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«Mon cousin ! Ce héros !»
L'officier Anis Jlassi, 26 printemps, mort pour la patrie
Publié dans Le Temps le 16 - 12 - 2012

«Comment se fait-il qu'il ne soit pas protégé par un gilet pare-balles ?»
Il avait à peine 26 ans et est l'aîné d'une famille qui portait tous ses espoirs sur les frêles et solides épaules de leur progéniture Anis Jlassi.
Anis était mort en mission, protégeant sa partie contre l'ennemi occulte et armé jusqu'aux dents. Un épilogue tragique mais homérique qui mettait fin à une jeune carrière de chef de poste frontalier sis à Bouchebka, gouvernorat de Kasserine.
A peine deux ans de carrière, que le trépas était au rendez-vous. Des personnes suspectes lui ont pillé le droit à la vie et ont ravagé tous les vœux de ses parents.
Pour mieux comprendre ce qui s'est passé et connaître le défunt et vaillant officier de la Garde nationale, Anis Jlassi, Le Temps a contacté son cousin et très proche ami Pr. Abdallah Jlassi.
Le Temps : pourriez-vous nous parler de Feu Anis Jlassi ? Ses études, sa famille, ses rêves.
Abdallah Jlassi : il est né le 13 août 1986. Aîné d'une famille de quatre enfants, il a dû interrompre ses études au bout de sa deuxième année d'études supérieures à l'ISET de Kairouan. Après un Bac Economie Gestion, il rêvait d'une belle carrière professionnelle pour assurer une vie digne à sa famille et s'assurer un bel avenir ; mais pas avant d'avoir achevé ses études. Or, les conditions de plus en plus dures de la vie ont fait qu'il se décide de s'arrêter après l'obtention du duel et de se porter candidat au concours des officiers de la Garde nationale.
Après avoir clôturé avec succès son stage à l'école des Officiers et ayant eu son grade, où a-t-il été placé?
Après avoir eu le grade d'officier de l'école des officiers de Bouficha en 2009, Anis était parti travailler aux postes frontaliers les plus sensibles durant deux ans entre 2009 et 2011 où il était en mission au Poste Saharien de Hidra. Durant les moments de grande instabilité et de violence, ayant eu lieu en Tunisie, entre 2010/2011, il était sur les frontières. C'était des jours durs pour sa famille qui avait peur pour leur progéniture.
Depuis quand a-t-il été placé au poste de Bouchebka, gouvernorat de Kasserine ?
Pour son sérieux, sa vaillance, son assiduité et ses compétences professionnelles, il a été nommé Chef de poste à Bouchebka. On était au mois de juillet 2012 et il a reçu durant les deux premières années de travail plusieurs gratifications suite aux poursuites de contrebandiers, de groupes armés et pour bien d'autres périples périlleux. La situation sécuritaire est toujours autant précaire et dangereuse jusqu'à ce qu'elle lui coute la vie. Il n'avait que 26 ans et l'unique espoir et source de vie de sa famille.
Comment vous-est parvenue la triste nouvelle ?
J'étais le premier à le savoir. Quand la nouvelle nous est parvenue, on pensait d'abord qu'il a juste été touché par balle à l'épaule. On était lundi 10 décembre. Il était en congé et a repris le jeudi d'avant. Anis venait d'achever les travaux de rénovation et la peinture du domicile familial. Au départ, c'est un proche qui nous a appelés pour nous informer de ce qui s'est arrivé. Mon cousin a été transféré à l'hôpital régional de Kasserine. Etant médecin, j'ai appelé un de mes confrères qui exerce dans ledit hôpital, afin de vérifier la véracité de l'information. Malgré toutes nos appréhensions, on n'a jamais cru qu'il serait déjà décédé. Mon confrère m'a assuré qu'ils ont bien reçu un officier de la garde nationale, touché par balle à l'épaule et que ce dernier a succombé à sa blessure malgré tous les soins médicaux et son très jeune âge.
Quelle version des faits avez-vous entendu ?
Selon les premières analyses, Anis était accompagné d'une troupe de la garde nationale et de l'armée pour effectuer une opération de ratissage afin de vérifier une information qui circule sur des potentiels hommes armés. Ils (les agents de la garde nationale et de l'armée) se seraient divisés en deux groupes. Anis les devançait. Les suspects étaient invisibles et Anis allait, d'après ce que ses collègues m'ont dit, s'accroupir pour se protéger quand il a reçu la balle par derrière.
Avez-vous pu voir le corps et identifier le type de blessure qu'il a reçue ?
Non, c'est mon frère qui a reconnu le corps. Quant à la blessure et d'après le médecin légiste, il s'agit d'une balle qui l'a transpercé, de manière très oblique, par derrière au niveau de l'omoplate gauche avec une petite pointe d'entrée et une autre plus large à la sortie. Il a été pris au dépourvu. Anis a été lâchement agressé !
Durant ces jours de deuil, avez-vous été soutenu par la société civile et les responsables politiques ?
On a reçu en visite de condoléances les hauts responsables politiques, tels que le ministre de l'Intérieur, Ali Laârayedh, le Président de la République, Moncef Marzouki, le Chef du Gouvernement, Hammadi Jebali et le Chef d'Etat Major des armées Rachid Ammar. Les représentants de l'UGTT, de l'ANC, de la société civile et un grand nombre de ses collègues de la garde nationale, de la police, de l'armée et des institutions pénitentiaires étaient venus en nombre nous présenter leurs condoléances et assister aux funérailles.
Dans quel état se trouve, aujourd'hui, la famille du défunt Anis ?
C'est l'état d'une famille qui vient de perdre tragiquement son aîné, son espoir, son ultime soutien. Les parents d'Anis sont âgés, la mère est cardiaque et le père un ancien employé retraité. Leurs trois enfants, deux garçons et une fille étaient entourés et épaulés par leur frère aîné qui a interrompu ses études universitaires pour leur permettre à eux d'achever les leurs. Aujourd'hui, qu'il est parti, sa sœur poursuit ses études à l'ISET où Anis était, celle de Kairouan, son frère Aymen a à peine un an de moins que lui, est technicien supérieur mais est au chômage. Le benjamin de la famille, Anouer n'a que 17 ans et est 2ème année secondaire. Comment arriveront-ils à réaliser le rêve de leur héros de frère aîné, maintenant qu'il est parti à jamais ? Qui subviendra aux besoins de cette famille ? Une autre question me taraude l'esprit : pourquoi ne portait-il pas de gilet pare-balles ? Est-ce parce qu'ils n'en ont pas au poste de Bouchebka ? Ou bien, dans la précipitation, ils sont sortis sans se munir de leurs gilets ? Chose qui est peu probable pour ces agents experts. Il faudra que l'Etat prenne en charge cette famille qui a donné malgré elle, comme offrande, son seul espoir.


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