Avec la canicule, le métabolisme social a tendance à flipper. A Kairouan, une icône, Cheïkh Mourou, est agressée par, dit-on «un fondamentaliste religieux » un salafiste autrement dit et qui n'a rien à voir – soyons précis à ce niveau – avec Ennhdha. Il y a en effet tellement d'amalgames à consonances religieuses qu'inévitablement il se meut dans l'esprit des gens un certain mélange des genres où l'on s'emmêle allégrement les pinceaux.
A Sfax, les turbulences du CHU Hédi Chaker paralysent la ville avec la bienveillance de la Centrale Syndicale qui déroge, quand bon lui semble, à ses engagements moraux et contractuels avec les autres partenaires sociaux, brandissant – comme c'est le cas, la menace aussitôt mise à exécution de la paralysie des secteurs vitaux, alternateur infaillible des perturbations sociales.
A Tunis, l'Avenue Habib Bourguiba a encore été le théâtre – La Bonbonnière y revêt une forte symbolique – de manifestations, dont les forces de l'ordre disent qu'elles ne sont pas autorisées, compte tenu de l'état d'urgence, qu'elles répriment donc avec beaucoup de violence ; violence policière qu'on croyait enterrée avec le régime déchu.
Le contexte social est donc tendu. Montée de l'incivisme, effritement des valeurs, recrudescence du radicalisme religieux prôné par ce qui ne peut être appelé autrement que par « secte », alors même que le mois Saint appelle à la tolérance.
Le pays est-il encore dans l'objectif de la Révolution, dans sa quintessence et dans le fil droit de la prééminence de l'égalité sociale, celle entre l'homme et la femme et dans la concrétisation d'un concept fantasmé, toujours galvaudé constitutionnellement depuis l'indépendance telle une rhétorique vide et qui s'appelle Etat Nation ?
En ce week-end de violence, une aire d'apaisement a été proposée par Hamadi Jebali. Il fait dans la transparence et il a le courage de dire que son gouvernement assume une part de responsabilité dans les défectuosités sectorielles de ces derniers mois. Il parle de gouvernement, mais pas d'Etat. Parle aussi de peuple et pas de nation. Mais quelque part il s'insurge contre l'intox autant autour des extrapolations concernant le rapport du FMI que sur le bruit faisant état de son remplacement par Ali Laârayedh. Il impute cela à un manque de communication. Là, il met le doigt sur la plaie. Dans cet univers où la communication devient la chasse gardée des Facebookers et des blogueurs, l'information est submergée, dépassée, déformée même. Comment la revaloriser et lui donner les outils de sa mission ?
Pas en la muselant comme le souhaiteraient certaines sphères dirigeantes. Mais en la considérant comme partenaire...loyale