Le front regroupant des partis de gauche et d'obédience nationaliste arabe estime que les Tunisiens ne sont pas obligés de choisir entre Ennahdha et Nidâa Tounes
A l'heure où les observateurs de la vie politique nationale estiment qu'une bipolarisation entre Ennahdha et Nidâa Tounes est désormais inéluctable, les forces de gauche semblent déterminées à peser de tout leur poids sur l'échiquier politique lors des prochaines élections. C'est ce qui ressort d'une réunion tenue, dimanche soir à Tunis, par des représentants de douze partis de gauche et d'obédience nationaliste arabe en vue de lancer le débat sur la plateforme politique d'une alliance électorale entre les forces de gauche souhaitant constituer une troisième voie crédible.
Outre les cinq partis déjà réunis dans le cadre du «Front populaire du 14 janvier » , en l'occurrence le Parti des Travailleurs T aunisiens( PTT, ex-PCOT), le Parti Populaire pour la Liberté et le Progrès (PPLP), le Parti du Militantisme Progressiste (PMP) , le Mouvement Baâth et le Mouvement des Patriotes Démocrates (MOPAD/ le groupe dissident conduit par Jamel Ben Lazher qui est né d'une scission du parti d'extrême gauche éponyme dirigé par Chokri Belaïd), six autres formations viennent de rallier cette alliance. Il s'agit du Parti de l'Avant-garde Arabe et démocratique (PAGAD), du Mouvement des patriotes Démocrates (le parti présidé par Chokri Belaïd), du Parti Tunisie Verte, de la Ligue de la Gauche Travailliste, du Parti du Travail Patriotique et Démocratique et du mouvement du Peuple.
A en croire le secrétaire général du Mouvement du Peuple, le front de gauche devrait s'élargir davantage. « Nous tablons sur une quinzaine de partis en plus des indépendants et des composantes de la société civile qui ont été créées dans les régions à l'instar du Front du 17 décembre mis sur pied à Sidi Bouzid », précise –t-il.
Selon des sources proches du Parti des Travailleurs Tunisiens, des négociations ont été également entamées avec le Mouvement des Démocrates socialistes dirigé par Ahmed Khasskhoussi et avec le courant réformiste du Parti Démocrate Progressiste.
Un projet alternatif
Ce front ambitionne de représenter une alternative crédible à la droite religieuse représentée par le mouvement islamiste Ennahdha et ses alliés et à la «droite libérale » dont le noyau dur est le Mouvement Nidaâ Tounes créé récemment par l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi. «Nous comptons nous positionner sur l'échiquier politique national en tant que front progressiste qui offre un projet politique alternatif en rupture avec Ennahdha et Nidaâ Tounes», indique Chokri Belaïd, secrétaire général du le Mouvement des Patriotes Démocrates. Et d'ajouter : « ces deux partis représentent des forces contre-révolutionnaires. Ils sont, en fait les deux faces d'une même monnaie, à savoir la droite libérale ».
Un projet d'une plateforme économique et sociale est, par ailleurs, en cours de discussion. Cette plateforme prévoit notamment l'encouragement d'un développement économique au service du peuple, la re-nationalisation des secteurs stratégiques qui ont été privatisés, la formulation d'une politique économique et sociale qui rompt avec l'approche libérale capitaliste, et la réhabilitation du rôle interventionniste de l'Etat afin de protéger le citoyen contre la flambée des prix ainsi que pour la régulation du marché des produits de base et la lutte contre la spéculation.
Le projet de programme économique et social du front préconise aussi l'octroi d'une indemnité aux chômeurs, l'amélioration du pouvoir d'achat des salariés, le gel des prix des produits de base, le lancement de négociations avec les bailleurs de fonds internationaux en vue de suspendre le paiement de la dette extérieure pendant quelques années et la création d'un fonds spécial dédié à l'investissement dans les régions défavorisées.