• Mécontents, nos jeunes s'orientent vers les nouveaux médias, les chaînes satellitaires, l'Internet et les téléphones portables • Les médiats marginalisent défavorisent les jeunes des quartiers défavorisés
«Déficit en matière de participation effective des enfants, des adolescents et des jeunes dans les médias, manque de perception de leurs besoins et leurs attentes », c'est ce qu'ont démontré les résultats de l'étude réalisée par l'UNICEF ayant pour thème « les représentations de l'enfant, de l'adolescent et du jeune dans les médias tunisiens ». Présentés hier lors d'une conférence, les résultats ont révélé également, qu'il y a eu « une augmentation générale du nombre d'unités rédactionnelles consacrées aux enfants, aux adolescents et aux jeunes lors de la décennie 1998-2008 ». Et si le nombre d'articles ont augmenté lors de cette période, ce n'est pas à cause de l'intérêt que porte les journaux à cette frange de la société ni parce qu'ils sont conscients de leur importance. En fait, « cette augmentation est due d'une part à la montée exponentielle du nombre de faits divers dans les quotidiens privés (Assabah, Achourouk et le Temps), et d'autre part à l'agenda politique marqué par une forte mobilisation autour de la question de la jeunesse », selon la même étude.
L'analyse qualitative des articles sélectionnés n'a pas dévoilé des résultats positifs. Malheureusement, les chercheurs, ont démontré que « la matière n'offre qu'une modeste valeur ajoutée journalistique ». D'ailleurs, « seule une faible proportion d'articles est produite par les équipes rédactionnelles...et les articles de terrain n'y occupent qu'une part infime», selon les conclusions de l'étude.
L'audiovisuel
De leur côté, les supports audiovisuels ne dérogent pas de la règle. Ils n'offrent pas une meilleure image des enfants, des adolescents et des jeunes. Image qui « oscille entre compassion et stigmatisation dans les émissions de débat, lesquelles sont dominées par un discours des adultes mâles », toujours d'après la même source.
Par conséquent, nos enfants, nos adolescents et nos jeunes n'apprécient pas beaucoup l'image reflétée à la télévision, et ce parce qu'elle « alimente les stéréotypes négatifs de la société vis-à-vis des jeunes », c'est ce qu'ils ont exprimé lors du focus group réalisé dans ce sens. Ils considèrent par ailleurs que ces médias « marginalisent et dévalorisent les jeunes des quartiers populaires et ceux qui sont en difficulté », d'où une orientation vers les nouveaux médias, véhiculés par les chaînes satellitaires, l'Internet et les téléphones portables. Des supports qui offrent une matière « à la carte », où chacun peut accéder au programme ou au site qui exprime le mieux ses attentes. A cet effet, les chercheurs considèrent que « cette tendance très marquée est désormais confirmée et ne manque pas de poser de nouveaux défis aux concepteurs politiques d'intégration sociale des enfants, des adolescents et des jeunes ». « Les nouvelles tendances des pratiques médiatiques de cette frange de la société deviennent ainsi une question de société qu'il convient d'analyser en profondeur et d'inscrire d'urgence dans le calendrier des pouvoirs publics et dans les programmes d'actions d'organisation de la société civile et des organismes internationaux concernés », recommande l'étude.
Conscient de ce fait, l'Unicef a opté pour cette étude qui a également pour finalité de « promouvoir les droits de l'enfant, en l'occurrence les droits fondamentaux qui sont le droit à la liberté d'expression et le droit à la participation des enfants à toute question qui le concerne », d'après Maria Luisa Fornara, représentante de l'UNICEF en Tunisie.