Les membres directeurs du Club de la Nouvelle d'El Ouardiaa ont organisé une table ronde au Palais de la Foire du Kram dans le cadre de la 29ème session de la Foire internationale du livre sur la situation de la nouvelle littéraire en Tunisie. Animée par Ahmed Memmou, cette table ronde a regroupé un certain nombre d'écrivains : Bouraoui Agina, Youssef Abdelati, Rachida Charni, Ridha Ben Salah, Hafidha Karabibène et Besma Chaouali.
D'emblée, les participants ont rappelé que le groupe Taht Essour et la génération d'entre les deux guerres avaient nourri une production foisonnante dans le domaine de la nouvelle, soit près de 300 recueils à l'époque, contre 200 depuis l'indépendance et seulement 50 lors de la dernière décennie. Précisant encore à ce sujet que la génération pionnière ne disposait pas d'autres supports médiatiques que la presse écrite et la radio, et avait fait émerger sur la scène littéraire tunisienne environ une trentaine d'auteurs de renom dont Ali Douagi, Mohamed Laâribi etc.
Parmi les problématiques liées à la nouvelle, on cite l'édition et son financement. Le Club déplore, par exemple, le fait que certaines anthologies n'aient pu être éditées faute de moyens, sachant que le ministère de la Culture ne peut à lui seul financer tous les ouvrages qui lui sont proposés.
Les intervenants ont reconnu à Salah Guermadi et à Taoufik Baccar le mérite d'avoir largement fait connaître aux publics tunisien et étranger de nombreux noms de la littérature tunisienne, ainsi que Ridha el Kouni dont l'ouvrage Nouvelles de Tunisie consacre une bonne cinquantaine de nouvellistes de notre pays.
Un autre problème, et non des moindres, est lié aux auteurs des anthologies des écrivains tunisiens à qui il leur est reproché leur tendance au copinage, faisant en sorte que seuls les amis paraissent dans ces anthologies au détriment d'autres passés sous silence injustement. Or, les intervenants insistent sur le fait que les auteurs responsables d'une anthologie se doivent de plus d'intégrité et de connaissance de l'ensemble ou du moins la majorité des grands auteurs tunisiens pour éviter l'exclusion arbitraire, et surtout se prémunir de plus d'objectivité possible. Autrement dit, ne pas privilégier les amitiés et les relations proches ainsi que les goûts personnels qui peuvent porter préjudice à ces travaux.
Pour terminer, les intervenants ont noté la situation peu reluisante de la lecture en Tunisie aidés en cela par l'audiovisuel qui a joué négativement contre la lecture. Pire « même l'écrivain ou le nouvelliste n'est même pas tenté de prendre connaissance de la production de ses collègues », a avoué l'un des participants.
Créé en 1966 avec une publication plus ou moins régulière intitulée Qassass, le Club de la Nouvelle d'El Ouerdia a édité 161 numéros, et continue d'organiser un colloque annuel à l'issue duquel est décerné le prix de la nouvelle de l'année. Le Club compte à ce jour, quelque 120 noms parmi les nouvellistes et les romanciers reconnus. Autre mérite de ce Club, il est le premier à donner aux femmes la chance d'être publiées.