• Tous les secteurs vitaux concernés selon le calendrier de l'UGTT, à partir de demain Après une bonne période d'accalmie, les relations de l'Union Générales Tunisiennes du Travail (UGTT) avec l'administration commencent à se gâter ce qui peut se répercuter dangereusement sur le climat social déjà mis à mal. Déjà on annonce la couleur à Sfax où la commission administrative exceptionnelle de l'Union Régionale de l'UGTT de Sfax, passe à l'action pour annoncer des grèves sectorielles dès le 1er août.
La commission administrative revendique la libération des quatre syndicalistes arrêtés suite aux affrontements survenus, le 18 juillet courant à l'hôpital universitaire Hédi Chaker entre les syndicalistes et les forces de l'ordre.
Haussant le ton la commission a décidé aussi d'organiser un sit-in de contestation hier devant le tribunal de première instance de Sfax 2 où ont été jugés les syndicalistes. En plus des quatre syndicalistes arrêtés, 17 autres comparaissent en état de liberté. Les syndicalistes sont accusés notamment d'agression d'un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions.
Le calendrier des grèves roulantes prévues touchera, le mercredi 1er août : secteur de la santé ; le jeudi 2 août : les secteurs de la finance, SONEDE, STEG ; le vendredi 3 août : les secteurs de la poste, équipement et l'information ; le lundi 6 août : les chemins de fer, transport et le secteur public ; et le mardi 7 août : les secteurs de la pétrolochimie et des caisses sociales.
Il est clair que la commission administrative a voulu, par l'adoption de la grève sectorielle et non la grève générale régionale, donner une chance et laisser le temps aux médiations pour trouver une solution à cette situation de crise qui dépasse le conflit social pour un conflit politique entre l'Ennahdha et l'UGTT.
Ironie du sort ou paradoxe les grèves envisagées pour cette semaine tombent à pic avec la commémoration par les syndicalistes chaque année à Sfax des émeutes du 5 août 1947 où des martyrs syndicalistes sont tombés sous les balles assassines de l'armée française lors d'une grève générale.
Noureddine Tabboubi, Secrétaire général adjoint de l'Union Tunisienne Générale du Travail reproche aux autorités d'être à l'origine de la dégradation de la situation du fait de la suspension du sit-in observé au CHU Hédi Chekker à Sfax suivi l'arrestation de quelques représentants du syndicat de base de l'hôpital.
Il accuse également les autorités d'avoir impliqué la justice dans des litiges à caractère purement professionnel.
Belgacem Ayari, secrétaire général adjoint de la Centrale syndicale n'y va pas par mille chemins. Il a déclaré hier, sur les ondes de MosaïqueFM qu'il s'agit d'une atteinte portée à l'action syndicale. Il rappelle que le Directeur de l'hôpital qui n'a rien à avoir avec l'action syndicale y a fourré son nez. « Il a signé un communiqué au nom de la Confédération Générale Tunisienne de Travail (CGTT), alors que cette organisation syndicale n'a aucun adhérent à l'hôpital ». Les problèmes avec le directeur de l'hôpital ont commencé suite à ce scandale. Belgacem Ayari reproche à ce directeur d'avoir attisé le feu dès le début. En réponse à l'affirmation du directeur selon laquelle les syndicalistes sabordent le déroulement normal des services au sein de l'hôpital et qu'ils couvrent des abus, Belgacem Ayari rejette en bloc ces accusations. « Même au moment des grèves, jamais les services de soins ne se sont arrêtés surtout au sein des urgences et là où il est impérieux de les tenir. Concernant les dossiers de malversations, les syndicalistes ne les couvrent jamais. Seule l'administration dispose des dossiers et peut dénoncer les abus », précise le S.G. Adjoint.
De son côté le Gouvernement reproche aux syndicalistes de bloquer le fonctionnement de l'hôpital et de s'opposer à l'exécution d'une décision judiciaire qui confirme la nomination du directeur de l'hôpital. Les syndicalistes contestent cette nomination et remettent en cause la politisation des instituts de santé et de l'administration. Ils accusent le Gouvernement et ses milices de violences et d'arrestations arbitraires.
Le ministre de l'Intérieur Ali Laârayedh avait justifié l'arrêt des syndicalistes par le fait que lors des violences perpétrées, le procureur de la République était présent pour justement constater et où tout a été enregistré.
Belgacem Ayari, sans nier que des syndicalistes peuvent gaffer, mais la nature même du litige a un caractère professionnel. Il doit être résolu dans le cadre du dialogue et non en impliquant les forces de l'ordre. « Pourquoi passer brusquement aux solutions extrêmes ? ». Il rappelle que durant 23 ans de dictature sous Ben Ali, jamais un syndicaliste n'a été arrêté, sauf à Gafsa.
Belgacem Ayari dénonce la politique des deux poids deux mesures. Il réitère le fait que l'UGTT n'est contre ni Ennahdha, ni le Gouvernement, ni aucun autre parti et rappelle qu'au départ c'était un problème d'atteinte à l'action syndicale qui ne devait pas prendre pareilles proportions.
De son côté, la Voie Démocratique et Sociale (VDS) El Massar de Sfax a réagi en faisant allusion aux évènements de l'hôpital Hédi Chaker et affirmant qu'il s'agit de présages de la domination d'Ennahdha sur le gouvernement et que la nomination du directeur général de l'hôpital en question rappelle les pratiques de l'ancien régime.
L'arrestation des syndicalistes est perçue comme étant un signe de répression des libertés syndicales, notamment avec le recours aux milices d'Ennahdha. El Massar a également déploré l'usage de la torture contre les personnes arrêtées. Il a critiqué, en outre, l'immixtion d'Ennahdha dans les prérogatives du pouvoir judiciaire compte tenu de la rapidité de l'arrestation et de l'incarcération. El Massar a, d'autre part, évoqué le laxisme d'Ennahdha face aux multiples menaces et provocations perpétrées par les salafistes contre les citoyens.