Une autre victime de la violence barbare vient s'ajouter à une liste qui ne fait que s'allonger. Cette fois-ci, il s'agit de Wissem Ben Slimen, chef de la brigade de la sécurité publique relevant de la garde nationale (district de La Manouba) agressé le deuxième jour de l'Aïd. Les agressions contre des agents de sécurité se sont multipliées dans plusieurs régions du pays. On parle de près de 600 agents de la sécurité agressés en 3 mois.
La Voie Démocratique et Sociale, plus connue sous le nom Al-Masssar a dénoncé cet acte de violence. Elle rappelle qu'il s'agit d'une opération faisant partie de tout un cycle de pratiques violentes orientées contre des citoyens et des activistes politiques ou de la société civile. « Ces violences prennent un tournant grave en prenant pour cible les forces de sécurité », lit-on dans un communiqué publié hier. Al-Massar dénonce toutes les formes de violence qu'elles soient l'œuvre de groupuscules salafistes, ou de comités de protection de la Révolution. Al-Massar demande la prise de mesures urgentes nécessaires et la protection des agents de sécurité lors de l'exercice de leurs fonctions. C'est une condition nécessaire pour avoir une sécurité républicaine. Il rappelle sa revendication de dissoudre les comités de protection de la Révolution à cause de leurs appels répétés à la haine et à l'exclusion de tous ceux qui ne partagent pas leurs points de vue. Les milices exerçant la violence au nom de la Religion doivent être dissoutes.
Al-Massar réitère son appel aux forces démocratiques pour qu'elles s'unissent contre la violence dans le but de sauvegarder la transition démocratique.
Le 14 septembre dernier, l'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis en Tunisie a été accompagnée d'agressions contre les agents de sécurité. Le 18 octobre Lotfi Naguet, militant de Nida Tounès à Tataouine, a été agressé jusqu'à passer de vie à trépas par des manifestants voulant « nettoyer » la ville des Rcdistes. Dans cette atmosphère hostile et grave augurant de mauvais présage pour le pays qui peut s'installer dans une crise larvée, une initiative vient de voir le jour initiée par le Centre de Recherche islamique et démocratique dirigé par Radhwene Masmoudi.
En forme de pétition signée par plusieurs partis politiques, militants et représentants de la société civile, elle a été lancée avant les évènements de Tataouine. Son contenu pourrait servir de plateforme à asseoir une véritable quiétude. Elle soutient la paix civile et cherche à protéger la transition démocratique.
Ses signataires rappellent que la Tunisie passe par une période très délicate dans son histoire. C'est une période dans laquelle le peuple tunisien et tous ceux qui avaient soutenu sa Révolution tiennent à ce qu'il réussisse l'expérience de mise en place d'un régime politique fondé sur la justice, le respect des Droits de l'Homme, la dignité et la liberté... Les espoirs sont grands. De larges franges sont optimistes. Toutefois, la crainte que le processus démocratique ne soit brisé est toujours menaçante. Les dangers sont nombreux. Notamment, la violence de certaines forces extrémistes.
Dans cette pétition, les signataires, estiment que le plus grand danger qui guette la Révolution consiste à entraîner le pays dans le cercle vicieux de la violence, comme le souhaitent les forces contre-révolutionnaires. On relève dans cette pétition : « Cette violence est alimentée par des parties qui ne se sont pas adaptées au climat de liberté. Une image négative dont a été étiquetée notre Révolution et notre peuple, chose qui rend encore plus difficile l'action de développement souhaité pour rattraper les opportunités ratées durant les années de corruption et de dictature et durant la période difficile qu'a connue le pays après la Révolution. » L'attaque contre l'ambassade des Etats-Unis, le 14 septembre dernier est considérée comme la sonnette d'alarme qui appelle à une attitude sérieuse et énergique conte tous ceux qui appellent à la violence ou la pratiquent. La violence n'a aucune raison d'être quelles que soient les provocations et les exactions. Ceux qui ne respectent pas la loi ne doivent pas bénéficier de l'impunité. Des garanties doivent être données pour des procès équitables.
Tout en exprimant leur solidarité avec le peuple américain, ils apprécient l'unanimité de tous les partis politiques et les composantes de la société civile à dénoncer la violence. Ils soutiennent les structures étatiques et les institutions sécuritaires et militaires, tout en appelant à intensifier les programmes éducatifs et culturels diffusant les valeurs de paix, de démocratie et de tolérance. Ils appellent à l'apaisement du climat général, en arrêtant la diffusion de discours haineux. Par la même occasion les signataires de la pétition appellent les partenaires de la Tunisie, l'Union européenne et les Etats-Unis à accélérer et intensifier leur appui à l'économie tunisienne et à la transition démocratique pour un développement équitable et global répondant aux aspirations du peuple.
Les signataires de cette pétition proviennent de plusieurs partis politiques et associations de la société civile. On y trouve des dirigeants d'Ennahdha, d'Al-Joumhori, d'Ettakatol, de Nida Tounès, des universitaires comme Iyadh Ben Achour, ancien président de la Haute Instance de Sauvegarde de la Révolution et de la Transition Démocratique, des membres de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), Slaheddine Jourchi, Saïda Akremi, parti El Majd, le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT)...
Yassine Brahim, secrétaire exécutif au parti Al-Joumhouri, a déclaré sur les ondes de Mosaïque FM, que « dans le cadre de la transition démocratique, il faut s'éloigner de la violence. La pétition a été signée avant que ne surviennent les malheureux évènements de Tataouine. La violence physique est le résultat de la violence contenue dans le discours politique. La violence est inacceptable dans la compétition politique. Les divergences ne doivent pas être un prétexte à la violence. Même la violence verbale est inacceptable. Il faut accepter l'autre, sans exclusion. Quant au passé, il faut le traiter à travers la justice transitionnelle ».