De nombreux Tunisiens ont poussé un ouf de soulagement après la décision prise par l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) consistant en l'annulation de la grève générale prévue pour hier. Certains considèrent qu'il s'agit d'une décision judicieuse et sage, car l'intérêt de la Tunisie a primé d'abord, surtout en ce moment très délicat où le système sécuritaire est très fragile. En revanche, d'autres observateurs n'ont pas salué cette décision. Ils étaient même déçus. Il fallait observer la grève générale pour faire passer un message direct aux responsables des actes de violence perpétrés contre les structures et les militants de l'UGTT. Les universitaires qui étaient présents le 12 décembre à la Faculté d'Economie et de Gestion à Tunis, lors d'une réunion organisée par la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (FGESRS) ont exprimé clairement leur position. Ils étaient tous contre l'annulation de la grève générale. Mais le fait est là : ils n'ont qu'à faire avec. D'ailleurs, d'autres universitaires considèrent que c'est une décision sage. Certains déclarent que la lutte continue et qu'il ne s'agit même pas d'une annulation. C'est plutôt un report déguisé, déclare Houcine Boujarra, le Secrétaire général de la FGESRS.
Houcine Boujarra, secrétaire général de la Fédération Générale de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique «Un report déguisé» «Nous sommes pour le report de la grève. Nous avons exprimé la position des universitaires lors de la réunion de la Commission administrative. D'ailleurs, l'UGTT a opté pour cette décision que nous considérons comme un report déguisé, car il a été décidé de former une commission d'enquête lors des dix prochains jours pour qu'elle remette, après un mois, un rapport expliquant les événements survenus et désignant ceux qui en sont responsables. Les syndicalistes diront leur dernier mot ».
Sami Aouadi, universitaire et syndicaliste « La lutte continue » « Nous aurions préféré une position conforme aux attentes des universitaires. Mais nous allons respecter les décisions de la commission administrative. En fait, la lutte continue et il y aura d'autres échéances. D'ailleurs nous allons attendre les résultats de l'enquête. Sinon, nous allons revendiquer des positions fermes pour protéger le pays contre la violence ».
Nizar Ben Salah, universitaire et syndicaliste «Une décision sage» « Je pense que c'est une décision sage. L'UGTT a accordé une priorité à l'intérêt du pays. L'annulation de la grève est une grande décision. Cette grève aurait pu ébranler la structure de l'Etat dans un contexte où le système de sécurité est très fragile. Par ailleurs, l'Union Générale des Travailleurs Tunisiens a fait l'objet d'une campagne de dénigrement qui a pour objectif de renier son rôle politique. Mais en signant cet accord, l'UGTT est devenue un partenaire de premier ordre dans les grands équilibres du pays. C'est une sortie honorable qui met en évidence l'UGTT en tant que grande organisation syndicale. Mieux encore, l'annulation de la grève permettra de mettre sur la table le dossier de la violence pour qu'il soit débattu ouvertement ».