Le nouveau parti politique « Nida Tounes » dirigé par Béji Gaïed Essebsi focalise depuis sa création beaucoup d'attention de la part des Tunisiens notamment du côté de ceux qui le considèrent comme un adversaire politique. Cet intérêt prend des fois des sinuations le moins qu'on puisse dire aux relents inquisitoires à l'adresse non seulement de son fondateur, mais aussi à l'égard de ses dirigeants et ses sympathisants qui ne sont pas encore connus. Quoi qu'il en soit la polémique née de la naissance de ce parti ne fait que commencer et va prendre à n'en point douter de l'ampleur avec la mise en place des structures, notamment régionales et locales de ce parti.
Les incidents qui ont émaillé la réunion des femmes de « Nida Tounes » à Sfax et ceux de Testour lors de la mise en place de la structure locale de cette ville en disent long sur l'état d'esprit des adversaires de ce parti et des intentions qui les animent à son égard. Mais le plus marquant dans cette polémique demeure l'affirmation que ce parti n'est qu'une nouvelle version de l'ancien Destour et du R.C.D Qu'en est-il au fait du degré de véracité de ce qui s'apparente à une accusation plutôt qu'à un constat objectif qui essaie de positionner ce parti au sein de la carte politique du pays ?
Aujourd'hui et après la publication des listes des personnalités composant l'Instance exécutive et l'Instance élargie, communiquées le 20 septembre, on peut dire que les Tunisiens sont mieux éclairés sur ce parti : Idéologiquement « Nida Tounes » est inclassable, plusieurs courants politiques s'y trouvent représentés , les syndicalistes ont aussi une place de choix (Taïeb Baccouche est hiérarchiquement, le second homme après Béji Caïed Essebi), les hommes d'affaires ne sont pas du reste (certains d'entre-eux faisaient partie du R.C.D. et du Destour, mais il y en a d'autres qui n'y étaient pas), la société civile a sa part de représentativité au sein du parti et l'on sait très bien que ses activistes sont des indépendants dans leur majorité et certains d'entre-eux sont proches de la gauche progressiste et moderniste. La lecture attentive des composants des deux instances dirigeantes nous permet d'affirmer que les Destouriens et les Rcédistes, tous en étant présents sont toutefois minoritaires à « Nida Tounes » qui s'apparente plus à un mouvement ouvert à toutes les sensibilités idéologiques et politiques et aux représentants de la société civile et des organisations corporatistes sans distinction, ni contraintes idéologiques. Dire que ce « parti-mouvement comme l'avait défini son fondateur » est l'héritier du Destour, c'est vraiment aller trop vite en besogne pour ne pas dire faire preuve de légereté à l'encontre du Tunisien en l'induisant en erreur. Boujemâa R'mili, Taïeb Baccouche, Abdelmajid Sahraoui, Mohsen Marzouk, Abdelaziz Mzoughi, Lazhar Karoui Chebbi, Tahar Ben Hassine et autres Adel Chaouech, ou Khemaïes Ksila on ne leur connaît pas de passé destourien ou rcédiste.
C'est pour dire que ce parti encore en construction est loin d'être une copie du parti qui a mené la lutte de libération et qui a gouverné le pays pendant plus de trente ans et son dérivé le R.C.D. qui a dominé la scène politique vingt ans durant. La rivalité politique est une chose, la calomnie en est une autre, même si parmi les destouriens et les Rcédistes il faudrait faire la part des choses pour séparer le bon grain de l'ivraie, et ceci n'en déplaise à beaucoup de gens est valable pour toutes les formations politiques en Tunisie nées avant et après le 14 janvier 2011 comme ailleurs.