Selon elles nos indicateurs flirtent avec la zone orange Petite consolation : mieux que nos voisins maghrébins et l'Egypte
L'absence de la Tunisie cette année dans le classement de Davos, une mauvaise surprise qui retentit comme un coup de tonnerre assomme les oreilles de certains observateurs. L'indice mondial de compétitivité représentait auparavant et quel que soit son degré d'authenticité un baromètre pour les décideurs et pour les opérateurs économiques en général. Le mauvais sort ne semble pas nous épargner puisque la Tunisie vient de dégringoler de 24 places dans le classement annuel des Etats en échec ou en déliquescence en rétrogradant à la 94ème place (118ème en 2011). L'indicateur des Etats défaillants est un indicateur nouveau qui date à peine de 7ans. Initié par le magazine Foreign Policy en partenariat avec le Fonds pour la Paix (FPP), le « Failed States Index » mesure la capacité d'un pays à rester stable et tenir le coup à long terme. L'indicateur de référence repose sur 12 sous-indicateurs (4 sociaux, 2 économiques et 6 politiques) servant de critères. Pour définir un Etat en déliquescence ou en déroute tout Etat est « confronté à de sérieux problèmes qui compromettent sa cohérence et sa pérennité ». Fund For Peace donne la définition suivante à la notion de l'Etat déstructuré : « Il s'agit d'un Etat qui ne parvient pas à assurer ses missions essentielles, particulièrement le respect de l'état de droit ». Autres indicateurs probants sont pris en compte rapporte Wikipédia : « Un gouvernement central si vulnérable ou inefficace qu'il ne puisse arriver à exercer un contrôle marginal sur son territoire ; une corruption généralisée ; la présence de réfugiés ou déplacement de populations ; une crise économique et des relations conflictuelles avec les pays voisins. » Si l'on revient aux indices dits de vulnérabilité, quatre indicateurs sociaux sont retenus. On retiendra : la pression démographique, les Mouvements massifs de réfugiés et de déplacés internes, les Cycles de violences communautaires et l'émigration chronique et soutenue. A noter que la pression démographique prend en considération les problèmes de frontières, l'exposition à des problèmes environnementaux et le contrôle des sites religieux. Une pression qui s'est invitée forcément chez nous surtout après l'afflux considérable des réfugiés Libyens en Tunisie aggravée entre autres par la succession des grèves et mouvements de protestations intempestifs observés par les agents municipaux pour l'entretien , relayés par la poussée des mouvements religieux et la profanation des lieux de culte. Les indicateurs économiques quant à eux, ils prennent en considération les inégalités de développement et le déclin économique subi ou prononcé. Il faut dire à ce titre que la Tunisie n'est pas encore sortie de l'auberge. Revenons aux indicateurs politiques, lesquels comprennent la criminalisation et la délégitimation de l'Etat, la détérioration graduelle des services publics, les violations généralisées des droits de l'homme, Appareil de sécurité constituant un Etat dans l'Etat (l'émergence de groupuscules bénéficiant d'une impunité quasi-totale), l'émergence de factions au sein de l'élite (appel au nettoyage ethnique ou à la défense de la foi) et enfin l'ingérence d'autres puissances. Au total, six indicateurs d'ordre politique figurent et confortent le menu de « Failed States Index ». Donc l'indicateur de référence est beaucoup plus de connotation politique qu'économique et sociale. Il va sans dire que les sous-indicateurs politiques ne sont pas tous réunis dans le cas de la Tunisie, mais on retiendra à ce propos la détérioration graduelle des services publics dont l'usage des agences de l'Etat au service des élites dominantes. Ainsi et selon l'indicateur de Foreign Policy, la Tunisie s'engouffre dangereusement aujourd'hui dans la zone d'alerte orange. Faut-il revoir le processus de transition démocratique pour ne pas retomber dans un système monocratique ? Pour conclure, il faut dire que malgré le retard observé dans le loti classement annuel de « Foreign Policy », la Tunisie se trouve mieux que ses voisins. En effet et malgré les circonstances critiques que traverse le pays, la Tunisie a la consolation de supplanter et de damer le pion à l'Algérie et au Maroc respectivement classés 77ème et 87ème. L'Egypte et la Libye font partie de la zone d'alerte rouge en occupant respectivement les 32ème et 50ème rangs. Rappelons que plus un pays est proche de la 1ère place plus il est considéré comme un pays instable. Maintenant croisons les doigts pour que notre pays sorte du cercle de turbulences et dépasse les barrières socio-politiques et économiques pour d'édifier les bases d'une réelle transition démocratique loin des insidieux calculs politiciens.