Jacques Chirac, dans ses mémoires disait qu'il « avait un jour conseillé à un jeune ami rival politique de sa région la Corrèze d'éviter de citer à répétition le nom de son ennemi, sinon tu lui ferais de la publicité gratuite ». Le rival politique dont parlait l'ancien président français n'est autre que François Hollande l'actuel locataire de l'Elysée. Ce qu'avait dit Jacques Chirac au futur président français n'a sans doute pas tenu l'attention de nos politiques qui ont eu l'occasion de lire ces mémoires, même si nous sommes convaincus qu'ils ne dépassent pas le nombre des doigts d'une main, parce que tout simplement on ne lit que trop peu dans nos contrées ; Là ce n'est pas notre sujet, mais ce qui nous a donné la puce à l'oreille pour nous rappeler ce conseil c'est cet acharnement sans bornes de la part de nos politiques les uns contre les autres. La diabolisation du rival politique n'a jamais atteint un niveau aussi bas avec les accusations fusant de partout pour abattre celui dont les idées dérangent ou sont à l'opposée de ce qu'on prône. Cette diabolisation qui est devenue l'arme préférée – semble-t-il – des représentants des partis politiques tunisiens peut avoir deux effets contradictoires, mais dont l'aboutissement est le même. Elle prend le risque de diviser le pays en au moins deux courants ennemis. Le différend initialement d'ordre idéel et idéologique peut dégénérer en conflit ouvert où tous les moyens peuvent être utilisés pour intimider ou même chercher à se débarrasser de ceux du camp d'en face. Les prémices d'un tel dérapage sont aujourd'hui réelles. Les agressions commises ça et là et qui se sont multipliées ces derniers temps montrent si besoin est qu'on est prêt à user de la violence pour neutraliser ceux avec qui on ne partage pas la même vision politique. Il y a eu déjà une victime, et il n'est pas exclu de voir tomber d'autres, d'autant que le discours haineux est loin de s'estomper pour laisser la place à la raison. Au vu de ce qui se passe il y a fort à parier que la Tunisie est entrée en plein dans la zone des turbulences et qu'elle ne s'en sortira pas de sitôt, surtout s'il se confirme que des armes circulent dans plusieurs coins du pays et que le moment venu ceux qui en sont possesseurs n'hésiteront pas à en user. Et c'est là où réside tout le danger qui guette ce beau pays aujourd'hui sur une vraie poudrière en raison du dogmatisme et du fanatisme d'une minorité de ses habitants qui vivent dans un autre monde. Par ailleurs, cette diabolisation est loin de servir ceux qui en font leur arme préférée pour abattre leurs adversaires politiques. Elle pourra facilement se retourner contre eux. Et cela pourrait être encore plus fatal pour le pays surtout si on est aujourd'hui au pouvoir. Plus on ressent la menace de perdre ce pouvoir planer plus on se raidit pour s'y maintenir. Ceci fera inéluctablement le lit d'une nouvelle dictature. Car, il est évident que celui qui choisit d'utiliser les règles du jeu démocratique au niveau du verbe pour verser carrément dans l'insulte donne les gages de sa détermination d'aller jusqu'au bout de sa logique destructrice. Beaucoup d'indices montrent qu'en Tunisie et du côté de nos politiques qu'on est prêt à franchir ce pas fatidique menant tout droit vers l'inconnu. S'aura-t-on éviter cette descente aux enfers ? Attendons pour voir.