C'est hier qu'ils sont, entrés en grève d'une journée pour reliquat d'honoraires. Cette escalade était prévue depuis un bon moment et les médias n'arrêtaient pas d'en parler, ce qui veut dire que personne n'en est surpris pas même le ministre de la Santé Publique. Donc, surpris par la surprise du premier responsable du secteur, nous avons pris la direction du CAMU de Montfleury pour vérifier et étudier de près avec l'aide des spécialistes l'effet de cet événement, prétendument, subit sur les esprits.
Des promesses indéfiniment reportées
Leur collègue, le Docteur Abdelaziz Zouari, a commencé par nous affirmer qu'il n'y a pas de surprise, étant donné que le processus s'est déclenché à partir du mois de Février 2012. « On a attendu la fin de l'année de la Révolution où on a ajourné toutes nos réclamations eu égard aux difficultés conjoncturelles très délicates par lesquelles passait notre pays. Au début de l'année en cours, on a estimé que le moment était propice à la revendication de notre dû, puisqu'à cette date-là, la clôture annuelle des comptes était chose faite, alors nous avons demandé, à l'administration, le règlement du reliquat des primes de garde de la période allant de Janvier au Juin 2011 sachant que cette dernière nous est aussi redevable de la même prime couvrant les mêmes mois de l'année 2012, affirme-t-il. Nous avons, alors, amorcé des pourparlers amicaux avec l'administration au mois de Février misant sur la compréhensivité de nos interlocuteurs qui ont arrêté une date pour l'épilogue de ce long feuilleton. A l'arrivée de ce rendez-vous, la promesse s'est évaporée et n'a laissé que la fumée derrière elle, nous avons patienté encore un peu pour qu'on nous accuse pas d'allumer le feu, et au bout de quelque temps, nous avons perdu patience lorsque nus avons réalisé que n'avons pas avancé d'un pouce et que nous gâchions notre temps. Là, et après avoir épuisé ce moyen de recours, qui s'est avéré vain, et surtout démontré notre bonne foi à trouver une solution à l'amiable, nous nous sommes trouvés contraints de nous tourner vers notre syndicat pour essayer de mettre un terme final à notre problème qui n'a fait que trop durer, termine le Docteur.
Des ouvriers à la tâche
Après ces éclaircissements, il a cédé la parole à leur Secrétaire Général du Syndical Régional de Tunis des Médecins Généralistes, le Docteur Mohammed Hédi Souissi. « Nous sommes intervenus vers la fin du mois de Juin après avoir laissé nos confrères agir seuls, en restant à l'écart pendant tout ce temps tout en suivant de près l'évolution de la situation bien sûr, nous avons voulu donner une chance à une solution amicale et éviter le conflit. Mais malheureusement, l'autorité de tutelle avec toutes ses composantes nous a poussés vers un point de non retour. Dès notre entrée en scène, nous avons organisé une réunion tripartite, avec la direction du CAMU et le Directeur Régional, laquelle réunion n'a accouché de rien de tangible et de sérieux, précise le responsable syndicaliste. Devant le blocage de la situation, nous avons pris la décision de porter le brassard rouge le 19 Juillet pour afficher notre mécontentement et allumer la lanterne rouge aux autorités pour les amener à se représenter à leurs justes proportions les difficultés qu'elles risqueraient de connaître au cas où nos revendications ne seraient pas satisfaites. Cette mise en garde n'a rien donné non plus, sauf une offre très originale de la part de Monsieur le Directeur du CAMU, le 26 du mois dernier, consistant au payement des 2/3 des mois de Janvier et Février 2012 et un engagement à verser le 1/3 restant dans un mois. Le drôle c'est que tellement il prenait cela comme étant une vraie solution qu'il faisait venir son personnel le soir et le faisait travailler jusqu'à deux heures du matin pour nous préparer « l'aumône » déguisée qui sent la piété de Ramadan. Cette offre nous rappelle les pratiques entre artisans et particuliers qui, quand les travaux ne sont pas achevés et craignant le départ des premiers, gardent une somme du montant global pour les obliger à honorer leur contrat en finissant ce qu'ils ont commencé. Alors, par cette attitude à notre égard, on a l'impression qu'on nous traite comme des ouvriers à la tâche et non pas comme des médecins, commente avec humour le docteur ».
Saisir le tribunal ?
« Toutes ces raisons, enchaîne-t-il, nous ont menés tout droit vers le dernier recours légal et légitime, à savoir la grève, pour faire entendre notre voix, pour qu'on nous prenne un peu au sérieux et qu'on daigne, enfin, nous traiter comme des médecins. A propos de cette mesure, je tiens à préciser que nous en avons envoyé le préavis le 3 Août, c'est-à-dire avant le délai de dix jours requis et que le dépôt s'est fait avec trois décharges émanant du Ministère, de la Direction Régionale et de celle du CAMU“.
La réplique de l'administration du CAMU Mouldi Amamou, directeur du Centre :
« Grève symbolique. Notre ministère de tutelle attend que l'Etat lui verse la somme requise »
Là, c'est une grève qui avait été annoncée. C'est une grève symbolique par port de brassard rouge parce que le personnel a normalement travaillé du fait que nous sommes un service d'urgence.
La cause de la contestation remonte au 29 septembre 2011, à l'occasion de la parution d'un décret au Journal Officiel qui a doublé la prime de garde. Ce décret a un effet réctroactif à partir du 1er janvier 2011. A cette date, le 29 septembre 2011, le budget 2011 du CAMU n'avait pas prévu cette obligation.
En plus, la prévision du budget 2012 s'est faite entre juin et juillet et, donc, il n'a pas prévu non plus cette augmentation de la prime de garde. Nous avons saisi le ministère pour qu'il nous accorde les crédits complémentaires pour payer le supplément de prime de garde 2011 et 2012. Il y a eu aussi d'autres courriers, mais le ministère des Finances n'a pas encore versé cette somme au ministère de la Santé.
Celui-ci n'a pas de recette propre et, donc, il attend que le ministère des Finances lui verse cette somme ».