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Cri de détresse des habitants qui s'estiment les délaissés de la Révolution Cinq ministres en visite à Kasserine afin d'annoncer les projets prévus pour la région
• Des projets pour un coût de 177 million de dinars Cinq ministres ont visité hier le Gouvernorat de Kasserine. Il s'agit de Samir Dilou, ministre des Droits de l'homme, Mohammed Ben Salem, ministre de l'Agriculture, Abdelkarim Harouni, ministre de Transport, Jamel Eddine Gharbi, ministre du Développement régional, Mohammed Salmen, ministre de l'Equipement ainsi qu'un représentant du ministère de la Santé publique. L'objet de la visite était l'annonce des projets prévus pour la région par le budget de l'Etat pour l'année 2012. Les habitants venus nombreux avaient un autre plan : parler de leur chômage, de leur misère, du dossier des martyrs et demander des solutions efficaces et immédiates !
La visite a été entamée par une rencontre avec les représentants de la société civile au siège du Gouvernorat. La rencontre a été consacrée, en temps normal, aux projets prévus pour la région selon le budget de l'Etat pour l'année 2012. Les citoyens présents avaient, quand à eux, un autre souci, celui du dossier des blessés et des martyrs de la Révolution. « Nous sommes les délaissés de la Révolution venus aujourd'hui essentiellement pour discuter avec vous, M. Samir Dilou », criait l'un des présents, qui ne voulait pas donner son nom en se présentant en tant que « l'un des blessés de la Révolution ». Samir Dilou qui était le dernier ministre à intervenir, a été affirmatif : « Commençons par le commencement, on ne peut pas discuter le dossier des martyrs et des blessés de la Révolution avant l'élaboration de la liste finale par la commission des martyrs de la Révolution qui sera désignée dans les jours à venir. Pour cela, il est encore tôt de dénoncer les listes qui sont déjà affichées et qui ne sont pas du tout définitives ». A ceci a répondu un autre blessé de la Révolution en demandant au ministre des Droits de l'homme d'afficher la dite liste dans les plus brefs délais et ne pas attendre la compagne électorale pour le faire. La salle des réunions du gouvernorat a été pleine à craquer. Les citoyens de Kasserine étaient pris par la colère. Il est ici à signaler que les ministres présents ont été attentifs et très compréhensifs. Tous les présents avaient eu la chance de dévoiler leurs problèmes et de parler de leurs situations très difficiles pour ne pas dire invivables. La colère qui régnait dans les lieux au début de la réunion a été transformée en une ambiance de dialogue et d'entente. Après une brève citation des projets prévus pour la région, la parole a été cédée aux habitants de la région.
Des femmes et des hommes, des jeunes des moins jeunes et d'âge avancé étaient tous venus parler de leur misère, de leur pauvreté et de leurs besoins sous la négligence d'un Gouvernement qu'ils ont élu et de la part duquel ils s'attendaient à des conditions meilleure. « Vous parlez de développement et de projets dans les domaines de l'agriculture, du transport et de la santé. Pour notre part, nous avons besoin de travailler pour casser notre croute! », dénonce Samir un jeune maîtrisard, sans emploi depuis plus de 10 ans.
Une chose est claire, les jeunes affligés, révoltés et pris de colère avait un besoin majeur : être écoutés. «Je veux parler des femmes de Kasserine », dit Jouda, 39 ans « Nous sommes les mamans, les sœurs et les veuves des hommes de cette région. Comme toutes les femmes du monde, nous optons pour un avenir meilleur pour nos enfants. Ceci ne peut se faire qu'avec l'emploi et rien que l'emploi. Je vous prie messieurs les ministres de nous aider. Nous avons vécu la misère du chômage depuis l'indépendance. Aujourd'hui, nous avons payé cher la Révolution et nous n'avons rien reçu en contre partie. Nous sommes toujours les plus défavorisés au vu et au su du Gouvernement né grâce à cette Révolution ! », ajoute Jouda venue avec ses deux filles handicapées.
Le développement régional a été discuté en long et en large durant la rencontre. Le ministre de tutelle a déclaré que les projets prévus pour le gouvernorat de Kasserine seront multiples et variés et concerneront en premier lieu l'infrastructure. « Le ministère prévoit des projets dont le coût est près de 177 millions de dinars ».
Le ministre de l'Agriculture a annoncé, pour sa part, que le Gouvernorat de Kasserine aura la part du lion en matière de projets agricoles qui seront instaurés par le ministère de tutelle. « Il s'agit d'une région riche en matière première et nous allons tout faire pour que les habitants en profitent ».
Le secteur de transport n'a pas manqué au rendez-vous. « Comme tout autre Tunisien, les habitants de Kasserine ont le droit à un transport moderne et confortable. Le ministère a prévu un mégaprojet de chemins de fer liant Tunis à Kasserine et ayant pour coût 162 millions de dinars. Nous avons eu des propositions de financement des quatre coins du monde mais nous sommes toujours réticents car nous optons pour une collaboration transparente et efficace coupant court avec les anciens dépassements administratifs et financiers de l'ancien régime », affirme le ministre de Transport sous les applaudissements des participants.
Patience, Patience !
« Nous sommes venus aujourd'hui vous présenter les projets dédiés à votre région. Vous avez choisi de discuter les problèmes sociaux des habitants de la région et c'est votre plein droit. Mis à part les quelques malentendus enregistrés au début de cette rencontre, je suis fier du niveau du dialogue et de votre compréhension. Après avoir entendu vos soucis, nous vous prions de patienter. La Tunisie d'aujourd'hui est celle de tous les Tunisiens. Nous avons été solidaires et unifiés pour déclencher notre chère Révolution. SVP, soyons patients pour la réussir », déclare le ministre de Transport en insistant que toutes les demandes seront prises au sérieux.