ABDERRAZAK HAMMAMI MULTIPLIAIT LES ALIBIS POUR SABOTER LE PROCESSUS D'UNIFACATION AVEC LE M.P.D (mouvement des Patriotes Démocratiques) Cela fait des mois que le « Parti du Travail patriote Démocrate » fonctionne avec deux têtes, l'une dirigée par Abderrazak Hammami, l'autre par Mohammed Jmour. Ce divorce qui n'était pas encore déclaré commençait à se dessiner et à prendre forme à l'occasion des prises de position face à des événements majeurs et des coalitions du côté de la gauche telles que celle du « Front populaire 14 janvier » où le parti s'est fait présenté en tant qu'invité par ce dernier, l'absence de son rival traduisait le conflit entre les deux hommes. Les prémisses en sont devenues encore plus prononcées avec le déclenchement du processus d'unification entre le P.T.P.D et le M.P.D (Mouvement des Patriotes Démocrates). C'est pour élucider toutes ces questions qui ne cessent de faire couler beaucoup d'encre et énormément de salive que nous avons invité Maître Mohammed Jmour.
-Le Temps : comment expliquez-vous cet accouchement à la césarienne ?
-Monsieur Mohammed Jmour : je ne partage pas votre avis, car le processus d'unification a réellement commencé à partir du mois de Février, pendant cette période, nous avons entamé des discussions sur les textes fondamentaux sur la base desquelles doit avoir lieu l'organisation les négociations régionales, les organes du nouveau parti comme le bureau politique, etc. Donc, six mois pour régler toutes ces questions me paraît une durée tout à fait raisonnable. De surcroît, il ne faut pas oublier que nous avons trois chantiers à négocier en même temps, ce qui rend notre situation assez complexe. Ces chantiers sont les suivants : celui de l'unification avec le M.P.D et celui du « Front Progressiste et Démocratique » qu'il faut conjuguer avec notre chantier interne, celui de la bifurcation au sein du P.T.P.D.
-Justement, on voudrait bien que vous nous parliez des causes de cette division dans votre parti.
-En fait, nous sommes passés par une difficulté majeure que nous avons réussi, heureusement, à contourner. Elle est due aux conditions préliminaires posées par Abderrazak Hammami pour l'Union consistant essentiellement à avoir un poste de premier ordre en son sein, ce qui nous a fait perdre un temps énorme. Pour défendre sa position, il a essayé de nous persuader qu'il y a une volonté de la part de nos partenaires du M.P.D de nous absorber et d'estomper ainsi notre histoire militante. Il a usé de tous les moyens pour faire échouer cette Union, durant tous ces mois, il cherchait un alibi pour quitter le processus.
-Et comment vous avez géré ce schisme ?
-Nous étions assez avertis et décisifs pour en finir avec cette tergiversation, nous avons tranché pour l'Union sans émotion, car nous pensons que l'union des « Patriotes Démocrates » dépasse les ambitions personnelles. J'avoue que cette décision n'a pas été facile à prendre, ce n'est pas dans la joie qu'on se sépare des camarades avec lesquels on a partagé des années de lutte, mais c'est l'intérêt général qui doit prévaloir, on ne badine pas avec les principes.
-Quelle est l'orientation générale des militants du parti vis-à-vis de cette crise ?
-Sachez que la majorité de la direction ainsi que les des régions se sont rangés de notre côté, pratiquement c'est presque tout le parti qui est avec nous. Ce qui est important dans cette situation difficile que nous avons connue c'est que la majorité des camarades se rendent compte qu'il y a deux positions diamétralement opposées: l'une qui est fidèle au P.T.P.D et à l'intérêt de la gauche, l'autre qui met en avant des ambitions personnelles et refuse toute alliance avec les forces de la gauche.
-Quand vous avez réalisé que le processus de dissidence au sein de votre parti est devenu irréversible ?
En fait, cette dissension est le corollaire de nos divergences survenues lors des élections de l'ANC où Abderrazak Hammami et ses amis poussaient vers une union avec le « Pôle », alors que nous, nous dirigions les camarades vers la gauche. Nous avions eu d'autres divergences en rapport avec Monsieur « Sebsi » : des déclarations approbatives à l'égard de ce dernier qui expliquent les convergences entre les deux parties aux niveaux politique, économique et social. Il faisait cela sans consulter le parti, il gérait les choses d'une manière strictement personnelle, c'était une forme de complot qu'il dirigeait. Hammami et ses amis ont mené une campagne de dénigrement à l'égard de leurs camarades, des manœuvres qui ont favorisé la scission qui bafoue l'esprit de camaraderie et mine le parti. Donc, en plus de nos divergences qui se sont accumulées avec le temps, il existe des problèmes d'organisation, ce qui fait que nous ne nous n'entendons plus ni politiquement, ni idéologiquement.
-Lors de votre conférence de presse du 1er Août, vous avez mis l'accent sur le fait que la porte de l'Union reste ouverte à tous les désireux de rejoindre la famille des « Patriotes Démocrates ». A qui s'adresse votre message exactement? Et est-ce que vous allez vous contenter de ce cadre unificateur ?
-Les « Patriotes Démocrates » ont longuement souffert de cet état d'éparpillement, et notre initiative vient justement pour essayer de mettre fin à cet effritement qui nous a fait du tort. Nous sommes conscients que notre famille est plus nombreuse qu'elle ne paraît actuellement, on sait que plusieurs camarades qui étaient déçus ont quitté les partis et choisi de militer en dehors de ces cadres que ce soit individuellement ou à travers des groupes. Donc c'est en direction de tous les « Patriotes Démocrates » organisés ou non, indépendants ou appartenant à des cercles que nous lançons cet appel de rejoindre notre parti unifié. Toutefois, cet effort demeure insuffisant, notre but c'est l'unification de toute la Gauche pour qu'on puisse coordonner notre action afin de constituer une vraie force. Et, dans ce chapitre, on peut dire que nous avons parcouru une grande distance et franchi plusieurs paliers, puisque nous avons, enfin, réussi à donner forme à notre « Front Progressiste Démocratique» où nous travaillons d'arrache-pied avec entre autres le « Parti des Travailleurs » et les « Baâtistes ». On vient de finir l'élaboration d'une plate-forme et d'un programme politique immédiat, et actuellement, nous négocions le plan d'action commune de direction. Il y a une réelle prise de conscience du fait que notre « Front » représente la vraie alternative des forces progressistes et démocratiques, qu'il incarne le mieux les aspirations du peuple, qu'il défend avec ténacité les intérêts de notre pays et qu'il lutte pour un développement réel économique et social et contre toute main mise et toute intervention étrangère. Notre « Front » qui vise le pouvoir va durer au-delà des élections prochaines, cette échéance capitale, dans un pur esprit d'alliance.