des peuples, l'honneur des opprimés, la dignité des femmes ».
Ce sont ces principes directeurs qui ont guidé ses visites au Maghreb depuis qu'il s'était installé dans la position de candidat. En 2010, Il visite l'Algérie avec deux de ses lieutenants d'origine algérienne, Kader Arif et Fawzi Lamdaoui et l'historien Benjamin Stora. Boudé par le président algérien Bouteflika, il rend visite à Ben Bella. Plus tard, il participera aux commémorations du 17 octobre 1961 et rendra hommage au Président défunt Ahmed Ben Bella. Signes patents de rapprochement.
En mars 2012, il a voulu rendre visite au roi Mohamed VI sans succès. Il a été le seul des deux candidats à la présidence à se déplacer à Tunis pour exprimer son soutien à la révolution tunisienne.
Lors de son déplacement, il avait souhaité que la communauté internationale vienne en aide à la Tunisie dans sa période transitoire. « La France se doit en effet d'apporter son entier soutien à tous ceux qui se battent pour la liberté et les droits fondamentaux. Elle doit aussi rester très vigilante sur le respect de ces droits par les nouveaux gouvernements élus », déclare-t-il à un magazine tunisien qui paraît en France.
Cette vigilance couplée à la vocation de « défendre la liberté des peuples, l'honneur des opprimés, la dignité des femmes » préfigure une nouvelle diplomatie dans la région. Fabius saura-t-il trouver les mots, et les moyens, pour amener les gouvernements islamistes issus des révolutions à respecter ces valeurs ? Assisterons-nous à une diplomatie « musclée » ou à un dialogue franc et constructif entre les deux rives de la Méditerranée ? L'avenir le dira.
Toujours est-il que les priorités de la France dans la région sont ailleurs. Si la position de la France n'est pas appelée à changer dans le dossier du Sahara occidental, Hollande étant partisan du référendum proposé par l'ONU, la priorité est certainement la libération des otages détenus par AQMI et la résolution des problèmes causés par l'intervention de l'OTAN en Libye. Prolifération des armes, bandes armées, soulèvement islamiste au Mali sont de vrais défis pour la stabilité de la rive sud de la Méditerranée.
Les autres dossiers (la coopération en Méditerranée, la francophonie, l'émigration) sont à traiter au long cours. Mais la détermination de Hollande est affirmée : « Je m'emploierai à reconstruire nos relations sur des bases nouvelles, à la hauteur du changement historique que représente le Printemps arabe. Je souhaite que la Méditerranée soit réaffirmée, en lien avec nos partenaires européens, comme l'une des grandes priorités de la politique étrangère de la France. Sur la base d'un nouveau partenariat politique, économique, social et culturel, je veux relancer les coopérations entre nos pays, en particulier en direction de la jeunesse ».
La prochaine réunion du G8 à Chicago ne manquera pas de dévoiler l'impact de la position annoncée de François Hollande de négocier l'aide aux pays du printemps arabe sur les décisions au niveau international. C'est à l'issue du G8, et fonction des équilibres stratégiques négociés, que la nouvelle politique arabe de la France prendra corps.


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