Entre celui qui appelle au meurtre et celui qui crie au scandale, ou au crime de « lèse-sacré », la communauté des artistes et Hommes de culture tunisiens est bien servie ! Un petit procès par-ci, une petite incursion, un tantinet violent par-là, dans un musée, histoire d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent, en attendant que soit enfin installé ce sixième Califat, que nous attendons, évidemment tous, sur des charbons ardents, et les chats et les chiens seront bien gardés. Il n'y a pas de « Printemps des arts » qui tienne. Pas d'arts qui tiennent tout court, il faut veiller à couper l'herbe sous les pieds de tous ces « mécréants » et « impies », qui osent s'aventurer sur des sentiers défendus pour y commettre des « insanités » lors même qu'il est si facile, et autrement plus confortable, de changer son fusil d'épaule, pour rectifier son tir. L'avenir appartient à ceux qui savent très vite, troquer un habit contre un autre, quand les circonstances l'exigent, en vendant son âme au diable, euh... au plus offrant. Quant à l'art...
Instrumentalisés ? Manipulés ? Payés, rubis sur ongle pour mettre le feu aux poudres, avant de rameuter les pompiers pour éteindre l'incendie, ou l'étendre, c'est selon, la culture ne s'est jamais aussi bien portée qu'en ces temps de douce insouciance, où la liberté de créer, enserrée de toutes parts, n'a plus qu'une seule envie : prendre la clé des champs, dans l'espoir de trouver refuge sous des cieux qui seraient plus cléments. Seulement, elle ne se résout pas à laisser la bataille, continuer sans elle, et, à la réflexion, elle ne cèdera pas du terrain. L'art renouera avec son printemps, au palais El-Abdellia, ou ailleurs, et les « illuminés » à la petite semaine, toutes obédiences confondues, seront bien obligés de remiser toutes leurs folies meurtrières au vestiaire, vaincus par la force du beau et du sublime, car la laideur, celle qui vient des cœurs qui prêchent la haine, et le rejet de l'autre, définitivement, n'aura pas droit de cité sous nos latitudes. Que les « instances concernées » se passent le mot...