La semaine de la femme organisée au centre culturel d'Hammamet a invité quatre auteures tunisiennes pour des séances de dédicace. Fethi Haddaoui, directeur du festival a tenu à honorer ces écrivaines à l'occasion de la semaine de la femme créatrice.
Alia Baccar, docteur en lettres françaises et professeur émérite a présenté son dernier livre « Rafiâ Bornaz, militante tunisienne sous le protectorat français ». Cette femme comme l'explique Mme Baccar, était l'une des figures emblématiques de ces femmes tunisiennes modernes qui avaient largement contribué à la lutte contre l'occupant, payant son lot d'emprisonnements pendant deux longues années (1952-1954). Son activisme qui ne pouvait échapper à la police française finira par la faire arrêter et l'envoyer à la prison du 9-Avril, pour deux longues années, avant d'être acquittée. Le contact de militants destouriens dont le leader Bourguiba, va affermir son engagement et justifier tous ses sacrifices pour la cause nationale. Rafiâ Bornaz travailla dans la clandestinité, participa à diverses manifestations populaires ou féminines, s'adonna régulièrement au bénévolat et aux actions de bienfaisance au profit des Tunisiens démunis. Mme Baccar a souligné que Rafiâ Bornaz n'avait jamais accepté de parler de son parcours, malgré les multiples sollicitations. Ce n'est qu'au crépuscule de sa vie, tout récemment en 2010, qu'elle a fini par y céder, livrant ainsi ses souvenirs à sa parente, Alia Baccar, Cet ouvrage permet également de mieux connaître la contribution de la femme tunisienne à la lutte pour la libération nationale». L'abondance des références et des illustrations et la qualité de l'édition lui confèrent un plus.
Lui succédant, Rachida Charni romancière tunisienne choisie dans la liste « Femmes du monde » pour l'année 2003, par l'Institut américain de biographie et Prix du CREDIF de la création littéraire en langue arabe, dans le domaine de la prose, a présenté son dernier roman « Tarati Lialamiha » écrit dans une langue objective, volontairement exempte de tout pathos, et qui apporte un terrible témoignage sans équivalent jusqu'à présent, sur la répression qui s'est abattue sur le pays de 1991 à 2000. L'écrivaine restitue les choses vues et entendues durant ce long enfermement. Les scènes, parfois insoutenables derrière les grillages, se succèdent et dénoncent dans une langue sans vaine rhétorique ni pathos, non seulement la barbarie des geôliers mais aussi, le processus de déshumanisation des détenus et, au-delà, de réduction en servitude de toute la société.
Neila Gharbi journaliste et poétesse, nous a donné à lire durant la soirée un genre poétique éclaté faisant fi des codes et des normes. Le résultat est une poésie sans ponctuation, libre de toute forme de contrainte, débridée. Neila nous a livré en lisant quelques poèmes, la puissance et l'audace des mots pour exprimer des émotions, des sentiments. Bref, la vie, l'amour, parfois la solitude et la révolte. .
Senda Baccar, avocate et journaliste a clôturé la soirée avec ses remerciements pour la direction du festival « Mon amour pour l'écriture depuis mon enfance m'a poussée à choisir ce chemin. Trois ans après le lancement de Livret Santé et étant directrice de la publication et rédactrice en chef, je me suis lancée dans une nouvelle aventure avec le lancement de deux nouveaux journaux spécialisés MedicInfo et PharmInfo destinés cette fois aux médecins et pharmaciens. Ma culture culinaire a enfanté une quatrième revue « Sanafa », un voyage dans le monde de la cuisine du Sud . Finalement, j'ai créé ma maison d'édition qui porte le nom MESB (Méditerranée Editions Senda Baccar)